Quels ont été vos films préférés de l’année, parmi ceux sortis en salles ou découverts en festivals ? Près de 40 de nos interlocutrices et interlocuteurs parmi celles et ceux interviewé.e.s en 2024 nous ont parlé de leurs coups de cœur. Côté longs métrages, c’est The Substance de Coralie Fargeat qui arrive en tête, tandis que parmi les courts, c’est Al sol, lejos del centro du duo chilien Luciana Merino & Pascal Vivero qui est le plus cité. Découvrez leurs réponses ci-dessous !
Miséricorde. J’aimais déjà les précédents films d’Alain Guiraudie mais j’ai trouvé le mélange des genres et des registres parfaitement imprévisible. Quelle maestria dans sa manière de passer du suspens à l’érotisme puis à l’ironie.
• L’Indienne Payal Kapadia a réalisé All We Imagine as Light, qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes avant de sortir en salles cet automne.
Voici 10 films qui continuent de m’habiter, présentés dans l’ordre alphabétique et accompagnés de quelques notes.
All We Imagine as Light, de Payal Kapadia, pour son regard tendre.
Cent mille milliards, de Virgil Vernier, pour élargir la définition de ce qu’un film a le droit d’être.
N’attendez pas trop de la fin du monde, de Radu Jude, pour avoir touché un point sensible bien particulier : les performances de Dorina Lazăr et Ilinca Manolache, les heures de travail interminables, les paillettes de la robe à sequins, un Bucarest que je ne reconnais que trop bien.
La Chimère, d’Alice Rohrwacher. Les actrices Carol Duarte, Lou Roy-Lecollinet et Isabella Rossellini incarnent la beauté et l’anarchie du film
Ludwig: Power Inferno, d’Anton Bialas. Une utopie dans la forme comme dans l’esprit.
Miséricorde, d’Alain Guiraudie. Un seul mot : ICONIQUE.
Moon, de Kurdwin Ayub, pour son ton grinçant et la performance puissante de la chorégraphe et réalisatrice Florentina Holzinger.
Razeh-del, de Maryam Tafakory. Le cinéma nous aimera-t-il en retour un jour ?
Sweet Dreams, d’Ena Sendijarević, pour son charme décalé et son insoumission.
Viet and Nam, de Trương Minh Quý. La délicatesse possède sa propre force.
• La Roumaine Xandra Popescu a réalisé le court métrage On the Impossibility of an Homage. Ce film a été sélectionné en compétition au Festival de Locarno.
Memoria d’Apichatpong Weerasethakul.
• Le Vietnamien Trương Minh Quý a réalisé Viet and Nam. Ce film est sorti en salles cet automne après son passage au Festival de Cannes.
La Voyageuse de Hong Sangsoo. Comme tous les films de Hong Sangsoo que j’aime, ce film offre une expérience intellectuellement stimulante et délicieuse, qui se construit petit à petit. Dans un monde chaotique, regarder ce film donne l’impression de s’immerger dans un étang profond, calme et apaisant. En regardant ce long métrage, j’ai eu le sentiment que Hong Sangsoo n’avait rien perdu de sa spontanéité et de sa sincérité.
• La Chinoise Wenqian Zhang a réalisé le court métrage Remains of the Hot Day, qui a été dévoilé en compétition à la Berlinale.
Me viennent à l’esprit L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, Le Dernier des juifs de Noé Debré, et peut-être même Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, trois films très différents qui sont si je suis tout à fait honnête ceux qui m’ont le plus ému cette année. Il est toujours difficile de rationnaliser une émotion a posteriori mais ce sont peut-être les trois films que j’ai vus qui sondent le plus purement la question de la dignité face à la mort et aux difficultés parfois indépassables de la vie.
• Le Français Guil Sela a réalisé le court métrage Montsouris. Dévoilé à la Semaine de la Critique, ce film figure dans la présélection courts des César.
Anora ! C’est un équilibre en or entre tragédie et comédie, un film infiniment vivant, palpitant, déchirant et réalisé avec une immense compassion. Sean Baker sera toujours une source intarissable de plaisir.
