Festival de Rotterdam | Critique : Borrowed Time

Mak Yuen-ting va bientôt se marier et quitte Hong Kong pour retrouver son père, disparu depuis vingt ans. Ce dernier s’est établi à Guangzhou pour le travail. Yuen-ting découvre une lettre que son père a envoyé jadis à sa mère…

Borrowed Time
Chine, 2023
De Choy Ji

Durée : 1h33

Sortie : –

Note :

TEMPS SUSPENDU

Premier long métrage du Chinois Choy Ji, dévoilé en première mondiale à Busan et présenté en première européenne à Rotterdam, Borrowed Time est une énième preuve de la brillance du jeune cinéma d’auteur chinois. Le film débute dans le cadre idyllique d’un pique-nique sous les arbres – les branches sont si basses qu’on pourrait presque dire dans les arbres. Est-ce là le présent, un souvenir, un paradis perdu ? Choy Ji dépeint la quête identitaire, entre Chine continentale et Hong Kong, d’une jeune femme à la recherche de son père parti il y a vingt ans.

Les désastres familiaux auxquels on assiste dans Borrowed Time ont lieu dans un monde virtuel, celui d’une partie de Sims où la cuisine est en feu. Pas de flammes à l’horizon dans Borrowed Time même si l’on annonce la menace d’un typhon. Cette blessure familiale est racontée avec une tendresse émouvante, où la délicatesse du regard crée un saisissant sentiment d’intimité. On feuillette les pages d’un vieil album photos, et de manière évidente les trous entre certaines images racontent une absence tue.

La douceur généreuse dans Borrowed Time évoque ce que l’on peut voir dans le cinéma thaïlandais contemporain. L’attente paisible ou bouleversée est captée avec une grâce poétique par Choy Ji et son directeur de la photographie Shuli Huang. Shuli Huang s’est distingué avec son propre court métrage Will You Look at Me mais a aussi, en plus de celle de Borrowed Time, signé la photographie splendide de Farewell, My Hometown. On reconnaît son talent pour croquer de vastes et majestueux plans d’ensemble, tout comme pour saisir une lumière magique sur les détails – ici, une simple scène où l’on épluche des litchis.

Les lumières de la ville palpitent silencieusement dans Borrowed Time, qui offre une large place aux mystères et au non-dit. Un CD gravé ressemble à une relique du passé menant vers un trésor secret. L’énigme dans Borrowed Time semble être la langue privilégiée pour dire vraiment les choses, et la sensibilité de cinéaste de Choy Ji est assurément prometteuse.

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par Nicolas Bardot

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