Les films à ne pas manquer en février

Quels sont les films à ne pas manquer en février ? Le Polyester vous propose sa sélection de longs métrages à découvrir en salles.



• La Bête, Bertrand Bonello (7 février)
L’histoire : Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s’en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l’envahit, le pressentiment qu’une catastrophe se prépare.
Pourquoi il faut le voir : Libre adaptation de Henry James, La Bête passe du film en costumes à la science-fiction et l’horreur avec une ambition et une maestria qui laissent pantois. Bertrand Bonello, dont la filmographie possède déjà plusieurs sommets, signe là son meilleur film, et l’une des œuvres les plus fascinantes et inclassables de l’année.



Green Border, Agnieszka Holland (7 février)
L’histoire : Ayant fui la guerre, une famille syrienne entreprend un éprouvant périple pour rejoindre la Suède. A la frontière entre le Belarus et la Pologne, synonyme d’entrée dans l’Europe, ils se retrouvent embourbés avec des dizaines d’autres familles, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires aux méthodes violentes. Ils réalisent peu à peu qu’ils sont les otages malgré eux d’une situation qui les dépasse, où chacun – garde-frontières, activistes humanitaires, population locale – tente de jouer sa partition…
Pourquoi il faut le voir : Agnieszka Holland fait preuve d’un sens aiguisé du récit avec ce drame puissant, courageux et, pour tout dire, parfois éprouvant . Cette urgente histoire de survie examine les consciences et les traces individuelles d’humanité de manière édifiante. Dévoilé en compétition à la Mostra de Venise, ce film vient de remporter le prix du public au Festival de Rotterdam.



20 000 espèces d’abeilles, Estibaliz Urresola Solaguren (14 février)
L’histoire : Cocó, huit ans, a bien du mal à savoir qui elle est. Au cours d’un été passé parmi les ruches du Pays Basque, elle éveille sa singularité au sein des femmes de sa famille, elles-mêmes en proie au doute. Dans un monde où il existe 20 000 espèces d’abeilles différentes, il existe forcément une identité qui corresponde à Cocó…
Pourquoi il faut le voir : Drame délicat dont le réalisme n’empêche pas la poésie, ce portrait venu du pays basque a la grande intelligence d’écouter plutôt que de parler à la place des enfants trans, et témoigne de l’excellente forme du jeune cinéma espagnol. 20 000 espèces d’abeilles a reçu le prix d’interprétation lors de la dernière Berlinale, remporté par la formidable Sofía Otero.



Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh (14 février)
L’histoire : A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.
Pourquoi il faut le voir : Sans jamais nous connaître traite de manière bouleversante des dynamiques familiales et de la solitude propre aux enfants queer, dans un film où le fantastique vient apporter une perspective sensible. Ample et ambitieux, superbement interprété par Andrew Scott, Sans jamais nous connaître est une merveille qui, simultanément, console et brise le cœur.



Sleep, Jason Yu (21 février)
L’histoire : La vie d’un jeune couple est bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en quelqu’un d’autre la nuit tombée. Sa femme, submergée par la peur qu’il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil….
Pourquoi il faut le voir : On est en droit d’attendre beaucoup du cinéma de genre coréen et ça tombe bien car, à défaut d’une radicale l’originalité, Sleep offre programme exécuté avec savoir-faire et jubilation, passant efficacement du rire au drame et aux chocottes sans jamais s’emmêler les pinceaux. Dévoilé à la Semaine de la Critique, ce thriller horrifique met en scène le regretté Lee Sun-kyun dans l’un de ses derniers rôles.



Bye Bye Tibériade, Lina Soualem (21 février)
L’histoire : Hiam Abbass a quitté son village palestinien pour réaliser son rêve de devenir actrice en Europe, laissant derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept sœurs. Trente ans plus tard, sa fille Lina, réalisatrice, retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes. Véritable tissage d’images du présent et d’archives familiales et historiques, le film devient l’exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de féminité, de résistance, dans la vie de femmes qui ont appris à tout quitter et à tout recommencer.
Pourquoi il faut le voir : En dépeignant plusieurs générations de femmes sur une terre traumatisée ( la Palestine) tout en resserrant son objectif sur sa propre mère (l’actrice franco-palestinienne Hiam Abbass), la documentariste Lina Soualem tisse un lien sensible entre la mémoire collective et les souvenirs personnels dans ce long métrage sélectionné à la Mostra de Venise.



Walk Up, Hong Sangsoo (21 février)
L’histoire : Byungsoo, un réalisateur célèbre, accompagne sa fille chez une amie de longue date, propriétaire d’un immeuble à Gangnam. La visite des lieux entraîne pour Byungsoo un voyage hors du temps où se dessinent, à chaque étage, ses amours passés et à venir. Fin portraitiste, Hong Sangsoo transforme le quotidien d’un immeuble en puzzle des relations humaines. Un terrain de jeu qui explore les désirs, les regrets, les rêves, et bien sûr, le cinéma.
Pourquoi il faut le voir : Tout est net chez Hong Sangsoo (ici le noir et blanc, les lieux bien compartimentés en étages, l’action limitée et familière) et tout est flou, comme après quelques coups en trop de soju. Dans ce film présenté au Festival de San Sebastián (le cinéaste a déjà signé trois autres longs métrages depuis !), Hong met en scène une drôle de tristesse avec la grâce qu’on lui connaît.



Eureka, Lisandro Alonso (28 février)
L’histoire : Alaina est accablée par son travail d’officier de police dans la Réserve de Pine Ridge. Elle décide de ne plus répondre à sa radio. Sa nièce, Sadie, attend son retour pendant une longue nuit, en vain. Sadie, triste, décide d’entamer son voyage avec l’aide de son grand-père. Elle s’envole dans le temps et l’espace vers l’Amérique du Sud.
Pourquoi il faut le voir : Vrai/faux western se transformant sous nos yeux en voyage par-delà les frontières (de géographie, de cultures, de genres cinématographiques), ce conte à la lenteur parfois soutenue est surtout une œuvre très généreuse en poésie et en mystère. L’un des films les plus étonnants de l’année, sélectionné lors du dernier Festival de Cannes.



La Mère de tous les mensonges, Asmae El Moudir (28 février)
L’histoire : Casablanca. La jeune cinéaste Asmae El Moudir cherche à démêler les mensonges qui se transmettent dans sa famille. Grâce à une maquette du quartier de son enfance et à des figurines de chacun de ses proches, elle rejoue sa propre histoire. C’est alors que les blessures de tout un peuple émergent et que l’Histoire oubliée du Maroc se révèle.
Pourquoi il faut le voir : Il y a un lourd secret dans la famille de la réalisatrice marocaine Asmae El Moudir. Plutôt que de pousser ses proches en parler directement, celle-ci les invite à construire avec elle devant la caméra une maquette de leur ancien quartier. Le résultat, prix du meilleur documentaire à Cannes, est un étonnant documentaire qui tangue entre chaleur pittoresque et brutalité des souvenirs.


Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut.

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