Berlinale | Critique : Cuckoo

Gretchen se rend dans les Alpes allemandes avec son père et sa belle-mère. Elle ne tarde pas à découvrir de sombres secrets dans l’hôtel où ils séjournent. Elle entend des bruits étranges et se retrouve en proie à d’effrayantes visions d’une femme la poursuivant.

Cuckoo
Allemagne, 2024
De Tilman Singer

Durée : 1h42

Sortie : –

Note :

DANS LA FORÊT LOINTAINE, ON ENTEND LE COUCOU

Bien que tourné en anglais, Cuckoo est ô combien allemand dès sa toute première scène, avec son utilisation spectaculaire d’ombres expressionnistes. Mais où se situe t-on au juste ? La première partie du long métrage semble sous l’influence rieuse de Twin Peaks (son hôtel boisé, son étrange mystère, sa tonalité absurde) avant que celle-ci ne disparaisse, puis le film fait ici un clin d’œil à Suspiria, là à Psychose. Sait-on seulement avec précision à quelle époque se déroule le récit ?

Ce mélange de codes horrifiques apparemment familiers et d’absence de repères nets est l’un des éléments séduisants de Cuckoo, second film de l’Allemand Tilman Singer qui a été révélé il y a déjà six ans avec son très prometteur Luz. Dévoilé à la Berlinale, Cuckoo a pour héroïne une toute jeune femme qui se retrouve réceptionniste d’un hôtel – et on sait qu’être à la réception d’un hôtel de nuit peut dans le cinéma d’horreur être un job aussi dangereux que baby-sitter. Mais Cuckoo a la bougeotte et son titre, qui signifie taré mais évoque aussi le coucou suisse qui surgit par surprise, ne chemine jamais complètement là où on l’attend.

Le jeu, la musique, le son, les personnages : tout est très vite au maximum dans Cuckoo, créant une atmosphère qui suggère que tout va dérailler d’un moment à l’autre. Qu’est-ce qui palpite derrière ces régulières boucles répétitives que l’on voit dans le film ? Si Cuckoo n’apporte pas toujours de réponse, le film fait la promesse d’être régulièrement surprenant, et semble créer son propre monde étanche au nôtre. C’est, là encore, une très belle qualité de films d’horreur, dans un genre où l’on peut voir beaucoup de film qui rêvent d’être subversifs mais qui ne font qu’obéir à un cahier des charges.

Au sujet de Luz, Tilman Singer commentait lorsque nous l’avions rencontré : « L’idée était de désorienter constamment le spectateur tout en présentant en permanence quelque chose à quoi se raccrocher ». Et d’ajouter : « J’espère que les gens atteignent une sorte de transe, comme lorsqu’on s’en remet entièrement à ses sens plus qu’à une lecture cérébrale de l’histoire ». C’est l’un des moteurs de Cuckoo – c’est un film certes bancal mais qui ne cherche pas à être droit. Le scénario est-il complexe ou maladroit ? Cette hésitation porte aussi le film. Les affrontements virils de la dernière partie nous ont paru un rien nigauds – mais une telle fantaisie n’a pas à être toujours intelligente pour être réussie. Cuckoo est à chérir pour ses virages, ses basculements grotesques et ses visions généreuses – comme cet angoissant trajet à vélo qui constitue le meilleur moment du film.

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par Nicolas Bardot

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