Quels sont les films à ne pas manquer en mars ? Le Polyester vous propose sa sélection de longs métrages à découvrir en salles.
• Inchallah un fils, Amjad Al Rasheed (6 mars)
L’histoire : Jordanie, de nos jours. Après la mort soudaine de son mari, Nawal, 30 ans, doit se battre pour sa part d’héritage, afin de sauver sa fille et sa maison, dans une société où avoir un fils changerait la donne.
Pourquoi il faut le voir : Avec ce film sélectionné à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique, le Jordanien Amjad Al Rasheed (lire notre entretien) trouve un ton parfois inattendu, du drame social à la comédie noire. Le jeune cinéaste délivre un récit puissant, jamais pétrifié par ses bonnes intensions, et qui est porté par son excellente actrice Mouna Hawa.
• La Salle des profs, İlker Çatak (6 mars)
L’histoire : Alors qu’une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l’enquête dans le collège où elle enseigne. Très vite, tout l’établissement est ébranlé par ses découvertes.
Pourquoi il faut le voir : Dévoilé à la Berlinale et nommé à l’Oscar du meilleur film international, La Salles des profs est une étude sociétale d’une redoutable efficacité. Le dilemme moral y est tourné comme un film à suspens, et ce n’est pas une hyperbole que de dire que la tension dans La Salle des profs est digne d’un thriller. Son héroïne est interprétée avec beaucoup de talent par Leonie Benesch, au jeu subtil et tendu.
• Tiger Stripes, Amanda Nell Eu (13 mars)
L’histoire : Zaffan, 12 ans, vit dans une petite communauté rurale en Malaisie. En pleine puberté, elle réalise que son corps se transforme à une vitesse inquiétante. Ses amies se détournent d’elle alors que l’école semble sous l’emprise de forces mystérieuses. Comme un tigre harcelé et délogé de son habitat, Zaffan décide de révéler sa vraie nature, sa fureur, sa rage et sa beauté.
Pourquoi il faut le voir : Nous vous parlions de la Malaisienne Amanda Nell Eu (lire notre entretien) dès son singulier court métrage fantastique Vinegar Baths. Avec son premier long Tiger Stripes, elle a remporté le Grand Prix à la Semaine de la Critique. La cinéaste mêle avec générosité discours féministe et cinéma populaire dans ce récit d’apprentissage coloré et galvanisant.
• Une famille, Christine Angot (20 mars)
L’histoire : L’écrivaine Christine Angot est invitée pour des raisons professionnelles à Strasbourg, où son père a vécu jusqu’à sa mort en 1999. C’est la ville où elle l’a rencontré pour la première fois à treize ans, et où il a commencé à la violer. Sa femme et ses enfants y vivent toujours. Angot prend une caméra, et frappe aux portes de la famille.
Pourquoi il faut le voir : Tout juste dévoilé à la récente Berlinale, Une famille est le premier long métrage de l’autrice Christine Angot. C’est un film empli d’une tension où la brutalité des échanges frise parfois un certain surréalisme. Une famille est d’une impudeur sans garde fou qui évoque les coups de génies de la Suédoise Anna Odell ou la Roumaine Adina Pintilie.
• Smoke Sauna Sisterhood, Anna Hints (20 mars)
L’histoire : Dans l’intimité des saunas sacrés d’Estonie, tous les rituels de la vie se croisent. Les femmes y racontent ce qu’elles taisent partout ailleurs, et dans la fumée des pierres brûlantes, la condition féminine apparaît, dans toute sa vérité et sa force éternelle.
Pourquoi il faut le voir : Prix de la mise en scène au Festival de Sundance et auteur depuis d’une brillante carrière en festivals, Smoke Sauna Sisterhood dépeint un sauna traditionnel comme un lieu sacré où tout est possible. L’Estonienne Anna Hints donne à la parole une dimension presque mystique dans ce documentaire puissamment chaleureux.
• Blue Summer, Zihan Geng (20 mars)
L’histoire : Xian se souviendra toujours de l’été de ses 15 ans. Sa mère, médecin, part en mission en Afrique. Elle se retrouve sous la garde de son père photographe libre d’esprit. Il tient un petit studio de photo dont l’ambiance kitsch et glamour exaspère la solitaire Xian. Elle y fait la rencontre de la fille de sa compagne, Mingmei, une jeune femme d’origine coréenne libre et séduisante qui la fascine. Cet été marque la fin de son enfance et le début de ses désirs troublants d’adolescente…
Pourquoi il faut le voir : Dévoilé à la dernière Quinzaine des Cinéastes, Blue Summer de la Chinoise Zihan Geng est un récit d’apprentissage familier dont le traitement sensoriel vient apporter un relief émouvant. La photo est baignée d’une délicatesse d’aquarelle, les couleurs y sont douces mais présentes, à commencer bien sûr par le bleu et toutes ses nuances de la plus glacée à la plus mélancolique.
• O Corno, Jaione Camborda (27 mars)
L’histoire : 1971, Espagne franquiste. Dans la campagne galicienne, María assiste les femmes qui accouchent et plus occasionnellement celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après avoir tenté d’aider une jeune femme, elle est contrainte de fuir le pays en laissant tout derrière elle.
Pourquoi il faut le voir : Grand Prix au dernier Festival de San Sebastian, O Corno de l’Espagnole Jaione Camborda (lire notre entretien) partage un point de vue poignant sur la sororité. Ce film ambitieux, à la construction étonnante et dont la belle photographie est signée par le Portugais Rui Poças, confirme l’excellente santé du jeune cinéma espagnol.
• Los Delicuentes, Rodrigo Moreno (27 mars)
L’histoire : Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.
Pourquoi il faut le voir : Découvert au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, Los Delincuentes est un film qui n’obéit qu’à sa propre logique rêveuse. Brillant par son originalité, ce long métrage-fleuve (3h00) est un nouveau succès du cinéma argentin, à classer aux cotés de Trenque Lauquen et des films d’Alejo Moguillansky.
• Apolonia, Apolonia, Lea Glob (27 mars)
L’histoire : Lorsque la réalisatrice danoise Lea Glob commence à filmer la peintre Apolonia Sokol, il ne devait s’agir que d’un exercice d’école de cinéma. Le portrait filmé s’est finalement tourné sur treize années pour se muer en une épopée intime et sinueuse d’une jeune femme artiste
Pourquoi il faut le voir : La Danoise Lea Glob parvient à dresser un portrait réaliste et sans fantasmes de la vie d’artiste, là où le cinéma caricature encore trop souvent le monde de l’art contemporain. Dans ce documentaire réussi, elle signe également l’émouvant témoignage parallèle d’une autre artiste à l’œuvre : la cinéaste elle-même.
Nicolas Bardot
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