Critique : La Main

Lorsqu’un groupe d’amis découvre comment conjurer les esprits à l’aide d’une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?

La Main
Australie, 2023
De Danny & Michael Philippou

Durée : 1h35

Sortie : 26/07/2023

Note :

PARLE A MA MAIN

Dans une banlieue australienne, des adolescents trompent l’ennui en invoquant des esprits, et pour notre plus grand plaisir leur rituel va évidemment tourner mal. On a connu point de départ plus unique mais si certains archétypes ont la peau dure, c’est bien qu’ils continuent à avoir du jus à donner. Or, La Main est un film d’horreur particulièrement juteux, et les cinéastes jumeaux Danny et Michael Philippou ont plusieurs bonnes surprises cachées sous le coude.

A quelques semaines d’intervalle, La Main se retrouve présenté à Sundance dans la section Midnight mais également hors compétition à la Berlinale, parmi des films d’auteurs pointus. Un tel grand écart va bien à ce film malin qui parvient effectivement à jouer avec succès sur deux tableaux. Avec ses personnages écrits et interprétés avec davantage de finesse et de soin qu’ailleurs, La Main s’avère plus réaliste que bien des films sur l’adolescence. Pris hors contexte, certains passages du film sembleraient même appartenir à un très bon drame plutôt qu’au registre fantastique.

La Main ne mégote pourtant pas sur la peur, avec son suspens jubilatoire, son rituel plutôt original et bien exploité, et surtout ses éclats soudains de brutalité choc. Ces derniers sont rendus d’autant plus efficaces que le va-et-vient du film entre les deux registres rend sa structure globale délicieusement imprévisible. Les protagonistes vont-ils analyser leurs sentiments avec maturité ou bien tenter de s’arracher un œil ?

La Main demeure pourtant tout à fait harmonieux. Ce qui l’explique en partie, c’est que les deux tons sont tous deux traités de la même manière : avec un mélange de réalisme sérieux et de grotesque amusé. Cette alliance rend la violence physique à la fois éprouvante et drôle, et elle permet surtout au film de faire en filigrane une peinture nuancée, drôle et pourtant très crédible, de la maladresse des jeunes adolescents face à la sexualité. Ce dernier point est source des meilleures surprises de La Main, mais on n’en dira pas plus…

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par Gregory Coutaut

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