Entretien avec Diego Marcon

L’un des sommets du dernier Festival de Cannes était un court métrage d’à peine dix minutes. Dans The Parents’ Room de l’Italien Diego Marcon, un père est assis sur son lit, un oiseau se pose à sa fenêtre, une chanson débute… Le cinéaste mêle conte et fait divers, horreur et comédie musicale dans un film stupéfiant. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et au programme cette semaine du FIDMarseille, Diego Marcon est notre invité.


Quel a été le point de départ de The Parents’ Room ?

Je pense qu’à l’époque (en janvier 2019) je voulais réaliser un film en stop-motion, en essayant de minimiser cet effet de « mouvement chancelant » typique de cette technique, et que je n’ai jamais beaucoup aimé. J’ai donc pensé que si je pouvais utiliser un décor à échelle humaine, habiller des êtres humains comme marionnettes, et ce problème aurait été résolu. Le sujet du film s’est alors façonné de manière très naturelle autour de cette idée.

The Parents’ Room emprunte des éléments de conte de fées, de film d’horreur et de comédie musicale pour raconter une histoire tragique telle qu’on pourrait la lire dans un quotidien. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre ces différents registres et genres ?

Avec mes collaborateurs les plus proches, nous essayons de toujours d’adopter une approche expérimentale, de traiter des choses que nous n’avons jamais faites. Dans ce processus, le sentiment d’émerveillement et de plaisir est enraciné, et ainsi la façon dont les choses se forment se révèle souvent surprenante.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre utilisation des masques et prothèses, qui créent un sentiment d’inquiétante étrangeté ?

Le but était que, en regardant le film, le spectateur ne puisse pas vraiment dire si les personnages sont des marionnettes très bien animées ou des êtres humains bizarres. Une référence importante pour Lorenzo Cianchi (le créateur des effets spéciaux) et moi a été Le Professeur Foldingue. C’est un film avec de superbes masques hyper-réalistes. Notre but était de créer des masques comme ceux-là, qui soient aussi hyper-réalistes. Par exemple, l’enfant qui joue le fils (Huey Lockwood) m’avait l’air si parfait que j’ai pensé que son masque devait être celui de son propre visage (et c’est effectivement ce qu’on a fait). Pour le moment, je n’ai pas envie de confronter ma pratique ou moi-même aux interprètes et au jeu d’acteur. Faire en sorte que les artistes portent des masques couvrant entièrement leur visage et des prothèses permettait d’éviter la possibilité de toute expression faciale. Tout s’est avéré assez bizarre à partir de là.

Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

J’aime plus les films que des cinéastes en particulier. J’aime avant tout les films qui m’effraient ou qui me font pleurer.

Quelle est la dernière fois que vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Je n’ai plus eu le sentiment de voir quelque chose de vraiment neuf depuis longtemps, probablement depuis l’enfance ou l’adolescence, quand on découvre beaucoup de choses pour la première fois et qu’elles semblent si fraiches et neuves à des yeux si jeunes.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 1er juillet 2021. Un grand merci à Gloria Zerbinati.

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