Transilvania Film Festival 2023 : notre bilan

La 22ème Edition du Transilvania International Film Festival s’est achevée ce dimanche par le couronnement de nombreuses réalisatrices. Comme chaque année, Le Polyester était présent sur place à Cluj-Napoca pour couvrir cette manifestation toujours aussi éclectique et stimulante.


Rotting in the Sun

Même si la pluie a contraint le TIFF à relocaliser une partie de ses nombreuses projections en plein air, elle n’a pas empêché cette édition 2023 de battre plusieurs records. Tout d’abord un record de fréquentation, les salles étant régulièrement remplies à ras-bord d’un public avide de culture et majoritairement jeune, mais aussi un record du côté des invités, plus nombreux et prestigieux que les années précédentes. Geoffrey Rush, Oliver Stone, Timothy Spall, Michel Franco ou encore l’acteur roumain Horatiu Malaele… sur le papier la liste des honorés avait certes de quoi faire vendre des tickets mais ressemblait quand même beaucoup à un bon vieux club de mecs de plus. Cette impression-là a heureusement été contrebalancée par une programmation très inclusive, notamment en cinéma queer (Rotting in the Sun, La Piedad, A Human Position…). Pôle étudiant international, l’accueillante ville de Cluj-Napoca possède d’ailleurs sa propre Marche des Fiertés qui a justement eu lieu le dernier weekend du Festival.


Family Time

Le spectre de l’entre-soi masculin a également été déjoué par le palmarès : pour la première fois de l’Histoire du festival, les trois prix principaux ont en effet été remis à des réalisatrices. Le film Like a Fish on the Moon de l’Iranienne Dornaz Hajiha est reparti doublement primé avec le Transilvania Trophy (prix principal du Festival) et le prix d’interprétation féminine, tandis que la Brésilienne Carolina Markowicz a remporté le prix de la mise en scène pour Charcoal et que la Finlandaise Tia Kouvo s’est vu remettre le prix spécial du jury pour Family Time, deux films aussi grinçants que brillants. Même son de cloche du coté des courts métrages, où les trois films primés étaient signés de jeunes réalisatrices. Du côté des autres jurys, notons le coup double des documentaires queer : Between Revolutions de Vlad Petri a remporté la section Romanian Days tandis que l’argentin Anhell69 de Theo Montoya a remporté l’excellente section What’s Up Doc ?. Retrouvez l’intégralité du palmarès.


Smoke Sauna Sisterhood

Du long au court, de la VR à la série télé (la dernière saison de la série culte L’Hôpital et ses fantômes a été projetée lors d’une séance marathon), du gore à la comédie, tous les visages du cinéma contemporain étaient présents au TIFF, et on a retrouvé dans la sélection 2023 de nombreux coups de cœur découverts en festivals ces derniers mois, pour la plupart encore inédits en France : Knit’s Island, And the King Said What a Fantastic Machine, Totem, Le Ciel rouge, 100 Seasons, Bread and Salt, Smoke Sauna Sisterhood, Tigru, La Main…). Et à propos d’inédits, l’un des moments forts du festival fut sans doute la projection surprise en première mondiale, uniquement annoncée une fois le festival débuté, de MMXX, le nouveau long métrage de Cristi Puiu. Présenté comme la première moitié d’un diptyque par le cinéaste, qui fut accueilli sur place avec enthousiasme malgré ses étranges propos anti-masques lors de l’édition 2020, ce long métrage est encore sous embargo à l’heure où nous écrivons ce bilan. Retrouvez notre critique très bientôt.


Twilight

Mais c’est aussi grâce à ses rétrospectives que le TIFF s’est bâti année après année sa réputation de choix de festin cinéphile. Les festivaliers de 2017 gardent ainsi sans doute un souvenir vif de l’étonnante carte blanche laissée à la cinémathèque finlandaise de la pornographie. Cette année, cette carte blanche a été donnée au Festival de Göteborg, spécialisé dans le cinéma scandinave. Ce fut l’occasion de découvrir avec plaisir plusieurs rareté venues du froid, tels l’islandais A Murder Story (1977), comédie noire et féroce sur une bourgeoisie incestueuse, le norvégien Lake of the Dead (1958) et son fantastique psycho-rétro, ou encore Images of a Relief (1982), ambitieux film de fin d’études de Lars Von Trier sous pleine influence de Tarkovski et où l’on voit déjà les prémices d’Element of Crime. La (re)découverte la plus hallucinante était néanmoins à chercher du côté de la traditionnelle journée hongroise du festival, sous la forme de la copie restaurée de Twilight de György Fehér, un film noir transformé en une errance fantasmagorique en pleine forêt maudite par un collaborateur de Bela Tarr. Décidément, la Transylvanie est une terre cinéphile qui mérite plus qu’un coup d’oeil.

Retrouvez l’intégralité de nos critiques et de nos entretiens sur notre page dédiée au festival.

Gregory Coutaut

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