• L’Australo-Ethiopienne Ruth Hunduma a réalisé le court métrage The Medallion. Primé au Festival de Clermont-Ferrand, ce film a fait partie du programme Résistances qui a circulé en salles cet automne.
Mémoires d’un escargot, un film d’animation très différent du mien et qui montre bien à quel point le cinéma d’animation peut être extrêmement divers. J’ai aimé le sens de l’humour très singulier dont le film fait preuve. A Cannes, j’ai également beaucoup aimé My Sunshine et Blue Sun Palace.
• Le Letton Gints Zilbalodis a réalisé le film d’animation Flow. Dévoilé au Festival de Cannes, ce film cumule actuellement près de 500.000 spectatrices et spectateurs en France.
Flow et Perfect Days.
• L’Italienne Veronia Martiradonna a réalisé le court métrage d’animation Supersilly, sélectionné à la Semaine de la Critique.
Bien sûr, il y a beaucoup de films cette année que je n’ai pas encore vus, mais j’ai hâte de les voir. Voici les films préférés que j’ai vus au cinéma cette année, sans ordre particulier :
Dahomey, Mati Diop
Henry Fonda for President, Alexander Horwath
Cuando las nubes esconden la sombra, José Luis Torres Leiva
Algo nuevo, algo viejo, algo prestado, Hernan Roselli
Cidade; Campo, Juliana Rojas
A Fidai Film, Kamal Aljafari
• Le Chilien Pascal Viveros a co-réalisé avec Luciana Merino le court métrage Al sol, lejos del centro, qui a été dévoilé en compétition à la Berlinale.
| Veronika Franz & Severin Fiala
Veronika Franz : J’ai revu récemment Conversation secrète de Coppola et j’ai été frappée par sa modernité. Il avait déjà tout compris à ce que l’on n’appelait pas encore les réseaux sociaux, et il avait déjà conscience que l’humain n’était pas du tout fait pour ça. Pour moi, c’est le meilleur film sur l’époque actuelle. Quant aux films réellement faits en 2024, mon préféré est Le Dossier Maldoror de Fabrice du Welz.
Severin Fiala : Je prend énormément de plaisir à voir des classiques et des films anciens, et généralement pas beaucoup de plaisir à voir des nouveautés. Mon visionnage préféré de l’année fut donc La Ballade de Narayama de Shohei Imamura et parmi les films de 2024, j’ai aussi beaucoup aimé Le Dossier Maldoror.
• Le duo autrichien Veronika Franz & Severin Fiala a réalisé The Devil’s Bath. Primé à la Berlinale, ce film est sorti en salles cet automne. The Devil’s Bath figure dans notre dossier consacré aux films qui sont sortis des sentiers battus cette année.
18 films mémorables en prise de vue réelle, documentaires ou d’animation, datant de 2023 ou 2024, sans ordre particulier.
YANA-WARA (2023, Pérou, de Tito Catacora et Oscar Catacora)
Anora (2024, Etats-Unis, de Sean Baker)
La Convocation (2024, Norvège, de Halfdan Ullmann Tøndel)
A Different Man (2024, Etats-Unis, de Aaron Schimberg)
The Substance (2024, Etats-Unis, de Coralie Fargeat)
Will & Harper (2024, Etats-Unis, de Josh Greenbaum)
Daughters (2024, Etats-Unis, d’Angela Patton et Natalie Ray)
Los Hiperbóreos/The Hyperboreans (2024, Chili, de Cristóbal León et Joaquín Cociña)
East of Noon (2024, Egypte, de Hala Elkoussy)
Knit’s Island (2023, France, d’Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’Helgouac’h)
Desert of Namibia (2024, Japon, de Yoko Yamanaka)
20 Days in Mariupol (2023, Ukraine, de Mstyslav Chernov)
La Zone d’intérêt (2023, Royaume-Uni/Etats-Unis/Pologne, de Jonathan Glazer)
Kinds of Kindness (2024, Etats-Unis, de Yorgos Lanthimos)
Children of the Bird (2024, Hongrie, de Julia Tudisco)
Wander to Wonder (2023, Pays-bas, Belgique, de Nina Gantz)
O/S (2023, Hong Kong/Allemagne, de Max Hattler)
Dear Humans (2023, Indonesie, de Joo Peter)
• Le Japonais Koji Yamamura a réalisé le court métrage d’animation Extremely Short, qui a été dévoilé à la Quinzaine des Cinéastes.
