Critique : Sleep

La vie d’un jeune couple est bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en quelqu’un d’autre la nuit tombée. Sa femme, submergée par la peur qu’il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil….

Sleep
Corée du Sud, 2023
De Jason Yu

Durée : 1h35

Sortie : 21/02/2024

Note :

LES NUITS AVEC MON ENNEMI

« Quelqu’un vient d’entrer chez nous ». Dans la toute première scène de Sleep, le protagoniste se réveille en sursaut en pleine nuit et prononce cette phrase qui met doublement le feu au poudre, plongeant son épouse enceinte dans la panique et mettant l’eau à la bouche du spectateur. On sait qu’on est en droit d’attendre beaucoup du cinéma de genre coréen, et ça tombe bien car pour son premier long métrage, le cinéaste Jason Yu nous offre, à défaut d’une radicale l’originalité, un programme exécuté avec une jubilation contagieuse.

On retrouve ici toutes les qualités qui rendent le ciné fantastique coréen plus pro et plus fun que les autres. Interprétation, direction artistique, lumière… tout le monde a simplement l’air plus investi et appliqué qu’ailleurs. Si la trame du récit reste classique, l’écriture fait preuve de dextérité en changeant de protagoniste en cours de route et surtout en mélangeant les registres parfois à l’intérieur de la même scène. On est ici dans le genre accessible du suspens surnaturel plutôt que dans l’horreur pure, mais comme nombre de ses compatriotes, Jason Yu fait preuve de beaucoup de talent pour passer du rire au drame et aux chocottes sans jamais s’emmêler les pinceaux.

Alors, quelqu’un est il vraiment entré chez les protagonistes ? Si c’était une fausse alerte, pourquoi le héros développe-t il soudain des troubles du sommeil ? Le bébé est il en danger? Quid de la pénible voisine et de ce satané chien qui aboie trop ? On a beau être familier avec la recette, on est à nouveau conquis par la générosité sans cynisme de ce cinéma axé sur le plaisir. Peut-être manque-t-il à ce très sympathique puzzle une petite touche unique supplémentaire qui le distinguerait davantage des autres modèles du genre, mais ce tour de train fantôme vaut le prix du ticket.

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par Gregory Coutaut

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