Critique : Voyages en Italie

Une escapade romantique peut-elle raviver la flamme dans un couple ? Elle a réussi à le convaincre de partir quelques jours sans enfant. Ce sera où il a envie, sauf en Italie. Il y est déjà allé avec toutes ses ex… L’Espagne ? Les sentiers de l’Aubrac ? Ce sera finalement la Sicile – car selon lui, c’est pas tout à fait l’Italie.

Voyages en Italie
France, 2023
De Sophie Letourneur

Durée : 1h31

Sortie : 29/03/2023

Note :

FAIRE UNE VIRÉE A DEUX

Voyages en Italie débute par un diaporama de véritables photos de vacances prises par des couples anonymes, dans des poses ou des paysages qu’on dirait presque sortis d’un roman photo. Pour la réalisatrice Sophie Letourneur, c’est d’abord un clin d’œil aux origines autobiographiques de ce récit, et c’est également une manière d’annoncer d’emblée qu’elle n’a pas peur des archétypes. On retrouve ces derniers un peu partout, du postulat de départ (un couple s’organise un séjour sans enfant dans l’espoir de raviver la flamme) aux détails typiques des histoires de vacances, tels ces tubes fredonnés dans la voiture.

Le scénario de Letourneur possède plus d’un dialogue drôle (« J’adore le Guide du routard »), mais il possède surtout beaucoup de dialogues tout court. C’est bien sûr le sujet-même du film : l’impossibilité à communiquer même quand on a justement l’impression de ne faire que ça. Un sujet fétiche pour la cinéaste habituée à mettre en scène avec humour l’illusion du contrôle que donne la parole. Sur ce sujet-là, Philippe Katerine vient d’ailleurs se fondre avec une grande aisance dans cet univers bavard grâce à sa diction nonchalante et son sens particulier du rythme. Il s’accorde idéalement avec la réalisatrice pour donner à leur couple une touche lunaire qui apporte une respiration bienvenue à l’ensemble.

Car, aussi sympathiques que soient ses vignettes transalpines entre névrosés (les amateurs d’organisation rigoureuse risquent de trouver les héros éprouvants), Voyages en Italie possède une forme visuelle assez brute, faites de zooms et de cuts frustres. Les films de Letourneur ont toujours eu un coté lo-fi, presque punk, qui les distinguent du tout-venant de la comédie française, mais le résultat finit par donner l’impression agaçante que la cinéaste n’est pas intéressée par l’image de façon générale. Alors même que, paradoxalement, la photo est signée du brillant Jonathan Ricquebourg (Earwig, La mort de Louis XIV). Cette vraie/fausse maladresse bricolée fait partie du projet et du sujet du long métrage, mais n’aide pas toujours à maintenir son équilibre amusant entre lâcher-prise et prise de tête.

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par Gregory Coutaut

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