Festival de Rotterdam | Entretien avec Han Changlok

Peeper est l’une des très nombreuses découvertes dans l’excellente sélection de courts métrages au Festival de Rotterdam. Dans ce film, une femme va à la rencontre d’un cinéaste et se confie à lui. La mise en scène magnétique du Coréen Han Changlok parvient à nous immerger dans le récit avec un talent particulièrement prometteur. Nous avons rencontré le réalisateur.


Quel a été le point de départ de Peeper ?

La plupart des histoires sur lesquelles j’ai travaillé dans le passé (qu’il s’agisse de courts métrages ou de scénarios) visaient à mettre le public mal à l’aise. J’ai ressenti le besoin de me demander : « Pourquoi est-ce que je mets le public mal à l’aise ? » et Peeper est la réponse à cette question.



Vous parvenez dès le début à créer une tension immédiate entre ces deux personnages qui parlent, alors qu’on ne sait presque rien d’eux. Le montage et le cadrage jouent un grand rôle dans cette tension. Comment avez-vous abordé le travail visuel pour rendre cette discussion captivante ?

En ce qui concerne plus particulièrement le cadrage, j’ai voulu mettre l’accent sur les marges, ce qui entoure les personnages. Par exemple, en élargissant l’espace au-dessus de la tête ou en inversant l’espace dédié au regard, j’ai souhaité mettre l’accent sur les marges dont les gens ne sont généralement pas conscients. Le but était d’exprimer les désirs cachés en nous, les problèmes non résolus de la vie et qui nous suivent.



Lorsque votre personnage féminin raconte son histoire, la représentation de cette dernière peut prendre la forme d’un tournage de film, d’une scène de danse, d’une gravure… Dans quelle mesure diriez-vous que Peeper est un film sur la narration et son pouvoir ?

L’histoire racontée par le personnage féminin dans le film est celle d’un traumatisme ancien. Lorsqu’elle la confie au réalisateur dans le présent, elle l’exprime en la transfigurant, sous une forme artistique. À travers cela, je voulais montrer la possibilité que des souvenirs sombres que nous voulons ignorer puissent être sublimés par l’art.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Paul Thomas Anderson, Park Chan-wook, Martin Scorsese.



Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, de voir quelque chose de neuf à l’écran ?

Cela m’arrive régulièrement en regardant ce que font des jeunes cinéastes en Corée du Sud.



Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 5 février 2024.

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