Festival de Rotterdam | Critique : The North Wind

Le clan matriarcal dirigé par la magnifique Margarita entre dans une période turbulente car son fils a perdu sa fiancée bien-aimée. A chaque nouvel an, la famille se retrouve. Margarita a la conviction qu’elle peut briser ce cercle répétitif, vaincre la mort et ramener cet amour perdu à la vie.

The North Wind
Russie, 2021
De Renata Litvinova

Durée : 2h02

Sortie : –

Note :

OPULENCE, YOU OWN EVERYTHING

Si l’on connait mal en France la filmographie de la cinéaste russe Renata Litvinova, qui signe ici son troisième long métrage, The North Wind donne envie de s’y plonger. The North Wind ne ressemble à rien de ce que l’on peut voir aujourd’hui : difficile d’imaginer un long métrage qui mêlerait l’exubérance débordante de Peter Greenaway (chez qui Litvinova a tourné) à l’opulence de Bollywood, le tout dans la plus chatoyante des boites de chocolats.

The North Wind se déroule dans une somptueuse demeure où divers personnages ont pour tradition de se retrouver lors du passage à la nouvelle année. La direction artistique est à tomber à la renverse. Celle-ci a le bon goût, devenu assez rare, de vouloir en mettre plein les yeux tout en évitant d’horribles CGI. Chaque détail est pensé avec un mélange de poésie et d’extravagance – le moindre fauteuil roulant ressemble à un trône. Les décors comme les costumes (portés par des héroïnes qui ressemblent à la fois à des méchantes de Disney et à de fabuleuses drag queens) nourrissent l’imaginaire comme l’émerveillement, et cette beauté vaniteuse a aussi une fonction narrative.

Car plutôt que d’être une vitrine toc, la direction artistique sert un inquiétant mystère : à quelle époque cette histoire se déroule t-elle, et où ? Est-on sûr d’avoir repéré les portes de sortie, ou bien les personnages sont-ils prisonniers de cette boule à neige et de cette boucle temporelle ? Renata Litvinova compose de superbes tableaux où la décrépitude s’invite peu à peu. Et elle s’offre, au centre, un personnage magnétique : Margarita dirige ce petit monde, toujours un porte-cigarette à la main, et traverse la vie avec un mélange de panache et de nonchalance – rôle qu’elle habite avec charisme.

Si l’amertume gagne peu à peu cette tragique histoire familiale, The North Wind reste néanmoins un conte de Noël. Celui-ci aurait facilement pu être étouffant, mais le film respire par sa drôlerie et sa fantaisie. La rupture finale de mise en scène, dans les derniers instants, épouse (peut-être de manière abrupte) le basculement du scénario. Le film a beaucoup à donner et cette générosité est un cadeau superbement emballé.

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par Nicolas Bardot

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