Festival de Films de Femmes de Créteil | Critique : Life is Not a Competition, But I’m Winning

Un collectif d’athlètes queer se rend dans le stade olymypique d’Athènes afin de rendre hommage à toutes celles et ceux qui dans l’Histoire ont été exclu.e.s des podiums à cause de leur genre.

Life is Not a Competition, But I’m Winning
Allemagne, 2023
De Julia Fuhr Mann

Durée : 1h19

Sortie :  –

Note :

TOUTES ENSEMBLE

A l’heure où les personnes trans se retrouvent encore régulièrement exclues des compétitions sportives (jusqu’à l’absurdité, comme dans le cas très récent des compétitions internationales d’échecs), le documentaire Life is Not a Competition But I am Winning vient remettre les pendules à l’heure. « L’histoire est écrite par les vainqueurs », selon la célèbre citation de l’historien Robert Brasillach. Si la postérité ne retient en effet que les récits de quiconque a réussi à s’imposer, qu’advient-il de toutes celles et ceux qui ont dû s’incliner face aux discriminations de leur époque ? Ces « vaincus » sont-ils effacés à jamais ? Pour corriger le présent, la réalisatrice allemande Julia Fuhr Mann et ses protagonistes nous invite à revisiter le passé, à redécouvrir une histoire parallèle trop vite oubliée.

Dans le stade olympique d’Athènes, lieu de naissance des Jeux Olympiques aux doux idéaux humanistes (« le sport au service d’un développement harmonieux de l’humanité », slogan auquel on a envie de répondre « chiche »), un groupe d’athlètes queer semble préparer un étrange rituel. Leur regard est plein de défi et leurs corps sont iconisés par une mise en scène aux airs de réponse cinglante à la propagande masculinise de Leni Riefenstahl. La caméra les filme alors qu’ils et elles échangent des anecdotes blasées sur des sujets violents toujours d’actualité (pression des apparences féminines, jusqu’aux certificats gynécologiques ou aux tests adn), mais le film sait aussi s’échapper géographiquement (comment les stéréotypes de genre se retrouvent programmés dès les cours de sport au lycée) et historiquement, remontant le temps à coups d’exemples édifiants.

De l’athlète américano-polonaise des années 30 Stella Walsh, que l’Histoire à immédiatement enterrée après que son autopsie a révélé qu’elle était intersexe, à l’Afro-Américaine Wilma Rudolph, dont les succès pouvaient à peine être célébrés à cause de la ségrégation raciale alors en vigueur, Life is Not a Competition But I am Winning ouvre un passionnant livre d’Histoire, à la forme souvent brute mais à l’enthousiasme contagieux. Comme dans une version alternative et utopique d’un album panini rempli de joueurs de foots et autre gaillards, le film peut se voir comme un émouvant catalogue de femmes aux corps non-conformes que l’Histoire aurait dû continuer à considérer comme les gagnantes qu’elles étaient.

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par Gregory Coutaut

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