Berlinale | Critique : Exhuma

Une riche famille américano-coréenne a été maudite. Lorsque leur caveau ancestral est ouvert, quelque chose se libère. Une paire de chamans, un géomancien et un entrepreneur de pompes funèbres tentent d’apprivoiser l’esprit…

Exhuma
Corée du sud, 2024
De Jang Jae-hyun

Durée : 2h14

Sortie : –

Note :

UN DIABLE DANS LE MOTEUR

Découvert de manière surprenante dans la section Forum de la Berlinale (plutôt dédiée aux projets arty et pointu), Exhuma est un pur blockbuster qui vient d’ailleurs de faire un démarrage canon au box-office coréen. Saluons une nouvelle fois le travail du Forum qui prouve ici qu’il ne se limite pas à une définition restreinte et figée du cinéma d’auteur. En parlant de film qui ne se limite pas, Exhuma est un bon exemple : dès ses tout premiers instants, le long métrage fait vrombir son moteur de bolide. Le rythme est décoiffant, le montage étincelle – pas de temps à perdre dans ce film qui va droit au but.

Droit au but, vraiment ? La trajectoire de ce thriller horrifique réserve pourtant bien des surprises au fil de ses chapitres et de ses virages. Si la structure n’est pas si complexe (le film va d’un point A à un point B et ainsi de suite), son chaos furieux rend de temps à autres le récit un peu laborieux. C’est, cela dit, assez largement compensé par la générosité maousse de ce spectacle qui jouit d’un parfait savoir-faire à la coréenne : beaucoup de soin est apporté à tout, tout le temps, avec l’impression que chacun.e dans l’équipe a travaillé afin que le public en ait pour son argent.

« J’existe entre la science et la superstition » déclare Hwa-rim, l’héroïne chamane d’Exhuma, interprétée par Kim Go-eun qu’on a pu découvrir il y a quelques années dans Coin Locker Girl (sélectionné à la Semaine de la Critique). Voilà qui caractérise assez bien le film, qui est à la fois un thriller à enquête et de la véritable horreur à exorcisme. À ses côtés, dans un casting irréprochable, on retrouve le plus expérimenté Choi Min-sik. Au mélange de genres et tonalités auquel on est volontiers habitué avec le cinéma coréen, Jang Jae-hyun préfère ici une unité bien sombre et dense, avec juste quelques très légères pincées d’humour.

Les nuages noirs s’amoncellent, le climat est à l’apocalypse, la musique à la Carpenter tend l’atmosphère : Jang Jae-hyun sait fabriquer une horreur dramatique, qui fait appel (rien de moins que ça) au passé traumatique de la nation. Exhuma est peuplé de visions spectaculaires et sa progression crescendo est aussi galvanisante qu’un tour de grand huit où l’on attend avec excitation chaque montagne plus haute que la précédente. Après nous avoir promis l’enfer, on n’aurait pas été contre un dénouement un peu plus méchant. Mais une fois notre wagonnet arrivé à destination, on a rapidement envie de refaire un tour.

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par Nicolas Bardot

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