• L’Américaine Renee Zhan a réalisé le court métrage Shé (Snake) qui a été montré entre autres aux festivals de Toronto, Neuchâtel et La Roche-sur-Yon.
Un oiseau contre une vitre, des gens voient le diable dans les nuages, de Ladji Diaby. Alors oui, très peu de gens l’ont vu. Mais c’est vraiment le geste, la forme, bref le film qui m’a le plus marqué cette année.
• Le Français Virgil Vernier a réalisé 100.000.000.000 (Cent mille milliards). Sélectionné en compétition à Locarno, ce film est actuellement en salles.
Il y a un film qui m’a bouleversé, que j’ai vu à Locarno, c’est La Passion selon Béatrice. Fabrice Du Welz est un auteur de films de genre habituellement assez trash et là il a fait un documentaire extrêmement émouvant sur Béatrice Dalle et son amour pour Pasolini. Lors d’une scène, on la voit pleurer dans un cinéma devant L’Evangile selon saint Matthieu, et devant ce documentaire j’ai moi-même pleuré plusieurs fois. Dans un style complètement différent, je citerais également Les Reines du drame d’Alexis Langlois, que j’ai trouvé extrêmement joyeux. Ça fait du bien au cinéma français. Je suis très fan de Greg Araki, c’est un cinéaste qui m’inspire énormément dans ses lumières, dans les corps qu’il filme, et j’ai retrouvé ça dans Les Reines du drame, sans que le film se contente d’être une pâle copie.
• Le Français Maxime Jean-Baptiste a réalisé Kouté vwa. Ce long métrage a été sélectionné entre autres au Festival de Locarno et au Festival des 3 Continents.
Vous m’avez invitée à parler cette année de Une grande roue au milieu du désert, un film-transmission de témoignage qui m’a amenée à me poser des questions autour de la parole; celle du cinéaste et celle du témoin; et sur la frontière avec la fictionnalisation. Mon intérêt a donc rencontré un court métrage à la forme sur mesure, ouverte et prête à se remettre en question : Mon voisin Abdi de Douwe Dijkstra ; ainsi que les longs métrages documentaires Bye Bye Tibériade de Lina Soualem et Dahomey de Mati Diop qui chacun, bien qu’abordant des sujets différents, posent à nouveau ces questions et proposent des pistes pour poursuivre la réflexion.
• La Française Lénaïg Le Moigne a réalisé le court métrage d’animation Une grande roue au milieu du désert. Ce court a été montré entre autres au Festival National du Film d’Animation de Rennes.
Je me rends compte en vous écrivant que les derniers films qui m’ont bouleversée sont réalisés par des femmes. Je voudrais vous répondre : Amà Gloria de Marie Amachoukeli, Aftersun de Charlotte Wells et Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania.
• La Française Mathilde Bédouet a reçu le César du meilleur court métrage d’animation pour son film Été 96.
Grandmamauntsistercat de Zuza Banasińska
Une recontextualisation merveilleusement ludique et intime du regard institutionnel sur les réalités sociopolitiques en Pologne.
Love Lies Bleeding de Rose Glass
Absolument sous le charme de ce dénouement surprenant et de l’excellente interprétation de Katy O’Brian dans le rôle de la bodybuildeuse Jackie.
May December de Todd Haynes
Ce film m’a fait changer de perspective sur les personnages et les situations encore et encore au fil du récit. J’aime la complexité de l’intrigue et des personnages qu’il a créés.
Sans jamais nous connaitre d’Andrew Haigh
Je sais qu’une partie du public a eu des difficultés avec ce film, mais pour moi il y a une intensité émotionnelle qui submerge de manière stupéfiante.
