Critique : Sept hivers à Téhéran

En 2007 à Téhéran, Reyhaneh Jabarri, 19 ans, poignarde l’homme sur le point de la violer. Elle est accusée de meurtre et condamnée à mort. A partir d’images filmées clandestinement, Sept hivers à Téhéran montre le combat de la famille pour tenter de sauver Reyhaneh, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran.

Sept hivers à Téhéran
Allemagne, 2023
De Steffi Niederzoll

Durée : 1h33

Sortie : 29/03/2023

Note :

IMAGES INTERDITES

C’est en 2007 que Reyhaneh, jeune fille iranienne de 19 ans, s’est retrouvée condamnée à mort pour avoir accidentellement tué l’homme qui tentait de la violer. Les sept hivers du titre, ce sont ses sept années qu’elle a passé emprisonnée, dans l’attente d’une éventuelle grâce ou de son exécution, et ce sont aussi les années passées par sa famille à tout faire pour rallier à sa cause l’opinion publique internationale. Le temps d’un montage, Sept hivers à Téhéran montre d’ailleurs des extraits des journaux télés du monde entier (même celui de la très conservatrice chaine américaine Fox News) où se multiplie le visage de Reyhaneh. Cette dernière est considérée comme une victime partout, sauf en Iran, où l’honneur de l’homme assassiné prévaut sur tout le reste.

Ce n’est pas en Iran mais en Turquie que la réalisatrice allemande Steffi Niederzoll a rencontré les membres de la famille de Reyhaneh, alors que ceux-ci tentaient de s’exiler en Europe. Certaines des images que la cinéaste inclut ici ont été filmées et exfiltrées en cachette par la mère de Reyhaneh : séquences captées au téléphone dans un parloir de prison ou dans un rassemblement pacifiste clandestin, elles donnent furtivement accès à un monde qu’il nous est interdit et impossible de voir en temps normal. Cela rappelle d’ailleurs un autre documentaire de ce début d’année : l’américain Beyond Utopia (présenté à Sundance il y a quelques semaines) qui dévoilait des images encore plus folles, tournées par des personnes ayant réussi à fuir la Corée du Nord.

Sept hivers à Téhéran ne conserve pas tout du long l’effet choc de ces quelques images. Steffi Niederzoll a bien quelques idées pour mettre en valeur la voix clairvoyante de la principale concernée (l’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, prix d’interprétation à Cannes en 2022 pour Les Nuits de Mashhad, lisant les lettres écrites par cette dernière en prison), mais le sujet reste plus fort que le film en lui-même. C’est finalement dans sa description progressive d’un système juridique à l’absurdité hallucinante (c’est aux proches du violeur d’éventuellement pardonner à sa victime ou bien de la tuer eux-mêmes) que le film trouble le plus.

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par Gregory Coutaut

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