Festival de Rotterdam 2024 : notre bilan

La 53e édition du Festival de Rotterdam s’est achevée ce weekend. Comme chaque année, vous avez pu suivre cette édition en direct sur Le Polyester. Nous revenons sur les temps forts de cette édition.


Reise der Schatten

Coincé chaque année entre les festivals de Sundance, Clermont-Ferrand et Berlin, le Festival de Rotterdam souffre (en dépit de son ancienneté) d’être sans doute le plus méconnu, du moins en France, des grands rendez vous cinématographiques internationaux du début d’année. C’est surtout le plus étonnant du lot car sa sélection géante (211 longs métrages et 213 courts !) pousse l’éclectisme des genres, des formats et des cultures jusqu’à l’imprévisibilité. Pour nos yeux avides de découvertes et de surprises, c’est là un vertige très excitant.


Praia formosa

Autour du film fleuve japonais Rei, lauréat du Tiger Award, la compétition principale nous a ainsi fait passer d’un fascinant film d’animation suisse au minimalisme quasi abstrait (Reise der Schatten, notre grand favori) à une mystérieuse rêverie érotique britannique (Swimming Home, avec Ariane Labed), puis d’un élégant faux biopic tropical venu des États-Unis (The Ballad of Suzanne Césaire, avec Zita Hanrot) à un film de fantômes mélancoliques brésiliens (Praia formosa), pour ce qui concerne nos principaux coups de cœur. On serait curieux de découvrir à quoi ressemble la dvdthèque de la brillante programmatrice Vanja Kaludjercic tant son travail de sélection rassemble des sensibilités différentes. L’horizon s’élargit encore lorsque l’on se penche sur la compétition parallèle Big Screen (dédiée à des films plus grand public) où le nouveau western kazakhstanais d’Adilkhan Yerzhanov, Steppenwolf, côtoyait par exemple un film d’action indien (Seven Seas Seven Hills) ou encore un film d’horreur cambodgien (Tenement).


The Missing

On sait qu’on peut d’ailleurs compter sur Rotterdam pour mettre en valeur les cinémas asiatiques sous leurs angles les plus inattendus. Par exemple, dans quel autre festival (sans doute pas ceux où ce sont toujours les mêmes cinéastes asiatiques qui finissent sélectionnés) peut-on voir la même année non pas un, non pas deux, mais trois films animés de science-fiction en provenance d’Asie du sud-est (Les Indiens Kiss Wagon et Schirkoa In Lies We Trust et le Philippin The Missing) ? En toute honnêteté, tous ces paris ne se sont pas, au final, révélés payants à égale mesure et certains longs nous ont semblé bien exigeants. En revanche, la généreuse sélection de courts et moyens métrages a imposé un niveau sans faille à nos yeux. Notre émerveillement fut tel devant cette ces propositions de très haute volée que nous revenons dessus plus en détail dans un article dédié aux meilleurs courts de l’édition.


Duck

Parmi la liste (elle aussi éclectique) des invité.e.s de l’édition 2024, qui allait de Marco Bellocchio à Debbie Harry en passant par le cinéaste taïwanais homo-punk Scud ou la grande Sandra Hüller (qui s’est mis le public dans la poche lors de sa conférence en imitant Thierry Frémaux), le nom de Rachel MacLean n’était pas encore forcément le plus connu mais c’était peut être le plus représentatif de l’esprit de recherche galvanisant du Festival. Dans ses œuvres numériques souvent courtes, mettant en scène un univers à la mignonnerie enfantine et bizarroïde, la vidéaste britannique abolit en effet les définitions classiques du cinéma et de ses supports. Pour découvrir Duck, sa farce meta-morbide sur Marilyn Monroe, il fallait ainsi pénétrer dans un faux saloon construit pour l’occasion, tandis que l’interactif upside mimi ᴉɯᴉɯ uʍop nécessitait d’être vu en tournant soi même régulièrement son téléphone dans la main et que son œuvre VR potache et cruelle I’m Terribly Sorry transformait nos portables en armes à feu.


We Will Definitely Talk About This After the Last Air Raid Alert Stops

À Rotterdam, le cinéma déborde ainsi souvent de la salle pour aller investir les galeries et les musées, transformant l’expérience festivalière en petite chasse au trésor dans cette ville à l’architecture étonnante. C’est d’ailleurs un peu à l’écart du centre festivalier qu’était nichée l’émouvante installation vidéo de science fiction utopique ukrainienne We Will Definitely Talk About This After the Last Air Raid Alert Stops, autre point fort de la programmation. A l’inverse de festivals qui misent tout sur leur compétition principale, le Festival de Rotterdam réservent beaucoup de ses proposition les plus libres, contemporaines, ludiques et puissantes aux spectatrices et spectateurs qui osent s’aventurer également hors des sentiers battus.


DOSSIER

Nos 15 courts métrages préférés

NOS CRITIQUES

100 Yards
78 Days
The Ballad of Suzanne Césaire
Blue Imagine
Borrowed Time
Daaaaaali!
Los Delincuentes
Flathead
Green Border
Here
Le Mal n’existe pas
The Missing
La Parra
Praia formosa
Rei
Reise der Schatten
Seven Seas Seven Hills
Shadow of Fire
Sr
Steppenwolf
Swimming Home
Tenement
Veni Vidi Vici
Yohanna

NOS ENTRETIENS

Entretien avec Han Changlok (Peeper)
Entretien avec Alice Saey (Flatastic)
Entretien avec Elli Vuorinen (Flower Show)
Entretien avec Naween Noppakun (Crazy Lotus)

NOS NEWS

Le palmarès du Festival
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La sélection du Festival


Gregory Coutaut

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