• Originaire de Suède, Philip Ullman a réalisé le court métrage Preoperational Model. Ce film a été sélectionné entre autres à Rotterdam, à la Berlinale et à Annecy.
Courts:
detours while speaking of monsters, Deniz Simsek
Preoperational Model, Philip Ullman
Al sol lejos del centro, Luciana Merino, Pascal Viveros
Mast-del, Maryam Tafakory
Look on the Bright Side, Yuyan Wang
Coral, Sonia Oleniak
Certain Winds from the South, Eric Gyamfi
Longs métrages:
barrunto, Emilia Beatriz
N’attendez pas trop de la fin du monde, Radu Jude
Tú me abrasas, Matías Piñeiro
Cidade; Campo, Juliana Rojas
Une langue universelle, Matthew Rankin
Pepe, Nelson Carlo de Los Santos Arias
I’m Not Everything I Want to Be, Klára Tasovská
Shahid, Narges Kalhor
A Fidai Film, Kamal Aljafari
Classiques revisités:
Le Retour à la raison, Man Ray, (pas avec la bande sonore de 2023, mais avec un set de Kali Malone)
Mère Jeanne des anges, Jerzy Kawalerowicz 1961
A Girl with a Devil, Piotr Szulkin 1976
Essay, Andrzej Barański 1979
Et les films de Segundo de Chomón
• Originaire de Pologne, Zuza Banasińska a réalisé le court métrage Grandmamauntsistercat. Ce film a été sélectionné entre autres au Festival de Rotterdam et à la Berlinale.
Voici les films vus en 2024 auxquels je continue de penser :
May December de Todd Haynes
The Sweet East de Sean Price Williams
Apolonia, Apolonia de Lea Glob
Good One de India Donaldson
100 000 000 000 000 – cent mille milliards de Virgil Vernier
• La Française Claudia Marschal a réalisé le documentaire La Déposition. Dévoilé au Festival de Locarno, ce film est sorti cet automne en salles.
Cette année, le film qui m’a fait oublier où j’étais et qui j’étais en sortant du cinéma était Semaine sainte d’Andrei Cohn. Chaque image ressemblait à une peinture merveilleuse, et le film refusait de te laisser prendre parti : tout le monde était à blâmer, tout le monde méritait aussi de la compassion. Il illustre parfaitement jusqu’où la peur et la fierté peuvent nous mener : droit à notre perte. Dans un monde qui semble de plus en plus étroit et superficiel, oubliant les nuances de gris, ce film a été un véritable phare pour moi.
• L’Israélienne Mili Pecherer a réalisé le court métrage d’animation We Will Not Be the Last of Our Kind. Dévoilé en compétition à la Berlinale, ce film a été montré en France au Festival de La Roche-sur-Yon.
1. The Substance de Coralie Fargeat.
J’ai trouvé le film très divertissant ! Je n’ai aucun problème avec ses aspects gores (contrairement peut-être à une partie du public ?) – ils m’ont eu l’air élégants et m’ont évoqué la mise en scène de La Mouche de Cronenberg, mais faits d’une manière joliment contemporaine !
2. History is Written at Night de Alejandro Alonso Estrella
Mon court métrage préféré de la compétition Tiger Short au Festival de Rotterdam 2024, le film m’a ému par la vérité simple mais puissante de la dualité entre la lumière et l’obscurité, et par la façon dont les gens apprécient le manque de source de lumière de manière poétique. J’ai été renvoyé comme au début de l’univers en voyant le film.
• Le Thaïlandais Naween Noppakun a réalisé le court métrage Crazy Lotus, qui a été couronné au Festival de Rotterdam.
J’ai beaucoup aimé Fairytale de Sokourov. Il existe beaucoup de professionnels capables de faire des grosses productions excitantes mais Sokourov est l’un des cinéastes qui parvient encore à me surprendre, à proposer une manière entièrement neuve de faire du cinéma. J’ai déjà hâte de voir son prochain film.
