C’est un bilan que nous réalisions tous les ans sur FilmDeCulte et que nous avons souhaité poursuivre sur Le Polyester. Quels ont été les meilleurs films de 2019 parmi ceux encore inédits dans les salles françaises ? Certains ont fait leur première française en festivals mais aucun n’a encore de date de sortie officielle. On espère qu’ils continueront à circuler, voire pour certains qu’ils auront droit à une grande exposition, et que la curiosité des distributeurs trouvera un écho chez les exploitants. Voici en tout cas 25 coups de cœur qu’on vous conseille de surveiller !
• 37 Seconds | Hikari (Japon)
Le pitch : Yuma est une jeune femme japonaise atteinte de paralysie. Partagée entre ses obligations envers sa famille et son rêve de devenir mangaka, elle cherche à mener une vie autonome.
Pourquoi on l’aime : Prix du public à la Berlinale, ce premier long métrage très généreux a un charme fou et un cœur gros comme ça.
Notre critique de 37 Seconds
• Bait | Mark Jenkin (Royaume-Uni)
Le pitch : Dans une petite ville côtière, la cohabitation entre des pêcheurs précaires et les touristes de la ville réveille des tensions sociales, jusqu’au drame.
Pourquoi on l’aime : C’est un ovni qui a l’air hors du monde et hors du temps, c’est aussi un film sur ici et maintenant. Bait, en tout cas, ne ressemble à rien de ce que l’on voit habituellement.
Notre critique de Bait
• The Body Remembers When the World Broke Open | Elle-Máijá Tailfeathers & Kathleen Hepburn (Canada)
Le pitch : En pleine rue, Áila tombe sur Rosie, visiblement en détresse. Elle décide de la recueillir chez elle.
Pourquoi on l’aime : Tourné en un plan séquence, The Body Remembers pourrait être un tour-de-force m’as-tu-vu mais la forme ici sert avant tout l’urgence et la sensibilité de ce récit politique sur la solidarité féminine.
Notre critique de The Body Remembers When the World Broke Open
Notre entretien avec Elle-Máijá Tailfeathers & Kathleen Hepburn
• Clemency | Chinonye Chukwu (Etats-Unis)
Le pitch : Les années passées près du quartier des condamnés à morts n’ont pas été sans conséquences pour Bernadine Williams, directrice de prison. Alors que l’exécution d’un nouveau détenu se prépare, Bernadine doit faire face à ses démons et va être confrontée à l’homme qu’elle est condamnée à tuer.
Pourquoi on l’aime : Alors que Sundance a parfois oublié le véritable sens du cinéma indépendant, l’excellente dernière édition a vu un film puissant, radical et vraiment indé remporter sa compétition – avec une Alfre Woodard qui mérite tous les Oscars.
Notre critique de Clemency
• Die Kinder der Toten | Kelly Copper & Pavol Liska (Autriche)
Le pitch : Le tourisme est en plein essor à la pension Alpenrose. Après sa mort accidentelle, Karin revient sous forme de morte-vivante. Dans un cinéma appartenant à une veuve nazie où le passé est célébré, les morts sont ramenés à la vie.
Pourquoi on l’aime : Qui aurait imaginé que l’un des films les plus drôles de l’année serait une adaptation d’Elfriede Jelinek ? Et que cette farce serait aussi un film à l’imaginaire fantastique plus riche que bien des produits de genre qu’on voit en festivals ?
Notre critique de Die Kinder der Toten
Notre entretien avec Kelly Copper
• Divino amor | Gabriel Mascaro (Brésil)
Le pitch : Brésil, 2027. Une femme profondément religieuse utilise son travail pour empêcher les couples de divorcer. Elle est confrontée à une crise existentielle…
Pourquoi on l’aime : Audacieux, surprenant, malin, excitant – et tout à fait divin – Divino Amor a été l’un des voyages les plus ludiques et fascinants de l’année.
Notre critique de Divino amor
Notre entretien avec Gabriel Mascaro
• Fourteen | Dan Sallitt (Etats-Unis)
Le pitch : Mara et Jo sont amies depuis qu’elles ont quatorze ans. Mara est sérieuse, tandis que Jo attire les ennuis. Les années défilent entre petits boulots, drogue, larmes et grossesse.
Pourquoi on l’aime : Sallitt évite le film attendu et dresse un portrait d’une tristesse infinie. Le résultat brille d’un éclat rare qui brise le cœur.
Notre critique de Fourteen
• Goldie | Sam de Jong (Etats-Unis)
Le pitch : Goldie, fille du Bronx, souhaite devenir danseuse hip-hop. Suite à l’arrestation de sa mère, elle devra trouver son chemin.
