Dossier 2023 : les 12 meilleurs films inédits en France

Au fil des nombreux festivals couverts toute l’année par Le Polyester, nous avons pu faire des découvertes excitantes et remarquables. Malgré la riche offre de films dans les salles françaises, beaucoup restent inédits chez nous. Voici 12 pépites qui n’ont pas encore été montrées en France (du moins à notre connaissance) et qui ont particulièrement retenu notre attention.



Echo of You | Zara Zerny (Danemark)
Découvert à IDFA Amsterdam
L’histoire : Portrait de neuf personnes âgées danoises, qui parlent de leur deuil mais aussi de leur vie amoureuse.
Pourquoi on l’aime : Ce documentaire au dispositif épuré va droit au but, et combine une manière d’affronter les tabous (le deuil, mais aussi la vie sexuelle des personnes âgées) avec une bouleversante sensibilité et une remarquable chaleur humaine.
Notre critique de Echo of You



Eileen | William Oldroyd (Etats-Unis)
Découvert à Sundance
L’histoire : Boston, années 60. Jeune gardienne de prison coincée, Eileen est fascinée par sa nouvelle patronne, une femme séduisante et sophistiquée venue de la grande ville.
Pourquoi on l’aime : En trempant généreusement ce récit amoureux tordu dans les codes cinéphiles du film noir à suspens, le réalisateur de The Young Lady fait preuve d’une qualité rare dans les productions américaines : un flamboyant sens de l’ironie. L’un des sommets camp de l’année, dans lequel Anne Hathaway brille comme jamais.
Notre critique de Eileen



Family Time | Tia Kouvo (Finlande)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : Trois générations se retrouvent pour les fêtes dans un chalet en Finlande.
Pourquoi on l’aime : A travers ce portrait familial revêche et sensible à la fois, la cinéaste finlandaise Tia Kouvo ne fait pas seulement preuve d’un excellent timing comique : ses choix formels radicaux mais accueillants, ses cadrages immobiles et pourtant dynamiques, témoignent d’une prometteuse intelligence de l’image.
Notre critique de Family Time
Notre entretien avec Tia Kouvo



Following the Sound | Kyoshi Sugita (Japon)
Découvert à la Mostra de Venise
L’histoire : Un jour, Haru retrouve Takeshi, qu’elle a rencontré pour la première fois il y a des années. À une autre occasion, Haru se fait du souci pour Yukiko, assise sur un banc devant la gare. Elle se met à lui parler…
Pourquoi on l’aime : Un pied dans un charme feutré et confortable, l’autre dans une étonnante radicalité, Following the Sound est une promenade inattendue dans le quotidien d’une jeune femme et de son walkman. Dans ce labyrinthe miniature plein de délicatesse, le mystère est un moteur narratif invisible, une pelote magique que l’on est invité à dérouler avec plaisir.
Notre critique de Following the Sound



Life is Not a Competition But I’m Winning | Julia Fuhr Mann (Allemagne)
Découvert à la Mostra de Venise
L’histoire : Un collectif d’athlètes queer se rend dans le stade olymypique d’Athènes afin de rendre hommage à toutes celles et ceux qui dans l’Histoire ont été exclu.e.s des podiums à cause de leur genre.
Pourquoi on l’aime : A l’heure où les personnes trans se retrouvent encore régulièrement exclues des compétitions sportives, ce documentaire enthousiaste et politique remet les pendules à l’heure. Moitié livre d’Histoire, moitié album Panini alternatif, voilà un émouvant catalogue de femmes aux corps non-conformes que l’Histoire aurait dû considérer comme les gagnantes qu’elles étaient.
Notre critique de Life is Not a Competition But I’m Winning



Love to Love You, Donna Summer | Roger Ross Williams et Brooklyn Sudano (Etats-Unis)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : L’histoire extraordinaire de la reine du disco à travers une série d’images d’archives inédites.
Pourquoi on l’aime : Coréalisé par l’une des filles de la chanteuse, ce documentaire tourbillonnant, intégralement composée d’images d’archives publiques ou intimes, ressemble moins à une hagiographie classique et prévisible qu’à un portrait familial raconté droit dans les yeux. Alternant scènes et coulisses, le film nous montre une artiste majeure en pleine maitrise créative et narrative de son propre personnage.
Notre critique de Love to Love You, Donna Summer