• Le Russe Victor Kossakovsky a réalisé le documentaire Architecton. Primé à la Berlinale, ce film est actuellement dans les salles françaises.
Les Graines du figuier sauvage m’a vraiment bouleversée. J’ai trouvé ça très subtil et je n’ai fait que pleurer tout du long. Cela met en lumière cette absurdité qui broie l’esprit des gens qui font partie de ce mécanisme. Le film part dans une direction très inattendue, presque mystique tout en mélangeant des moments réels. C’est très fort.
• L’artiste française Cyrielle Gulacsy a réalisé la toile utilisée pour l’affiche du Festival de La Roche-sur-Yon.
Here de Bas Devos (Belgique) et Los Delicuentes de Rodrigo Moreno (Argentine), deux films qui ont en commun de ne répondre à aucun programme narratif. Qui prennent la tangente, ou des sentiers de traverse. Qui donnent l’impression de s’inventer sous nos yeux, dont l’errance et le goût de la liberté des personnages guident le film, plutôt que l’intrigue ou le scénario. Deux films qui font la part belle à la nature, aussi bien en Argentine que dans les faubourgs de Bruxelles, une nature qui s’invite dans le film comme une respiration inattendue. Du temps qui s’étire, des espaces non domestiqués, des havres de paix.
Ma vie ma gueule de Sophie Filière et Miséricorde d’Alain Guiraudie, deux films français indéfinissables en termes de genre et de sujet. Qui se permettent une audace narrative assez rare dans le cinéma français, et une diversité de tonalités, du burlesque à l’effroi, qui nous retiennent de les simplifier, de les résumer trop facilement. Deux films dont les personnages sont le plus souvent opaques à toute interprétation rationnelle, qui viennent pour notre plus grand plaisir démentir l’obligation scénaristique de toujours fournir des motivations aux personnages et des enjeux dramatiques clairement identifiés.
• Le Français Pierre Menahem a réalisé le court métrage Robespierre, qui a été sélectionné entre autres à Chéries-Chéris et a été primé récemment au Festival de Sarlat.
No Other Land
Un film incroyable sur l’amitié et l’occupation de la Cisjordanie en Palestine. Il est parfois d’une tristesse insupportable à voir, avec ces maisons palestiniennes démolies par l’armée israélienne, jour après jour, tandis que les protagonistes trouvent encore la force de résister. Alors que les Palestiniennes et Palestiniens sont chassé.es de leur village natal, une amitié difficile se développe entre les deux personnages principaux, un Israélien et un Palestinien. Deux mondes apparemment différents s’entrechoquent et deux réalités contrastées s’échangent. À regarder absolument, surtout maintenant !
On The Way
On The Way de Samir Karahoda est un bijou chaleureux dans un décor déprimant. C’est remarquable ce que le cinéaste a créé en un simple trajet en voiture. Une histoire pessimiste père-fils sur l’émigration des Kosovars vers les pays occidentaux. Il y a cet échange de rôles entre le père et le fils, où l’on ne sait jamais qui est l’adulte et qui est le plus pessimiste. Le tout est complété par un langage visuel particulièrement intrigant et un montage précis.
History is Written at Night
Un court métrage très poétique d’Alejandro Alonso Estrella sur une panne d’électricité à Cuba. Mystérieux et frais. J’ai adoré.
Le Retour du projectionniste
J’ai apprécié la légèreté de ce documentaire, la passion pour le cinéma et la douce amitié entre le projectionniste maintenant à la retraite et un jeune cinéphile. Ensemble, ils tentent de réparer un projecteur pour pouvoir projeter des films dans un village de banlieue en Azerbaïdjan. J’ai adoré le début du film. Spoiler visuel : sur une montagne enneigée, le vieil homme guide un cheval. Sur le cheval est assis un jeune homme avec un ordinateur portable. Le vieil homme demande : « et maintenant, avez-vous Internet ? »
J’aimerais également mentionner des films datant de 2023 :
And the Wind Weeps
Ce film me fait pleurer à chaque fois que je le regarde. Un travail incroyable de mon amie Aulona Selmani. Un film sur la guerre du Kosovo et l’incapacité à trouver justice. Un Kosovar âgé, vivant en Suisse, attend sans relâche d’être convoqué par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Alors que l’histoire tourne autour de ses douleurs, sa femme lui rappelle que les femmes ont aussi souffert et sont très souvent ignorées ou effacées de l’histoire. Chapeau à Aulona et à l’équipe.
