Festival de Rotterdam | Critique : Tenement

Après la mort de sa mère, la mangaka Soriya se retourne chez elle, à Phnom Penh, dans l’espoir de renouer avec sa famille et d’utiliser cette visite comme source d’inspiration pour son travail. Dans un complexe résidentiel délabré de l’époque des Khmers rouges, Soriya commence à avoir des visions terrifiantes, comme les horreurs du passé s’infiltraient dans le présent.

Tenement
Cambodge, 2024
De Sokyou Chea & Inrasothythep Neth

Durée : 1h28

Sortie : –

Note :

LA MORT EN HÉRITAGE

Il faut féliciter comme il se doit le travail de sélection éclectique du Festival de Rotterdam car dans combien d’autres manifestations cinématographiques d’envergure pourrait-on découvrir (et dans l’une de ses compétitions, qui plus est) quelque chose d’aussi rare qu’un film d’horreur en provenance du Cambodge ? En effet, en dehors de l’œuvre puissante de Rithy Panh qui vient régulièrement témoigner avec gravité de l’Histoire du pays, seul un nombre très restreint de films cambodgiens parviennent généralement jusqu’à nos yeux européens, a fortiori du cinéma de genre. Avec son histoire d’immeuble hanté et ses visions sanglantes, Tenement cherche évidemment moins à ressembler à un cours d’histoire qu’à un tour de train fantôme, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’a rien à dire sur la question.

L’histoire déboute pourtant loin du Cambodge, à Tokyo. C’est là que vit désormais Soriya, jeune mangaka en panne d’inspiration. Suite au décès de sa mère, l’un des seuls membre de sa famille à avoir à l’époque survécu aux Khmers rouges, Soriya se retrouve soudain héritière d’un appartement dans un ancien immeuble de Phnom Penh. un immeuble datant justement de l’époque de la guerre civile, laissé là comme un mauvais souvenir au milieu des tours modernes de la ville. Un immeuble où il s’est encore récemment déroulé des événements très bizarres, comme le prévient un chauffeur de taxi. Soriya y est pourtant chaleureusement accueillie par une tante oubliée, mais les amateurs de films d’horreur ont déjà compris que quelque chose de très sombre est resté tapi dans ces couloirs sombres.

A vrai dire, les fans de cinéma de genre ont des chances d’anticiper une bonne partie du déroulé de Tenement. Pour leur tout premier long métrage, les cinéastes Inrasothythep Neth et Sokyou Chea ne cherchent pas a révolutionner le genre, mais plutôt à l’explorer avec un soin respectueux. La musique est réussie, quelques visions horrifiques se démarquent, mais le programme général manque sans doute un peu trop d’étincelles pour être très percutant. Si le contexte culturel dans lequel a lieu cette hantise est inédit, le fonctionnement de ce « grand méchant refoulé » à affronter pour mieux l’enterrer conserve sa prévisibilité.

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par Gregory Coutaut

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