Festival CPH:DOX | Critique : Echo of You

Portrait de neuf personnes âgées danoises, qui parlent de leur deuil mais aussi de leur vie amoureuse.

Echo of You
Danemark, 2023
De Zara Zerny

Durée : 1h16

Sortie : –

Note :

CELLES ET CEUX QUI RESTENT

Echo of You, dévoilé en première mondiale cette semaine à l’IDFA, débute par des images où les interlocutrices et interlocuteurs de la cinéaste Zara Zerny se confient les yeux fermés. Ce sont toutes et tous des personnes de plus de 80 ans, qui ainsi se plongent profondément dans leurs sentiments intimes – sentiments qui habituellement sont tus. Zerny aborde en effet un tabou : celui du deuil, un sujet dont l’entourage des protagonistes ne souhaite pas forcément parler, mais qui est pourtant central dans la vie de celles et ceux qui ont perdu leur compagne ou compagnon de toujours.

L’absence reste pourtant parfois une présence : cela peut être le contenu d’un sac à main, ou un parfum toujours là dans le placard. Les yeux fermés de la première scène suggèrent qu’il y a quelque chose de plus à voir que le vide laissé par la disparition. Echo of You traite de l’esprit des disparu.e.s, une présence si forte qu’elle perdure après la mort, même s’il ne s’agit peut-être que d’une fata Morgana. A la maison, il reste les meubles, les draps, les peintures accrochées au mur, l’eau qui coule dans l’évier. Le balancier de l’horloge est imperturbable, mais le fauteuil désormais vide demeure pourtant bel et bien occupé.

Le dispositif épuré choisi par la cinéaste met en valeur la richesse émotionnelle du film. Cette simplicité permet de nouer une intimité avec celles et ceux qui nous parlent – la perte d’un être cher ressentie comme une blessure éternelle, comme la perte d’un membre. Les peaux, saisies en quelques gros plans, sont ridées, tandis que les souvenirs sont vifs. Des souvenirs heureux, des discussions sur l’amour – c’est peut-être l’autre sujet tabou abordé par le film : l’amour et le sexe raconté par des grands mères et grands pères. Les protagonistes sont, à l’écran, projeté.e.s dans le passé des vieilles photos. Mais aujourd’hui, comment expérimenter de belles choses sans pouvoir les partager ? Le film aborde cette solitude avec une bouleversante sensibilité et une remarquable chaleur humaine.

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par Nicolas Bardot

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