Pauvres créatures
C’est un film très féministe pour moi, où une femme se libère des attentes de la société. Un plaisir visuel avec une musique inspirante.
Past Lives
Un beau film romantique qui va contre ce qu’on peut attendre des stéréotypes du genre.
Perfect Days
Un film doux et agréable sur la simplicité et le fait d’être autorisé à être lent dans un monde en évolution rapide. Parfois un peu trop romancé, mais le visage positif du personnage principal me donne un sentiment de bonheur comme si le Bouddha souriant s’était éveillé pour jouer ce rôle.
Anatomie d’une chute
Anatomie d’une chute est un film qui m’a tenu en haleine. Une histoire de « A-t-elle ou n’a-t-elle pas ». A-t-elle tué son partenaire ou non ? À travers certains aspects, le film m’a fait réfléchir à la vérité et à son interprétation.
La Zone d’intérêt
Depuis que j’ai vu Under The Skin de Jonathan Glazer, je pense que ce réalisateur est plus que digne d’être comparé à Stanley Kubrick. Avec La Zone d’intérêt, je peux confirmer que la comparaison est justifiée. Un film très puissant sur la banalité du mal. Spécial dans toutes ses directions, obsédant et audacieux. Tout aussi audacieux que le discours de Jonathan Glazer après avoir reçu l’Oscar du film étranger.
• Le Kosovar Ilir Hasanaj a réalisé le court métrage Workers’ Wings, qui a été couronné au Festival de Rotterdam.
Voici quelques courts métrages d’animation que j’ai appréciés cette année : Soleil gris de Camille Monnier, Les Belles cicatrices de Raphaël Jouzeau et La Voix des sirènes de Gianluigi Toccafondo.
• Le Français Éric Briche a réalisé le court métrage d’animation Volcelest, qui a été dévoilé en compétition au Festival de Cannes.
Cette année j’ai découvert la série Tout va bien, de Camille de Castelnau, et j’ai tellement aimé ! C’est très frais malgré le sujet assez lourd de la maladie d’un enfant.
En long je dirais American History X de Tony Kaye… je ne sais pas pourquoi je ne l’avais pas vu avant. Ça a un peu vieilli certes, mais le sujet n’a pas bougé et reste même très d’actualité.
Et en court métrage j’ai beaucoup aimé Zima de Tomasz Popakul & Kasumi Ozeki (vu au Fantoche festival) un conte hivernal moderne dans un style punk/gothique. Excellent !
Et mention spéciale pour le court-métrage The Choolers : viandes & poissons de Monsieur Pimpant, un documentaire en 3D très barré, sur un groupe de hip-hop expérimental.
• La Française Camille Monnier a réalisé le court métrage d’animation Soleil gris. Dévoilé au Festival de Locarno, Soleil gris figure dans la présélection des courts d’animation pour les César.
En long métrage, je choisis Emilia Perez. Le film prend mille risques, entre son sujet, son décor, son format de comédie musicale… La mise en scène est magistrale. C’est ample, violent, crédible, émouvant, j’y pensais encore des jours après.
Mon film de l’année est, de loin, La Voix des sirènes. C’est un film en peinture animée de Gianluigi Toccafondo d’une vingtaine de minutes, qui est une sorte d’ode à sa mère. Il plonge le spectateur dans une immersion étrange et déchirante, qui mêle l’abstraction à une imagerie naïve, parfois grotesque. En termes de picturalité et de musicalité j’ai trouvé ça d’une grande profondeur. C’est une expérience indescriptible et bouleversante.
• La Française Alice Saey a réalisé le court métrage d’animation Flatastic. Ce film a été dévoilé en compétition au Festival de Rotterdam.
