2020 a été une année paradoxale pour le Polyester. Alors même que nous avons rarement vu aussi peu de films sortir en salles (il y en a quand même eu de très bons !), nous avons en réalité rarement vus autant de films. Cela fut possible grâce au circuit des festivals internationaux qui se sont adaptés dans l’urgence à des formules en ligne, et dans cette année de déplacements restreints, nous n’avons finalement jamais couvert autant de festivals. Des bons films, nous avons eu la chance d’en voir plein, et on eu a plus d’une fois l’impression curieuse d’y retrouver notre inclassable état d’être de 2020, fait d’isolement et de gourmandise. Dans des espaces gigantesques (Sortilège, Genus Pan) ou exigus (Exit, Shadow in the Cloud), il a en effet plané sur certains sommets cinématographiques de l’année une sensation d’étouffement aux airs de malédiction. Une étrange claustrophobie a transformé les meilleurs drames domestiques en maisons hantées et labyrinthes passionnants (Malmkrog, La Llorona, The Trouble With Being Born, Strasbourg 1518, Je veux juste en finir). Mais face à cela, de nombreux autres grands films de 2020 ont fait leurs le paradoxe cité plus haut, nous donnant à ressentir à la fois l’expérience amère de l’exclusion et celle de la chaleur humaine. Cette précieuse ambiguïté, reconnue dans les va-et-vient virtuoses des films qui composent mon top 10 (mais aussi dans Days, True Mothers, les courts Playback et Corona Voicemails…) voilà ce que je retiendrai de cette année.
TOP 2020 (films sortis en salles)
- Sortilège, d’Ala Eddine Slim
- Malmkrog, de Cristi Puiu
- La Femme qui s’est enfuie, d’Hong Sang-Soo
- Never Rarely Sometimes Always, d’Eliza Hittman
- City Hall, de Frederick Wiseman
- Kajillionaire, de Miranda July
- Brooklyn Secret, d’Isabel Sandoval
- Monos, d’Alejandro Landes
- Ondine, de Christian Petzold
- L’Infirmière, de Kōji Fukada
Plus deux films sortis sur Netflix
Happy Old Year, de Nawapol Thamrongrattanarit
Je veux juste en finir, de Charlie Kaufman
TOP INÉDITS (films vus en festivals, sans distributeurs français pour l’instant)
- The Trouble With Being Born, de Sandra Wollner
- Days, de Tsai Ming-Liang
- Le Disciple, de Chaitanya Tamhane
- Desterro, de Maria Clara Escobar
- Genus Pan, de Lav Diaz
- Uppercase Print, de Radu Jude
- First Cow, de Kelly Reichardt
- Mama, de Li Dongmei
- Shadow in the Cloud, de Roseanne Liang
- This Is Not A Burial, It’s A Resurrection, de Lemohang Jeremiah Mosese
TOP COURTS MÉTRAGES 2020
- Strasbourg 1518, de Jonathan Glazer
- Corona Voice Mails, de David OReilly
- Playback, d’Agustina Comedi
- Sapphire Crystal, de Virgil Vernier
- Communicating Vessels, de Maïder Fortuné et Annie MacDonell
- Sudden Light, de Sophie Littman (entretien à venir)
- Hard, Cracked the Wind, de Mark Jenkin
- Girl in the Hallway, de Valerie Barnhart
- Sun Dog, de Dorian Jespers
- Black Sheep Boy, de James Molle
Gregory Coutaut
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