L’année ciné 2024 de Gregory Coutaut

Quatre points cardinaux pour résumer les temps forts les plus surprenants, et donc les plus précieux, de 2024. Tout d’abord le retour du cinéma d’auteur indien sur le tout devant de la scène : le superbement délicat All We Imagine as Light de Payal Kapadia est venu mettre un terme aux quatre décennies d’absence scandaleuse dans la compétition cannoise du pays qui produit pourtant le plus de films au monde (vous imaginez si Cannes n’avait sélectionné aucun film japonais ou iranien en compétition pendant quarante ans ?) et a glané dans son sillage de nombreuses découvertes (dont une révélation encore inédite : The Adamant Girl) qui ont fait de l’Inde le pays de l’année ciné. Du côté de la France, ce sont les écritures documentaires qui sont le plus sorties des sentiers battus, alliant des combats politiques contemporains au conte littéraire (Orlando, ma biographie politique), à un fantastique de légende (Dahomey) ou a du home invasion psychologique (Une famille). Le cinéma d’animation a ouvert loin les portes de l’imaginaire mais les formes les plus folles ont pour l’instant été peu visibles sur les grands écrans français (utopie polyamoureuse de papiers découpés dans Olivia y las Nubes, anonymat énigmatique d’images de synthèse vintage dans Reise der Schatten, ou encore santons qui fondent en direct dans Such Miracles do Happen). Mais c’est l’horreur qui a régné en maitresse sur 2024, depuis son visage le plus cartoonesque (The Substance, Snake) jusqu’à ses vertiges les plus élégants (I Saw the TV Glow, La Bête, La Zone d’interêt, Enys Men). Ce puissant désir de frissons n’est sans doute pas un hasard : qu’ils soient peuplés de spectres, de renaissances, de vengeances, de monstres humains ou non, la quasi totalité des films de mes tops (dont chaque numéro un est d’ailleurs à sa manière un film de fin du monde) est venu poser les questions : que faire face à la mort, et que faire juste après ?


TOP 2024 (films sortis en salles)

  1. La Zone d’intérêt, de Jonathan Glazer
  2. La Bête, de Bertrand Bonello
  3. Sans jamais nous connaître, d’Andrew Haigh
  4. Green Border, d’Agnieszka Holland
  5. The Substance, de Coralie Fargeat
  6. Flow, de Gints Zilbalodis
  7. Dahomey, de Mati Diop
  8. Tótem, de Lila Avilés
  9. All We Imagine as Light, de Payal Kapadia
  10. Dos madres, de Víctor Iriarte

+ I Saw the TV Glow, de Jane Schoenbrun (en VOD)


Reise der schatten

TOP INÉDITS (films vus en festivals, sans date de sortie française pour l’instant)

  1. Reise der Schatten, de Yves Netzhammer – Suisse (Rotterdam)
  2. Fogo de vento, de Marta Mateus – Portugal (Locarno)
  3. The Adamant Girl, de Vinothraj P.S. – Inde (Berlinale)
  4. Sleeping With a Tiger, d’Anja Salomonowitz – Autriche (Berlinale)
  5. Olivia & Las Nubes, de Tomás Pichardo-Espaillat – République Dominicaine (Locarno)
  6. Drowing Dry, de Laurynas Bareiša – Lituanie (Locarno)
  7. Phantosmia, de Lav Diaz – Philippines (Venise)
  8. Through the Graves the Wind is Blowing, de Travis Wilkerson – Etats-Unis (Berlinale)
  9. Le Moineau dans la cheminée, de  Ramon Zürcher – Suisse (Locarno)
  10. All or Nothing at All, de Jiajun “Oscar” Zhang – Chine (New Directors/New Films)

Kawauso

TOP COURTS MÉTRAGES

  1. Kawauso, de Akihito Izuhara – Japon (Berlinale)
  2. Void, de Yusuke Iwasaki – Japon (Rotterdam)
  3. Al sol, lejos del centro, de Luciana Merino & Pascal Viveros – Chili (Berlinale)
  4. Supersilly, de Veronica Martiradonna – France (Semaine de la critique)
  5. Preoperational Model, de Philip Ullman – Pays-Bas (Rotterdam)
  6. Shé (Snake), de Renee Zhan – Royaume-Uni (Neuchâtel)
  7. Such Miracles do Happen, de Barbara Rupik – Pologne (Annecy)
  8. The Masked Monster, de Park Syeyoung – Corée du sud (Locarno)
  9. Chime, de Kiyoshi Kurosawa – Japon (Berlinale)
  10. The Nature of Dogs, de Pom Bunsermvicha – Thaïlande (Locarno)

Gregory Coutaut

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