On Becoming a Guinea Fowl (Rungano Nyoni)
Un brillant mélange de comédie noire, de réalisme et de surréalisme qui raconte une histoire importante et pertinente pour le monde d’aujourd’hui.
My Sunshine (Hiroshi Okuyama)
Tout dans ce film est entouré de neige et de glace, mais étrangement, ce film me semble très chaleureux et tendre.
Black Dog (Guan Hu)
J’adore les chiens, il y en a des centaines dans ce film – et Pink Floyd.
Drowning Dry (Laurynas Bareisa)
Un drôle de film avec un montage inventif.
Les Graines du figuier sauvage (Mohammad Rasoulof)
Un film pertinent et important pour notre société.
The Substance (Coralie Fargeat)
J’aime quand un.e cinéaste devient dingue, quel voyage !
Emilia Pérez (Jacques Audiard)
Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse raconter une telle histoire à travers un film musical. Ouais, pourquoi pas ?
The Brutalist (Brady Corbet)
On a besoin de plus de film de 3h30 ; Lav Diaz a finalement trouvé un ami.
April (Dea Kulumbegashvili)
Je ne suis pas sûr que ce soit un film d’horreur, mais certaines images m’ont terrifié pendant des jours. Merci, Dea.
Anora (Sean Baker)
J’adore la façon qu’a le film d’être à la fois hilarant et triste. Chaque fois qu’Ani (Mikey Madison) apparaît à l’écran, c’est comme si j’entendais Wrecking Ball de Miley Cyrus en arrière-plan.
• L’Indonésien Tumpal Tampubolon a réalisé le long métrage Crocodile Tears, qui a été montré entre autres aux festivals de Toronto et de Busan.
Bien qu’il date techniquement de 2023, je viens de voir et d’adorer Perfect Days de Wim Wenders. Il s’agit d’un drame doux et terre-à-terre sur un homme chargé de nettoyer des toilettes à Tokyo, et sa vie quotidienne simple et répétitive. Il y a une qualité mélancolique dans ce film très discret, et un rythme délibérément lent que je trouve souvent absent dans beaucoup de cinéma moderne. Kōji Yakusho est brillant dans le rôle du protagoniste, Hirayama. Regarder Perfect Days, c’est comme se blottir avec un bon livre et une tasse de thé fumante par une journée d’hiver – quelque chose à savourer, lentement.
• L’Ukrainien Eugene Kolb a réalisé le court métrage d’animation ur heinous habit, qui a été montré entre autres au Festival Black Movie.
Stone Age, de Renan Rovida – Un film absolument inventif et politique.
The Day I Met You, d’André Novais – le moins est le mieux.
For Lota, de Bruno Safadi et Ricardo Pretti – Une belle et puissante rencontre entre le cinéma et la ville.
Hour of the Star, de Suzana Amaral – Un film de 1985 restauré et ressorti dans les salles brésiliennes en 2024.
• La Brésilienne Julia de Simone a réalisé Praia Formosa. Ce long métrage a été dévoilé en compétition au Festival de Rotterdam et a été montré entre autres au Festival de Films de Femmes de Créteil.
Voici mes films préférés, sans ordre particulier :
Knit’s Island, Ekiem Barbier, Quentin L’Helgouac’h, Guilhem Causse
The Human Surge 3, Eduardo Williams
And a Happy New Year, Sebastian Mulder
No Other Land, Yuval Abraham, Basel Adra, Rachel Szor, Hamdan Ballal
La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer
And How Miserable Is The Home Of Evil, Saleh Kashefi
La Photo retrouvée, Pierre Primetens
Pain, Ivan Faktor
Iron Claw, Sean Durkin
La Chimère, Alice Rohrwacher
Al sol, lejos del centro, Luciana Merino, Pascal Viveros
Look on the Bright Side, Yuyan Wang
Cent mille milliards, Virgil Vernier
• Le Français Nathan Ghali a réalisé le court métrage Les Animaux vont mieux. Ce film a été dévoilé en compétition à la Berlinale.
