Envie de voir quelque chose de différent ? Le Polyester a, comme chaque année, à cœur de mettre en valeur les propositions artistiques qui sortent de l’ordinaire et les cinéastes qui ne suivent que leur propre recette. Après les révélations de l’année (dont certaines auraient pu figurer dans ce dossier !), place désormais aux films qui sont le plus sortis des sentiers battus en 2023.
• Beau is Afraid | Ari Aster (Etats-Unis)
C’est certainement le tour de grand huit le plus imprévisible de l’année. Après deux films d’horreur qui n’avaient déjà peur de rien (Hérédité et Midsommar), l’Américain Ari Aster signe un ovni maboul en totale liberté, un récit sur la lâcheté et la culpabilité où se rencontrent le cauchemar le plus vertigineux et la comédie la plus grinçante.
Notre critique de Beau is Afraid
• La Chimère | Alice Rohrwacher (Italie)
Dévoilé lors de la dernière compétition du Festival de Cannes, La Chimère est un film sans frontière, où les registres (conte, comédie, amertume) cohabitent en un ton unique. La talentueuse cinéaste italienne (actuellement à l’honneur au Centre Pompidou et sur Mubi) partage une sensibilité qui n’appartient qu’à elle avec cette superbe invitation au voyage intérieur.
Notre critique de La Chimère
Notre entretien avec Alice Rohrwacher
• Les Damnés ne pleurent pas | Fyzal Boulifa (Maroc)
Sélectionné à la Mostra de Venise et sorti cet été en salles, Les Damnés ne pleurent pas est un double portrait à la structure audacieuse, et qui avec fluidité peut aller du réalisme au camp. Le Britannique Fyzal Boulifa, révélé avec le brillant Lynn + Lucy, confirme qu’il faudra compter sur lui avec ce nouveau film poignant, et qui évite les sentiments simplistes.
Notre critique des Damnés ne pleurent pas
• De humani corporis fabrica | Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor (France)
Disséquant aussi bien les corps humains que le corps hospitalier, ce documentaire au style unique évolue de la science-fiction au drame pathétique, de l’horreur au film social en passant par le cinéma abstrait. De humani corporis fabrica fut l’un des nombreux sommets de la dernière Quinzaine 2022, et nous vous invitons à le redécouvrir après sa sortie en salles malheureusement trop discrète.
Notre critique de De humani corporis fabrica
• Désordres | Cyril Schäublin (Suisse)
Primé l’an passé dans l’excitante compétition Encounters de la Berlinale, Désordres est un ovni suisse qui ne ressemble à rien de connu. Comédie rêveuse et absurde, récit historique sur un mouvement anarchiste qui ne ressemble jamais à un film historique, le séduisant long métrage de Cyril Schäublin est un film au charme unique.
Notre critique de Désordres
Notre entretien avec Cyril Schäublin
• Earwig | Lucile Hadzihalilovic (France)
Primé à San Sebastian, Earwig signe le retour très attendu et en grande forme de la passionnante Lucile Hadzihalilovic. La précieuse cinéaste réalise un ambitieux conte en clair-obscur, fascinant et entêtant, comme immergé dans un état d’hypnose. Il s’agit sans nul doute d’une des mises en scène les plus envoûtantes de l’année.
Notre critique de Earwig
Notre entretien avec Lucile Hadzihalilovic
• Eternal Daughter | Joanna Hogg (Royaume-Uni)
Eternal Daughter sort doublement des sentiers battus : d’abord car il s’inscrit de manière surprenante dans un genre qui tranche nettement avec les autres longs métrages de Joanna Hogg. Ensuite parce qu’on ne voit pratiquement plus jamais ce type de film gothique, dont les codes sont ici respectés à la lettre. Le résultat est un drame ensorcelant, dans lequel Tilda Swinton est souveraine.
Notre critique de Eternal Daughter
• Mal viver / Viver mal | João Canijo (Portugal)
Du portrait de psychose collective à la comédie névrosée en passant par un mystère magnétique, le diptyque du Portugais João Canijo, primé à la Berlinale, est l’une des grandes curiosités de l’année. Ce double récit dérangé est une expérience étonnante qui se distingue aisément de tout ce qu’on a pu vivre en salles en 2023.
Nos critiques de Mal viver et de Viver mal
Notre entretien avec João Canijo
• La Montagne | Thomas Salvador (France)
Loin de la carte postale existentielle que pouvait laisser craindre son pitch, La Montagne, sélectionné à la Quinzaine 2022, est une ahurissante et mystérieuse expédition qui nous fait ressentir l’ivresse des sommets. Thomas Salvador signe un film d’une subtile élégance et qui parvient avec finesse à ne jamais être trop littéral.
Notre critique de La Montagne
• Music | Angela Schanelec (Allemagne)
Après l’extraordinaire J’étais à la maison, mais… (qui a terminé à la première place de notre top 2022), la grande cinéaste allemande signe un nouveau chef d’œuvre avec ce film primé à la Berlinale. Music est un stupéfiant tour-de-force formel et narratif, un voyage d’une profondeur et d’un vertige magnétiques qui laisse bouche bée.
Notre critique de Music
Notre entretien avec Angela Schanelec
• N’attendez pas trop de la fin du monde | Radu Jude (Roumanie)
La concurrence pour le prix du film le plus hors normes en 2023 a été rude, mais sur la ligne d’arrivée, personne n’a réussi à battre N’attendez pas trop de la fin du monde. Tout juste auréolé de son Ours d’or pour Bad Luck Banging, Radu Jude poursuit son geste punk et dingo avec ce puzzle corrosif, un tour du monde au ton unique entre courroux désespéré et larmes de rire.
Notre critique de N’attendez pas trop de la fin du monde
Notre entretien avec Radu Jude
• The Survival of Kindness | Rolf de Heer (Australie)
En compétition à la dernière Berlinale, The Survival of Kindness mêle de manière inattendue le récit historique et la fable de science-fiction. L’Australien Rolf de Heer signe une mise en scène spectaculaire avec cette saisissante allégorie politique de la brutalité, qu’il s’agisse de la colonisation ou du racisme. The Survival of Kindness vient de sortir dans les salles françaises.
Notre critique de The Survival of Kindness
Notre entretien avec Rolf de Heer
Dossier réalisé par Gregory Coutaut & Nicolas Bardot le 14 décembre 2023.
| Suivez Le Polyester sur Bluesky, Twitter, Facebook et Instagram ! |