Berlinale | Critique : Mr Bachmann and His Class

Dans la ville allemande de Stadtallendorf, le génial professeur Dieter Bachmann tente d’offrir à ses élèves venus d’une douzaine de pays différents, les clés pour qu’ils se sentent chez eux.

Mr Bachmann and His Class
Allemagne, 2021
De Maria Speth

Durée : 3h37

Sortie : –

Note :

TOUTE UNE ANNÉE

Mr Bachmann and His Class suit la dernière année avant la retraite d’un professeur dont la classe est composée d’élèves aux origines diverses. Certains sont nés en Allemagne, d’autres viennent d’arriver, tous ont en commun d’avoir pour langue maternelle autre chose que l’allemand, et d’avoir besoin de s’exercer à la pratique de celle-ci. Monsieur Bachmann est donc leur professeur de… de quoi au juste ? On doit bien avouer qu’au bout des 3h37 de ce documentaire, on est toujours un peu en peine d’expliquer la nature ou l’intitulé exacts de son cours. Débat ? Musique ? Expression orale ? Ce flou pourrait être un défaut, c’est parfois d’ailleurs un tantinet agaçant, mais cela souligne l’une des bonnes surprise du film, à savoir que lorsque débute une scène, on ne peut pas en deviner d’emblée les enjeux précis.

Le documentaire d’école est presque devenu un genre en soi, ou en tout cas un filon si prolifique qu’on n’a pas vraiment le temps d’être en manque entre tous ceux qui sortent déjà sur nos écrans. Signé Maria Speth, réalisatrice à l’œuvre quelque peu aride (Daughters, présenté au Forum en 2014), Mr Bachmann and His Class a le bon goût d’éviter la plupart du temps les clichés du genre : sentimentalisme, émerveillement, pittoresque. Sa forme a au contraire quelque chose d’un peu brut.

Il s’agit d’un documentaire de pure observation, sans intervention (voix off, inserts, etc.), une formule à la Frederick Wiseman, jusque dans sa durée maousse. Mais les scènes montrées ici ne sont pas aussi signifiantes que celles de Wiseman, et leur accumulation ne vient pas approfondir ou élargir le propos. Il est réjouissant qu’un film n’ait pas peur e sortir du cadre, à commencer par sa durée, mais celle-ci ne ne nous a pas paru justifiée ou enrichissante. Cette exigence sans contrepartie a surtout l’air gratuite. On a rapidement fait le tour des leçons de vie de ce drôle prof au cœur de rocker, qui joue du Dolly Parton et du Deep Purple, et on a nous aussi l’impression de passer pas moins que l’entièreté d’une année scolaire dans sa classe.


L’Oursomètre : La collaboration de la cinéaste avec son chef opérateur pour créer l’effet d’immersion à l’écran peut éventuellement se retrouver soulignée au palmarès.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article