Voilà mes petits coups de cœur : Emilia Pérez de Jacques Audiard, Riverboom de Claude Baechtold et Petit Spartacus de Sara Ganem.
Comme je suis en pleine écriture d’une comédie musicale j’ai envie de dire Emilia Pérez. Le film m’a impressionnée par des choix de réalisation osés et même si tout ne m’a pas convaincue j’ai vraiment passé un bon moment.
Riverboom, c’est vraiment mes goûts de réalisatrice et de spectatrice qui parlent. C’est un documentaire qui aborde un sujet délicat. Le film réussit à être profondément émouvant tout en transmettant une véritable énergie positive.
Enfin, Petit Spartacus, un court métrage découvert au festival d’Angoulême (FIFCA), il m’a marquée par sa puissance émotionnelle. C’est un film qui s’est ancré durablement dans ma mémoire, et qui continue à résonner bien après la projection.
• La Française Cynthia Calvi a réalisé le court métrage d’animation Gigi. Présenté entre autres à Annecy, ce film figure dans la présélection courts des César.
Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan : film après film, Nuri Bilge Ceylan continue de prouver qu’il est l’un des cinéastes les plus importants du moment.
L’Arbre aux papillons d’or, de Pham Thien An : quel premier film audacieux.
Drowing Dry, de Laurynas Bareisa : un film qui sait exactement ce qu’il veut être et qui exécute cette vision à la perfection.
The Stag, de Chu An : un court métrage que j’ai vu lorque j’étais juré au festival de Zagreb et qui continue de me fasciner.
• Le Portugais Daniel Soares a réalisé le court métrage Bad for a Moment, qui était en compétition au dernier Festival de Cannes.
Sans jamais nous connaître d’Andrew Haigh. C’était pour moi une belle représentation de la façon dont on aurait fait les choses différemment si on l’avait pu.
Un court métrage que j’ai aimé et que j’ai vu à Clermont – Les Mystérieuses aventures de Claude Conseil – le court métrage le plus drôle de l’année à mon avis.
• L’Israélien Tom Prezman a co-réalisé avec Tzor Edery le court métrage d’animation Maurice’s Bar. Primé entre autres au Festival d’Annecy, ce film figure dans la présélection courts pour les César.
Voici les films qui m’ont particulièrement marquée cette année :
Coconut Head Generation, Alain Kassanda
L’Homme-vertige, Malaury Eloi Paisley
Ca(r)milla, Kearra Amaya Gopee
Ici s’achève le monde connu, Anne-Sophie Nanki
• La Française Aliha Thalien a réalisé le court métrage Nos îles, qui a été sélectionné entre autres au FID Marseille, à Entrevues Belfort et au Festival New Directors/New Films.
La Belle de Gaza
Pour les sublimes portraits de femmes trans à Tel Aviv, peints avec délicatesse, nuance, pudeur et beaucoup d’humanité. Pour l’exploration du thème de l’exil, géographique d’abord, des territoires palestiniens à Israël. L’exil au sein de la famille de sang vers une autre famille, choisie, dont la bouleversante relation entre Talleen et Israela, femme trans plus âgée et matriarche aimante, en est l’image. Pour le lien maternel, filial entre les deux femmes, fil rouge du film. C’est Israela qui « met au monde » Talleen alors qu’elle est à ses côtés lors de son opération de transition en Thaïlande. Pour l’exploration des féminités par les marges, et l’exploration des masculinités toxiques par les mots et l’expérience de ces jeunes âmes dont les rêves d’amour et de paix sont des triomphes de résiliences.
+
Black Tea
Dahomey
Le Dernier des juifs
Ernest Cole, photographe
Les Fantômes
Ni chaînes ni maîtres
Rendez vous avec Pol Pot
Le Repli
• La Française Anne-Sophie Nanki a réalisé le court métrage Ici s’achève le monde connu. Distingué à Clermont-Ferrand, ce film a reçu le Prix spécial du jury Unifrance.
L’année ciné 2023 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2022 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2021 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2020 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2019 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2018 par celles et ceux qui l’ont faite
Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut le 19 décembre 2024.
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