Pourquoi on l’aime : Aussi émouvant que galvanisant, pop et politique, porté par une super-héroïne, Goldie rappelle les pépites récentes de Sean Baker.
Notre critique de Goldie
• Greener Grass | Jocelyn DeBoer & Dawn Luebbe (Etats-Unis)
Le pitch : Jill et Lisa vivent dans un quartier de banlieue idyllique. Lorsque Jill, dans un geste altruiste, offre son nouveau-né à Lisa, la paranoïa la submerge, tandis que ses peurs et ses angoisses prennent rapidement le dessus.
Pourquoi on l’aime : C’est un peu comme si John Waters avait joué avec ses Polly Pocket et en avait fait un film – hilarant et complètement déglingué.
Notre critique de Greener Grass
Notre entretien avec Jocelyn DeBoer & Dawn Luebbe
• Honeyland | Tamara Kotevska & Ljubomir Stefanov (Macédoine du Nord)
Le pitch : Ce documentaire raconte, dans la Macédoine rurale, l’histoire d’une femme qui travaille paisiblement dans une colonie d’abeilles mais qui va être confrontée à des difficultés inattendues.
Pourquoi on l’aime : Un documentaire d’une grande ambition et d’une grande beauté qui raconte la portée universelle d’un récit intime – et dont l’héroïne bigger than life est unique.
Notre critique de Honeyland
• I Was at Home, but… | Angela Schanelec (Allemagne)
Le pitch : Un jeune garçon de 13 ans réapparaît après avoir disparu pendant une semaine dans la nature. La vie, peu à peu, reprend son cours…
Pourquoi on l’aime : C’est pour nous le sommet de l’année. Prix de la mise en scène à la Berlinale, ce film sidérant dessine un imaginaire féminin d’une violente étrangeté.
Notre critique de I Was at Home, but…
• Krabi, 2562 | Anocha Suwichakornpong & Ben Rivers (Thaïlande)
Le pitch : Explorant le paysage et les histoires qui se racontent alentour, Krabi, 2562 saisit la ville à ce moment particulier où les univers de la préhistoire, du passé récent et de l’époque contemporaine s’entrechoquent.
Pourquoi on l’aime : Cette réflexion extrêmement poétique sur le temps, d’une grande délicatesse, pourrait avoir une distance expérimentale mais elle est, au contraire, profondément humaine.
Notre critique de Krabi, 2562
Notre entretien avec Anocha Suwichakornpong & Ben Rivers
• Monument | Jagoda Szelc (Pologne)
Le pitch : Des stagiaires en hôtellerie arrivent sur leur nouveau lieu de travail. Ils déambulent dans l’hôtel où l’atmosphère est de plus en plus étrange. Qu’est-ce qui se passe exactement en ce lieu ?
Pourquoi on l’aime : C’est un conte inquiétant rempli d’une force magnétique est d’un panache vénéneux. Et qui confirme le talent de sa jeune réalisatrice, déjà présente dans notre dossier de l’an passé avec Tower. A Bright Day.
Notre critique de Monument
Notre entretien avec Jagoda Szelc
• N° 7 Cherry Lane | Yonfan (Hong Kong)
Le pitch : Dans le Hong Kong tumultueux de la fin des années 60, un étudiant en littérature se retrouve plongé dans un triangle amoureux entre la jeune femme à qui il donne des cours particuliers et la mère de celle-ci.
Pourquoi on l’aime : Dingue et joyeusement tordu, cet ovni camp complètement jubilatoire est en dentelle de WTF et ne ressemble à rien de connu.
Notre critique de N° 7 Cherry Lane
Notre entretien avec Yonfan
• Normal | Adele Tulli (Italie)
Le pitch : Les mécanismes de construction et d’assimilation de genre dans la société italienne contemporaine, observés à travers un kaléidoscope de scènes de la vie quotidienne.
Pourquoi on l’aime : Un documentaire passionnant et très à propos sur l’absurdité et l’artifice de l’hétéronormativité à travers des rituels aussi quotidiens que grotesques.
Notre critique de Normal
Notre entretien avec Adele Tulli
• Oroslan | Matjaž Ivanišin (Slovénie)
Le pitch : Quand Oroslan meurt, la nouvelle provoque douleur et émotion. En partageant les souvenirs qu’ils ont de lui, les villageois recréent son image.
Pourquoi on l’aime : C’est le simple récit d’une vie humaine qui prend des proportions inattendues et émouvantes, et qui devient presque une légende: l’histoire secrète d’une région entière.
