Berlinale | Critique : Matt and Mara

Mara, une jeune professeure d’écriture créative, a des problèmes dans son mariage avec un musicien expérimental. Un jour, Matt, un auteur charismatique et libre d’esprit resurgi de son passé, se promène sur le campus de son université. Liés par leurs intérêts communs, les deux se rapprochent progressivement. 

Matt and Mara
Canada, 2024
De Kazik Radwanski

Durée : 1h20

Sortie : –

Note :

MARA AT 13000 FT

On a pu découvrir le Canadien Kazik Radwanski notamment avec Anne at 13000 ft, qui fut sélectionné au Forum de la Berlinale en 2020. Anne à 13000 pieds : effectivement dans la première scène de ce long métrage, l’héroïne faisait du parachute – mais en réalité Anne plane dans la vie tout court. Mara, dans Matt and Mara (dévoilé à la Berlinale en compétition Encounters), est comme une cousine relativement proche d’Anne. Elle sait ce qu’elle fait en tant que professeure de création littéraire et il n’y a guère de doute sur sa capacité à analyser des textes. Qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’analyser ses propres sentiments et les chemins qu’elle prend dans la vie ?

Tout a l’air plus ou moins normal dans le monde de Mara mais c’est son attitude à elle qui fait surgir la bizarrerie. Les scènes sont brèves, les cadrages serrés sur les protagonistes, ce qui crée une dynamique et une immersion particulières ne ressemblant pas tellement à du Sundance classique. Dans l’un des cours qu’elle donne, Mara évoque le problème de ne rien connaître de soi et de ses propres désirs. Parmi ses influences, Kazik Radwanski cite Eric Rohmer et Maren Ade, dont on peut voir l’ombre sur la peinture des désirs inaccomplis et les relations singulières entre les protagonistes. Anne retrouve en effet Matt, une vieille connaissance, et il sera difficile de mettre un mot et un seul sur leur relation. Cela pourrait constituer un moteur intéressant, mais le personnage incarné par Matt Johnson reste sur une même note agaçante et est utilisé de manière trop didactique, trop visible dans le récit.

Mara ouvre plus de questions. Est-elle une fraude ? Qui est cette femme qui semble déguisée dans chacun de ses pulls ? Est-elle figée dans son existence comme sur une pièce d’identité ? La première partie de Matt and Mara nous a semblé plus intrigante que le reste du film, qui est sans cesse sur le point d’exploser mais qui finalement montre plus de petite zébrures que de fêlures. Néanmoins, déjà brillante dans Anne at 13000 ft, vue récemment dans Family Portrait et An Evening Song (for three voices) (également sélectionné à la Berlinale), l’excellente Deragh Campbell donne un relief remarquable et une profonde amertume à cette héroïne psychologiquement sur le fil.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article