Berlinale | Critique : La Piel en primavera

Medellín. Le bus 243 emmène Sandra au travail. Elle est agent de sécurité dans un centre commercial, prend son travail au sérieux. Son uniforme lui va bien, son fils a déjà 15 ans, il est temps de commencer quelque chose de nouveau.

La piel en primavera
Colombie, 2024
De Yennifer Uribe Alzate

Durée : 1h40

Sortie : 

Note :

PREMIÈRES LOGES

La Piel en primavera s’ouvre sur un trajet en bus filmé depuis l’intérieur du véhicule en un plan fixe ininterrompu. A la faveur d’un travail sur le son immersif, nous voilà plongés parmi les passagers qui montent, descendent, ou gardent le regard dans le vide en attendant leur arrêt, et on ne remarque pas forcément tout de suite Sandra. Celle-ci se rend à son travail et connaît visiblement la route par cœur, insensible semble-t-il aux panneaux et autocollants annonçant des destinations excitantes. Peu importe si le bus va ou non jusqu’à la plage, peu importe la musique réjouissante que la radio diffuse en boucle, tout ceci est comme une fête à laquelle Sandra n’est pas plus conviée que les autres.

Il faut dire que, sans être une torture, le travail de Sandra n’a rien de très épanouissant. Agent de sécurité dans un centre commercial où il n’y a rien à surveiller, les lents escalators qu’elle emprunte quotidiennement ne la mènent nulle part, au propre comme au figuré. Or ce matin-là se produit l’inattendu sous la forme d’un siège libre dans le bus bondé. Et pas n’importe lequel : celui jusque à côté du nouveau chauffeur à qui Sandra a tapé dans l’œil. Ce siège aux premières loges, cette drague inattendue, cette brise tiède de printemps, tout cela va avoir un certain effet sur Sandra. La voilà prête à se pomponner, à enfin envoyer paître son boulet de fils et à parler sex toys avec ses collègues. Ce n’est pas seulement notre regard sur elle qui change, c’est comme si elle se regardait à nouveau pour la première fois. 

Premier long métrage de la prometteuse réalisatrice colombienne Yennifer Uribe Alzate, La Piel en primavera est trop subtil pour se contenter de suivre la voie toute tracée du conte de fées. Ce chauffeur de bus est il vraiment le prince charmant ou le dernier des tocards ? La réponse ne tombe pas toute cuite dans les mains de Sara, qui va devoir faire avec les nuances et indécisions de la vie qui l’entoure. A l’image de cette héroïne fière mais pas dure (la performance d’Alba Liliana Agudelo Posada mérite d’être applaudie), La Piel en primavera parvient à conjuguer avec finesse une légère cruauté avec une chaleur humaine sans naïveté. Un charmant petit voyage printanier qui prend parfois son temps mais réserve des paysages aux reliefs plutôt inattendus.

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par Gregory Coutaut

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