Festival de Rotterdam | Critique : Seven Seas Seven Hills

Dans un train, un homme ordinaire fait la rencontre d’un immortel âgé de 8000 ans. Le premier se bat pour survivre, tandis que le second cherche à guérir des blessures vieilles de plusieurs siècles.

Seven Seas Seven Hills
Inde, 2024
De Ram

Durée : 2h15

Sortie : –

Note :

DES HOMMES ET DES DIEUX

Figure du cinéma d’auteur tamoul, le réalisateur Ram avait jusqu’ici réalisé des portraits de société bruts, abordant souvent des sujets douloureux. Son nouveau long métrage se déroule effectivement dans un décor particulièrement tangible de la vie quotidienne en Inde : un train tout ce qu’il y a de plus banal (et pas un train de luxe tel qu’on en voit dans les films signés de cinéastes occidentaux). Et pourtant Seven Seas Seven Hills pourrait difficile s’éloigner davantage du réalisme. Ce n’est pas seulement que ce wagon est étrangement vide (même si celles et ceux ayant déjà pris un train en Inde apprécieront l’effort d’imagination), c’est surtout qu’à l’image de ce train lancé à toute allure sous une pluie battante, le début du film déborde d’excitation généreuse à l’idée de nous raconter un récit fabuleux.

Tout commence sur un écran noir, une voix off d’enfant réclame une histoire à sa mère. Celle-ci s’exécute et que la lumière soit : l’histoire prend alors vie sous nos yeux. La mise en scène de Ram fait beaucoup d’efforts pour nous faire oublier qu’il n’y a que deux personnages (accompagnés d’un rat) dans ce huis-clos en furie, quitte à se montrer parfois excessif dans son dosage. Il y a là des couleurs bleues et oranges qui pètent, des scènes d’action au ralenti comme dans un film d’exploitation made in Hong Kong, mais aussi un rythme soutenu qui nous happe même si le wagon est brinquebalant et que ce récit de code d’honneur divin demande quand même un certain saut de foi.

L’intégralité de Seven Seas Seven Hills ne se déroule pas à bord de ce wagon fou, et c’est en réalité bien dommage. Supposées apporter une respiration bienvenues, les scènes placides de flashbacks de la deuxième moitié du film viennent au contraire nous faire freiner jusqu’à l’arrêt total au milieu des voies, et la machine a à chaque fois plus de mal à repartir et retrouver son rythme initial. Le résultat perd ainsi beaucoup de son souffle en cours de trajet, même si à l’arrivée, on se dit quand même que ce voyage mal fichu entre comédie, action et merveilleux conserve quelque chose de ludique et imprévu.

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par Gregory Coutaut

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