Berlinale | Critique : All the Long Nights

Misa et Takatoshi sont collègues dans la même entreprise. Chaque mois, Misa souffre du syndrome prémenstruel, tandis que Takatoshi souffre d’un trouble de l’anxiété. Elle et lui vont partager un lien et s’entraider.

All the Long Nights
Japon, 2024
De Shô Miyake

Durée : 1h59

Sortie : –

Note :

LES PASSAGERS DE LA NUIT

Révélé il y a une dizaine d’années à Locarno avec son premier long métrage (Playback), le Japonais Sho Miyake s’est depuis, petit à petit, fait une place à la fois discrète et précieuse dans le cinéma mondial. Discrets et précieux, voilà qui pourrait également caractériser ses longs métrages, comme ses récents And Your Bird Can Sing ou La Beauté du geste, sorti chez nous en 2023. Ses protagonistes semblent eux-mêmes vivre un peu à l’ombre du monde, qu’il s’agisse d’une jeunesse mélancolique et perdue, d’une boxeuse qui ne sait plus ce qu’elle fait sur son ring, ou des protagonistes de son nouveau long métrage, All the Long Nights, présenté au Forum de la Berlinale.

« Je ne désire rien de particulier », déclare Misa, qui semble avoir décidé de son propre effacement. « Comment voulez-vous que les gens me voient ? » : Misa est étendue sous la pluie battante, elle souffre du syndrome prémenstruel qui la dépose, en quelque sorte, à côté du monde. A côté du monde, Takatoshi l’est aussi en raison de ses crises de panique. La rencontre de ces deux personnages, qui se sentent aussi inadapté.e.s au réel qu’au monde du travail, pourrait être le point de départ d’une romance téléguidée. L’une des bonnes idées de All the Long Nights est plutôt de déjouer ce cliché et de raconter avec sensibilité un lien platonique.

Est-ce un tremblement de terre ? Non, il ne s’agit finalement que de légères secousses, constate-t-on au cours de All the Long Nights. Le film est constitué de tels non-événements, jusqu’à manquer de tension dramatique (a fortiori sur 2 heures). Sho Miyake sait, néanmoins, filmer sans cris, mettre en scène une douceur enveloppante, dépeindre la nuit et tous ses possibles sous les étoiles. Rehaussé par la bande originale signée Hi’Spec (également auteur de celle de And Your Bird Can Sing), All the Long Nights est une tendre et humble petite réussite.

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par Nicolas Bardot

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