Negu hurbilak | Colectivo Negu (Espagne)
Découvert à Locarno
L’histoire : 2011. ETA annonce la cessation définitive de son activité armée en Espagne et une jeune femme fuit avec un seul but : passer la frontière. Elle arrive à Zubieta, un village frontalier où semblent converger mythes anciens et conflits modernes.
Pourquoi on l’aime : Réalisé collégialement par un collectif d’artistes basques, ce film tourné dans une sorte de village dans les nuages mélange de manière unique récit politique et tension crypto-surnaturelle. Cette mise en scène magnétique, à l’atmosphère puissante, stimule l’imagination comme rarement. Une nouvelle révélation d’un jeune cinéma espagnol décidément en pleine forme.
Notre critique de Negu hurbilak



Oasis of Now | Chia Chee Sum (Malaisie)
Découvert à Busan
L’histoire : À Kuala Lumpur, une femme de ménage vietnamienne essaie de joindre les deux bouts, tout en retrouvant ponctuellement et en secret sa fille qui vit chez des voisins.
Pourquoi on l’aime : Une cage d’escalier et une caméra pudique suffisent ici pour laisser imaginer tout un pan de violence sociale. La retenue quasi fantomatique de la mise en scène en pointillés donne aux situations tragiques toute leur subtilité et leur ambivalence, jusqu’à un final bouleversant. L’un des deux films malaisien de notre dossier.
Notre critique de Oasis of Now
Notre entretien avec Chia Chee Sum



Pure Unknown | Valentina Cicogna & Mattia Colombo (Italie)
Découvert à Visions du réel
L’histoire : Médecin légiste, Cristina Cattaneo, est chargée d’identifier les corps anonymes de migrant.e.s ayant tenté de traverser la Méditerranée.
Pourquoi on l’aime : Quels sont les droits des morts ? Qu’est-ce qui définit la dignité humaine ? En filmant à la manière d’une autopsie une succession de détails tels un ticket de tombola ou un billet de dix euros déchirés, ce documentaire d’une grande puissance parvient à mettre en scène d’ambitieuses questions sur ce qui, à l’heure de la déshumanisation raciste, nous constitue.
Notre critique de Pure Unknown



Remembering Every Night | Yui Kiyohara (Japon)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : Dans une banlieue de Tokyo, la vie quotidienne de quelques femmes ayant décidé d’adopter leur propre rythme.
Pourquoi on l’aime : Dans ce film mi-urbain mi-champêtre, il y a beaucoup de place laissée à l’invisible, aux bruits discrets et à ce qui peut relier les personnes entre elles. Le résultat est tout doux mais aussi étrangement lunaire et goofy. Voilà une drôle de comédie burlesque au ralenti, où la légèreté finit par être sacrément singulière, et où l’ambition narrative avance à pas feutrés mais géants.
Notre critique de Remembering Every Night



Silent Ghosts | Yang Heng (Chine)
Découvert à Rotterdam
L’histoire : Dans une ville mystérieuse, une femme dans la brume matinale, un touriste, un vieil homme étrange, un jeune homme imprudent et deux policiers accablés de problèmes se croisent.
Pourquoi on l’aime : Le cinéma d’auteur chinois n’a rien perdu de son ensorcelante radicalité, comme le prouve cette traversée du miroir en pleine forêt du Hunan, où l’on plonge et ressort d’un rêve en un travelling ou un mouvement de caméra reptilien. Derrière les apparences à l’épure austère, Silent Ghosts est une fable contemplative d’une générosité extraordinaire.
Notre critique de Silent Ghosts



Snow in Midsummer | Chong Keat Aun (Malaisie)
Découvert à la Mostra de Venise
L’histoire : En 1969, les tensions post-électorales se sont emparées de Kuala Lumpur tandis que l’opéra de rue cantonais Snow in June est présenté au public. Au milieu de l’émeute, Ah Eng et sa mère cherchent refuge avec la troupe, perdant le contact avec leurs proches…
Pourquoi on l’aime : Deuxième film malaisien de notre article, Snow in Midsummer parvient lui aussi à suggérer puissamment la violence de l’Histoire sans pour autant la filmer directement. Sens des contrastes étonnants, brillante gestion du rythme, construction ambitieuse : cette mise en scène élégante et inspirée aborde avec justesse la question du point de vue.
Notre critique de Snow in Midsummer


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Dossier réalisé par Gregory Coutaut & Nicolas Bardot le 18 décembre 2023.

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