Notre critique de Oroslan
Notre entretien avec Matjaž Ivanišin
• Overseas | Sung-A Yoon (Belgique)
Le pitch : Aux Philippines, on déploie les femmes en masse à l’étranger comme aides ménagères ou nounous. Dans un centre de formation au travail domestique, un groupe de candidates au départ se préparent au mal du pays et aux maltraitances qui pourraient les atteindre.
Pourquoi on l’aime : Voilà un documentaire doux et humain qui dépeint la violence sociale auxquelles sont confrontées des femmes considérées comme de simples ombres.
Notre critique de Overseas / Notre entretien avec Sung-A Yoon
• Pelican Blood | Katrin Gebbe (Allemagne)
Le pitch : La vie idyllique d’une mère à la campagne est menacée lorsque la fillette qu’elle vient d’adopter, d’abord timide et charmante, se montre de plus en plus inquiétante et dangereuse…
Pourquoi on l’aime : Gebbe signe un étonnant film hybride qui va du drame psychologique à l’horreur en passant par les figures détournées du western. Porté par une Nina Hoss une fois de plus géniale.
Notre critique de Pelican Blood
• Reconstructing Utoya | Carl Javér (Suède)
Le pitch : Les jeunes Jenny, Mohammed, Rakel et Torje, tous survivants des attentats d’Utøya, reconstruisent leurs souvenirs dans un studio avec douze participants afin de partager leurs expériences et de se souvenir, tout en posant la question de la représentation de la violence.
Pourquoi on l’aime : Ce documentaire aussi fort qu’émouvant est un très singulier laboratoire sur ce que la reconstitution voire la fiction peuvent faire d’un traumatisme.
Notre critique de Reconstructing Utoya
• The Souvenir | Johanna Hogg (Royaume-Uni)
Le pitch : Une jeune étudiante en cinéma essaie de comprendre le monde qui l’entoure à travers le prisme de sa caméra. Sa vie change au fil de sa relation avec un homme plus âgé qu’elle.
Pourquoi on l’aime : D’une richesse picturale incroyable, à la fois cafardeux et d’une douceur pastel, The Souvenir ne ressemble jamais à un film sentimental, et se révèle pourtant d’une émotion terrassante.
Notre critique de The Souvenir
• Space Dogs | Elsa Kremser & Levin Peter (Autriche)
Le pitch : Laika, une chienne errante, fut le premier être vivant envoyé dans l’espace, et donc à une mort certaine. Une légende raconte que son fantôme est revenu sur terre et erre encore dans les rues de Moscou…
Pourquoi on l’aime : Du doc au conte de fées, Space Dogs crée un malaise, une étrange émotion et un vertige – voilà une expérience assez inouïe et probablement inoubliable.
Notre critique de Space Dogs
Notre entretien avec Elsa Kremser & Levin Peter
• Vanishing Days | Zhu Xin (Chine)
Le pitch : En 2009, lors d’un été suffocant. Li Senlin peine sur un essai qu’elle a à rédiger quand sa tante vient lui rendre visite. La réalité et la mémoire s’embrouillent…
Pourquoi on l’aime : Signé par un petit génie de 20 ans, ce labyrinthe poétique possède une dimension enchanteresse dans laquelle on se perd avec délectation.
Notre critique de Vanishing Days
Notre entretien avec Zhu Xin
• Vitalina Varela | Pedro Costa (Portugal)
Le pitch : Vitalina Varela, une Cap-Verdienne de 55 ans, arrive à Lisbonne trois jours après les obsèques de son mari. Elle a attendu son billet d’avion pendant plus de 25 ans.
Pourquoi on l’aime : C’est un diamant noir dans lequel Pedro Costa sculpte la lumière comme nul autre et qui est d’une beauté proprement stupéfiante.
Notre critique de Vitalina Varela
• Women Make Film | Mark Cousins (Royaume-Uni)
Le pitch : Women Make Film est un documentaire épique sur l’histoire du cinéma envisagée uniquement par le biais des réalisatrices.
Pourquoi on l’aime : Un incroyable documentaire-fleuve (14 heures !) posant de nombreuses questions de mise en scène en explorant l’oeuvre d’innombrables réalisatrices – une source de découvertes et de talents intarissable.
Notre critique de Women Make Film
• X&Y | Anna Odell (Suède)
Le pitch : Une artiste engage des acteurs célèbres pour une expérience: une exploration de l’identité masculine et féminine.
Pourquoi on l’aime : C’est un jeu de rôle étonnant et drôle, d’un vertige grisant, par une réalisatrice définitivement à suivre.
Notre critique de X&Y
Notre entretien avec Anna Odell
Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut le 3 décembre 2019.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |