Parmi nos dossiers de fin d’année, nous vous proposons habituellement une liste de coups de cœur découverts en festivals et qui n’ont pas encore de distributeurs français. Cette année, nous avons eu l’opportunité de couvrir encore plus de festivals que d’habitude, notamment à l’étranger où nous étions parfois le seul média français présent. Parmi les nombreuses découvertes que nous avons pu y faire et dont nous vous avons parlé au fil de l’année, nous avons souhaité mettre en valeur 15 films d’horizons très différents (présentés ici dans l’ordre alphabétiques) qui non seulement n’ont pas de sortie prévue chez nous, mais n’ont pas encore été diffusé dans des festivals français (à notre connaissance en tout cas). Nous espérons que que cette liste puisse aiguiser la curiosité des cinéphiles, des programmateurs et distributeurs, et que ces films circulent bientôt chez nous. On vous conseille en tout cas de les surveiller !
• A Man and a Camera | Guido Hendrikx (Pays-Bas)
L’histoire : Que feriez-vous si quelqu’un se présentait devant chez vous sans rien dire, avec une caméra ?
Pourquoi on l’aime : Tourné intégralement en caméra subjective, cet inclassable documentaire est un rébus imprévisible et choquant, quelque part entre malaise et rire, entre du home invasion et un épisode de caméra cachée, entre Michael Haneke et Marcel Beliveau.
Notre critique d’A Man and a Camera
Notre entretien avec Guido Hendrikx
• The Edge of Daybreak | Taiki Sakpisit (Thaïlande)
L’histoire : Dans les années 70, quelque part dans un village isolé, une météorite tombe dans un étang.
Pourquoi on l’aime : On est ressorti hypnotisés de cette monumentale allégorie thaïlandaise en noir et blanc. Un tour de force immersif dans une jungle fantomatique où, comme chez Lav Diaz, l’Histoire se transforme en un lent cauchemar chuchoté.
Notre critique de The Edge of Daybreak
Notre entretien avec Taiki Sakpisit
• Farewell, My Hometown | Wang Er Zhuo (Chine)
L’histoire : Une femme âgée vivant dans les montagnes pense à sa vie et aux difficultés qu’elle a rencontrées.
Pourquoi on l’aime : Le grand gagnant de Busan, signé par les producteurs de Bi Gan, raconte des histoires intimes de lieux et du temps, mises en scène avec une grâce absolue et une proximité hypersensible. Quelle majesté, quel sens de la mise en scène et quelle ambition narrative.
Notre critique de Farewell, My Hometown
• Generation Utøya | Aslaug Holm et Sigve Endresen (Norvège)
L’histoire : Le portrait de quatre jeunes femmes qui ont toutes survécu à l’attaque terroriste d’Utøya en 2011.
Pourquoi on l’aime : Plutôt que de prétendre documenter le pendant ou le juste-après des évènements, Generation Utøya est un documentaire qui raconte, dix ans après le traumatisme, une reconstruction galvanisante à la fois personnelle et collective.
Notre critique de Generation Utøya
• Gritt | Itonje Søimer Guttormsen (Norvège)
L’histoire : Productrice pour le théâtre, Gritt rêve de monter sur scène une ambitieuse satire sociale.
Pourquoi on l’aime : A l’image de sa protagoniste incapable d’expliquer à autrui son projet artistique qui pourrait pourtant sauver le monde, Gritt est un film à la fois angoissé et poignant, qui happe comme un imprévisible et mystérieux chant de sirène venu d’ailleurs.
Notre critique de Gritt
Notre entretien avec Itonje Søimer Guttormsen
• Holy Emy | Araceli Lemos (Grèce)
L’histoire : Membre de la communauté philippine catholique de Grèce, Emy connaît de mystérieux épisodes hémorragiques.
Pourquoi on l’aime : Encore un récit d’apprentissage adolescent ? Sauf que celui-ci (primé à Locarno) est rempli d’un mauvais esprit jubilatoire, qu’il sait utiliser le fantastique pour parler de politique et qu’il fait preuve de beaucoup de personnalité au moment de brouiller les genres. Miam.
Notre critique de Holy Emy
Notre entretien avec Araceli Lemos
• Luzifer | Peter Brunner (Autriche)
L’histoire : Johannes et sa mère vivent isolés au cœur des Alpes. Un projet touristique menace d’empoisonner leur paradis et de réveiller le diable.
Pourquoi on l’aime : Formidable et gonflé, ce huis-clos (paradoxalement filmé dans des paysages immenses), nous avale tout rond comme la nature gigantesque avale ici Franz Rogowski, une fois de plus magistral, dans ce rôle de fermier illuminé persuadé que le diable est à ses trousses.
Notre critique de Luzifer
• Moon 66 Questions | Jacqueline Lentzou (Grèce)
L’histoire : Après des années passées éloignés, Artemis doit retrouver son père à Athènes en raison de l’état de santé fragile de ce dernier.
Pourquoi on l’aime : Comment faire comprendre à un père incapable de communiquer que l’on a compris son secret le plus intime? Gros coup de cœur (brisé) pour ce portrait familial dingo qui se transforme en charade mélodramatique et vibrante, où les personnages se tournent autour telles des planètes tragicomiques.
Notre critique de Moon 66 Questions
Notre entretien avec Jacqueline Lentzou
• The North Wind | Renata Litvinova (Russie)
L’histoire : Le clan matriarcal dirigé par la magnifique Margarita entre dans une période turbulente car son fils a perdu sa fiancée bien-aimée.
Pourquoi on l’aime : Blotti dans un manoir Ferrero enneigé, mi-Bollywood mi-Greenaway (c’est l’une des plus opulentes directions artistiques de l’année), ce conte de noël virevoltant est est un cadeau tordu et superbement emballé.
Notre critique de The North Wind
• The Scary of Sixty-First | Dasha Nekrasova (Etats-Unis)
L’histoire : Deux amies découvrent que l’appartement de rêve qu’elles louent à New York est en fait hanté par Jeffrey Epstein et ses victimes.
Pourquoi on l’aime : Coécrit par la réalisatrice et sa compagne, ce neo-giallo d’un culot incroyable utilise les codes cinéphiles de l’horreur parano et satanique des années 70 pour mieux parler d’un scandale réel et brulant – l’affaire Epstein. Le résultat = la contre-culture dans ce qu’elle a de plus subversif. Prix du meilleur premier film à la Berlinale.
Notre critique de The Scary of Sixty-First
• The Story of Southern Islet | Keat Aun Chong (Malaisie)
L’histoire : A la recherche d’un remède pour guérir son mari tombé soudainement malade, Yan devient témoin d’expériences surnaturelles.
Pourquoi on l’aime : Dans une campagne de Malaisie mise en valeur par une photo sublime, une famille vivote bon an mal an. Cela pourrait être un vieux Hou Hsiao-Hsien, sauf qu’ici papa est possédé. Voilà un jeune auteur qui n’a pas peur du grand écart : tant mieux.
Notre critique de The Story of Southern Islet
• Three Minutes, a Lengthening | Bianca Stigter (Pays-Bas)
L’histoire : Trois minutes filmées par un reporter amateur dans une ville juive de Pologne en 1938.
Pourquoi on l’aime : Ce passionnant documentaire, narré par Helena Bonham Carter, transforme trois minutes d’images d’archives en une vertigineuse enquête et surtout en une éloquente expérimentation sur la mémoire.
Notre critique de Three Minutes, a Lengthening
• Tu me ressembles | Dina Amer (États-Unis)
L’histoire : En banlieue parisienne, deux sœurs se retrouvent séparées. Hasna, l’aînée, lutte pour trouver son identité.
Pourquoi on l’aime : Difficile de ne pas trop en dire face au gigantesque effet de surprise de ce film qui enlève ses masques en cours de route. Une écriture imprévisible et un point de vue unique sur un sujet choc qui ne se dévoile que progressivement (donc chut) : à nos yeux l’une des plus stupéfiantes révélations de l’année.
Notre critique de Tu me ressembles
Notre entretien avec Dina Amer
• Tzarevna Scaling (The Fisherman’s Daughter) | Uldus Bakhtiozina (Russie)
L’histoire : Après avoir bu un mystérieux thé, Polina se réveille dans monde parallèle où elle doit devenir une Tzarevna, c’est à dire une fille de tsar.
Pourquoi on l’aime : L’autre sommet de direction artistique de l’année. Cette fable onirique est un flamboyant coffre à trésor (coiffes et bijoux défiant l’imagination, diamants jusque sur les dents, maquillages vertigineux, fanfreluches orgiaques) où l’iconographie slave rencontre la photographie contemporaine.
Notre critique de Tzarevna Scaling
Notre entretien avec Uldus Bakhtiozina
• Vi (Taste) | Lê Bảo (Vietnam)
L’histoire : Un Nigérian et quatre Vietnamiennes errent dans les bidonvilles sombres et peu accueillants de Ho Chi Minh-Ville.
Pourquoi on l’aime : En cachette du monde (dans une prison ? Un atelier clandestin ?), quelques marginaux démunis préparent un mystérieux rituel. Ce splendide premier film d’un jeune cinéaste vietnamien, primé à Berlin, évoque les fulgurances de Tsai Ming-Liang et Pedro Costa, rien que ça.
Notre critique de Taste
Notre entretien avec Lê Bảo
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Dossier réalisé par Gregory Coutaut le 13 décembre 2021.
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