On a dans Memoria le sentiment d’être au bout du monde, projeté dans un imaginaire extraordinaire. Mais aussi au bout d’un monde, épuisé, qui semble arriver à son terme. C’est aussi semble t-il la fin pour l’héroïne d’Au commencement, étendue dans les bois. Dans Bad Luck Banging, le monde s’écroule péniblement sous le poids de la bêtise et des trolls, le masque plus ou moins bien mis sur le nez. Fin d’un monde également chez Kelly Reichardt, monde plein d’espoir ou bien ordonné qui menace de s’effondrer dans L’Événement ou True Mothers, question de vie ou de mort dans Titane comme dans La Voix d’Aïda. La fin d’un monde peut être, dans un registre moins tragique, un simple déménagement dans La Jeune fille et l’araignée. Mais ce qu’ont en commun ces meilleurs films de l’année, c’est leur qualité galvanisante : ce sont des films où les protagonistes renaissent (Weerasethakul, Kulumbegashvili, Ducournau), sont d’extraordinaires forces résilientes (Diwan, Žbanić), peuvent renverser le destin par leur chaleur humaine (Reichardt, Kawase, López Estrada), leurs désirs (Zürcher) ou dans un cri libérateur, un gode à la main (Jude). Ces films et ces cinéastes-là ont bel et bien un super pouvoir – absolument essentiel.
TOP 2021 (films sortis en salles)
- Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul
- Au commencement, de Dea Kulumbegashvili
- Bad Luck Banging or Loony Porn, de Radu Jude
- First Cow, de Kelly Reichardt
- La Jeune fille et l’araignée, de Ramon et Silvan Zürcher
- L’Événement, d’Audrey Diwan
- True Mothers, de Naomi Kawase
- Titane, de Julia Ducournau
- Summertime, de Carlos López Estrada
- La Voix d’Aïda, de Jasmila Žbanić
TOP INÉDITS (films vus en festivals, sans date de sotie française pour l’instant)
- Taste (Vi), de Lê Bảo (Berlinale)
- Farewell, My Hometown, de Wang Er Zhuo (Busan)
- Madalena, de Madiano Marcheti (Rotterdam)
- Tu me ressembles (You Resemble Me), de Dina Amer (Mostra)
- Haruhara San’s Recorder, de Kyoshi Sugita (FID Marseille)
- The Scary of Sixty-First, de Dasha Nekrasova (Berlinale)
- Tzarevna Scaling (The Fisherman’s Daughter), d’Uldus Bakhtiozina (Berlinale)
- The North Wind, de Renata Litvinova (Rotterdam)
- Cryptozoo, de Dash Shaw (Berlinale)
- Le Dernier refuge, d’Ousmane Samassékou (CPH:DOX)
TOP COURTS MÉTRAGES
- FIRST TIME [The Time for All but Sunset – VIOLET], de Nicolaas Schmidt (Locarno)
- The Parents’ Room, de Diego Marcon (Quinzaine des réalisateurs)
- The Women’s Revenge, de Su Hui-Yu (Rotterdam)
- earthearthearth, de Daïchi Saïto (Rotterdam)
- Fantasma Neon, de Leonardo Martinelli (Locarno)
- Day is Done, de Zhang Dalei (Berlinale)
- My Uncle Tudor, d’Olga Lucovnicova (Berlinale)
- Easter Eggs, de Nicolas Keppens (Berlinale)
- If You See Her, Say Hello, d’Oscar Jiajun Zhang & Hee Young Pyun (Visions du réel)
- Just a Guy, de Shoko Hara (anthologie Plan cul la praline)
Nicolas Bardot
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