Berlinale | Critique : Scorched Earth

Trojan, un habile escroc, revient à Berlin après un coup raté il y a douze ans. À court d’argent et désespéré, il tente avec des complices de dérober un tableau de Caspar David Friedrich…

Scorched Earth
Allemagne, 2024
De Thomas Arslan

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

BRAQUAGE À L’ANCIENNE

Thomas Arslan, Christian Petzold, Angela Schanelec. Des trois cinéastes considérés (en dépit de leur propres réserves sur le sujet) comme les fondateurs du mouvement cinématographique de l’Ecole de Berlin au début des années 90, Arslan demeure aujourd’hui le plus méconnu. Cela, alors même que sa carrière à débuté juste avant les deux autres. Si les cinémas de Petzold et Schanelec ont évolué vers des visages plus romanesques ou radicaux, l’œuvre d’Arslan est demeurée fidèle à la formule de ses débuts : des films de genre, aux archétypes souvent masculins, passés par le filtre d’un minimalisme intrigant.

Scorched Earth est le deuxième volet d’une trilogie dont le premier film (In the Shadows, inédit en France) date de 2010, soit avant la reconnaissance internationale dont Arslan a pu bénéficier en s’associant avec Nina Hoss dans le western Gold. Arslan retrouve ici le même protagoniste, le taiseux Trojan, alors que celui-ci revient dans la capitale allemande après un exil forcé de douze ans. Trojan a l’intention de ne changer ni de ville, ni de vie. Si certains anciens camarades de jeu se sont rangés ou ont grimpé l’echelle sociale, il semble bien décidé à repndre les choses là où ils les avaient laissées.

Le parallèle entre Trojan et Arslan est trop tentant pour ne pas être regardé dans les yeux. Après deux escales dans des genres plus populaires (le western donc, mais aussi le tendre drame paternel Bright Nights), le cinéaste revient au genre fétiche de ses débuts : un film noir à l’allemande, c’est à dire privilégiant une atmosphère mystérieuse et élégante à l’urgence de l’engrenage narratif. On aurait aimé qu’Arslan revienne sur les lieux du crime avec un plan d’attaque plus surprenant, comme par exemple lorsqu’il ose passer dix minutes de film sans aucun dialogue, car c’est dans la radicalité qu’il brille le plus. La formule d’origine est ici respectée à la lettre, avec des réserves en terme de rythme ou de surprise donc, mais aussi avec un savoir-faire de mise en scène bien sèche comme il faut. 

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par Gregory Coutaut

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