Berlinale 2019 | Critique : Vanishing Days

En 2009, lors d’un été suffocant. Li Senlin peine sur un essai qu’elle a à rédiger quand sa tante vient lui rendre visite. La réalité et la mémoire s’embrouillent quand sa tante lui remémore une étrange histoire survenue sur une île déserte. Et pendant ce temps, tout le monde est écrasé par la chaleur…

Vanishing Days
Chine, 2018
De Zhu Xin

Durée : 1h34

Sortie : –

Note : 

ULTRA RÊVE

C’est un premier long métrage dont le tournage a débuté alors que son réalisateur (lire notre entretien) n’avait que 20 ans, le tout à partir d’un micro-budget. Vanishing Days est pourtant plus impressionnant que la plupart des premiers longs métrages sages et calibrés, tournés plus confortablement par des réalisateurs plus âgés que l’on loue à longueur d’année en festivals. Le point de départ de Vanishing Days est plutôt simple : une jeune fille doit écrire un essai tandis que la chaleur est suffocante. C’est d’une certaine manière un récit d’apprentissage, mais où l’on apprend avant tout par l’imaginaire. Une pure rêverie remplie de mystères et de secrets comme autant de tours de magie hypnotiques.

Quelle est la nature de ce que l’on voit dans Vanishing Days ? Est-ce le réel, est-ce ce que l’héroïne crée ? Est-ce un songe, un souvenir ? Zhu Xin brouille à merveille la frontière qui sépare le présent de la mémoire, le fantasme du réel. Pourquoi choisir ? S’il a la sophistication du jeune cinéma d’auteur chinois, Vanishing Days rappelle aussi la grâce onirique d’un certain cinéma thaïlandais d’aujourd’hui. Zhu a la dextérité pour mêler rêve et réalité comme le ferait un Weerasethakul, et cite Tsai Ming-Liang pour la façon dont il utilise l’espace urbain comme un outil narratif.

Il y a une vraie dimension enchanteresse dans Vanishing Days. C’est un labyrinthe qui crée une intertextualité entre les séquences : des rimes et des correspondances comme autant d’indices. La narration est fluide tel le lac placide qu’on contemple dans le long métrage. C’est un grand film d’eaux, de pluies d’été, de ciel orageux, de balade en barque ; on y croise des tortues, des poissons, des méduses. C’est aussi un grand film d’ombres, de soleil couchant dans lequel on ne distingue plus que des silhouettes, de grottes qui dissimulent des secrets, de brume et de disparition surréelle (scène absolument superbe). Et on nage avec délectation dans ces entrelacs poétiques, aussi minimalistes que peut être la toute petite vie d’une jeune fille et aussi ambitieux que son imaginaire : grand comme une carte du monde.

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par Nicolas Bardot

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