Sept séances à ne pas manquer au Festival de La Roche-sur Yon 2023

La 14e édition du Festival de la Roche-sur-Yon se déroule du 16 au 22 octobre et est, comme chaque année, à suivre sur Le Polyester. Le programme est une fois encore constitué de nombreuses premières françaises et de beaucoup de découvertes excitantes ; parmi ce que nous avons pu voir en avance, nous vous proposons sept séances coup de cœur.



As filhas de fogo, Pedro Costa
L’histoire : Trois jeunes sœurs sont séparées par l’éruption du grand Fogo. Mais elles chantent. Un jour on saura pourquoi on vit et pourquoi on souffre…
Pourquoi il faut le voir : A la nuit permanente de Vitalina Varela, Grand prix de l’édition 2019, succède le noir du paysage volcanique. Sombre et flamboyant, ce court se distingue par la liberté de sa narration véhiculée autant par la musique (le film est chanté par ses trois interprètes) que par le dispositif formel (les images se répondent en triptyque). De l’élégie post-apocalyptique au décrochage documentaire, Les Filles du feu est un film d’une mélancolie et d’une beauté profondes.



La chimère, Alice Rohrwacher
L’histoire : De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé.
Pourquoi il faut le voir : La monteuse française Nelly Quettier (collaboratrice fréquente de Claire Denis ou Leos Carax, et césarisée pour Annette) sera présente au Festival pour présenter en avant première la nouvelle fable d’Alice Rohrwacher dont elle a assuré le montage. La cinéaste italienne y rassemble un casting international autour d’un récit archéologique chuchoté comme un rêve étrange et magique.



The Daniels – Rétrospective intégrale des clips
Pourquoi il faut le voir : Les clips aussi, c’est du cinéma et le Festival le prouve chaque année. Ce programme d’une heure, proposé par Réclips, compile quinze clips vidéo réalisés entre 2010 et 2017 par le duo américain The Daniels, auteurs de Swiss Army Man (présenté au Festival en 2016) et du multi-Oscarisé Everything Everywhere All at Once. Quinze films courts portés par une inventivité jubilatoire et une mise en images toujours spectaculaire.



Essential Truths of the Lake, Lav Diaz
L’histoire : Quand on lui demande ce qui pousse un homme à rechercher la vérité, le lieutenant Papauran répond, abattu, qu’il veut peut-être seulement continuer à se faire souffrir. Face aux meurtres sanglants et aux mensonges éhontés du président Duterte, il poursuit son combat pour résoudre une affaire vieille de quinze ans, dans un paysage de cendres et un lac impénétrable. Une croix qu’il traîne difficilement.
Pourquoi il faut le voir : Il est nullement indispensable d’avoir vu Quand les vagues se retirent (présenté en compétition au Festival 2022) pour en apprécier cette vrai/fausse suite, entièrement indépendante. Autour du même protagoniste, Lav Diaz signe une nouvelle fresque onirique sur la nature humaine, où le combat politique pour la justice bascule dans une perte de repère fantomatique et immense.



Hommage à Kenneth Anger
Pourquoi il faut le voir : Homoérotisme ! Satanisme ! Visions psychédéliques ! Avec ce programme de quatre courts métrages très en avance sur leur temps et copiés par tous les artistes de goût (Fireworks, Rabbit’s Moon, Scorpio Rising et Lucifer Rising), le Festival rend hommage à Kenneth Anger (1927-2023) et donne l’occasion de (re)découvrir cette icône de la contre-culture queer américaine, auteur du sulfureux Hollywood Babylone.



Knit’s Island, d’Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’Helgouac’h
L’histoire : Quelque part sur internet, il existe un territoire dans lequel des communautés simulent une fiction survivaliste. Les avatars des réalisateurs de Knit’s Island y ont passé 963 heures, tournant un film à la rencontre de ces individu·e·s. Les « joueur·euse·s » y dévoilent leurs fantasmes et leurs peurs, dans un brouillage parfois troublant entre virtualité et réalité.
Pourquoi il faut le voir : Composée uniquement d’images captées lors de partie du jeu en ligne DayZ, Knit’s Island se situe à la croisée inattendue du documentaire et du jeu vidéo. Enchaînant les rencontres et entretiens anonymes avec des joueuses et joueurs du monde entier, les trois cinéastes bâtissent l’un des films français les plus immersifs et inclassables de l’année.



Sobre todo de noche, de Victor Iriarte
L’histoire : Quand Vera était jeune, elle n’a pas été capable de s’occuper de son fils et a dû le placer en adoption. Quand Cora était jeune, son médecin lui a dit qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Cora a consacré sa vie à prendre soin de son fils adoptif, Egoz, sur le point d’avoir 18 ans. Maintenant, les chemins de ces trois personnages – une mère, un fils, une mère – sont sur le point de se croiser, et leur rencontre changera leur vie pour toujours.
Pourquoi il faut le voir : On croit (à tort) savoir d’avance à quel mélo s’attendre avec un tel point de départ, mais ce puzzle délicieusement retors se déploie dans des directions inattendues à coups de choix esthétiques audacieux. Ana Torrent et Lola Dueñas, deux visages-clés du cinéma espagnol, se font face dans ce drame qui parle d’histoire et de politique sans en avoir l’air. La très grande forme du jeune cinéma ibérique est une nouvelle fois confirmée.



Nicolas Bardot & Gregory Coutaut

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