Suite de notre bilan de l’année ciné 2023 avec un focus spécial sur les meilleurs courts métrages de l’année. Nous parlons beaucoup de courts tout au long de l’année sur Le Polyester et de nombreux autres films auraient pu figurer dans ce best-of. Voici nos 12 coups de cœur finalistes !
• 27 | Flóra Anna Buda (Hongrie)
Découvert à Cannes
L’histoire : Alice a 27 ans aujourd’hui. Même si elle étouffe un peu, elle vit toujours chez ses parents et a tendance à vivre dans ses rêves pour échapper à son morne quotidien. Après une fête psychédélique sur un toit d’usine, elle a un grave accident de vélo en état d’ébriété.
Pourquoi on l’aime : Couronné par la Palme d’or du meilleur court métrage, 27 raconte la tentative d’émancipation de son héroïne. Mis en scène et raconté avec virtuosité, mêlant talentueusement rêve et réalité, 27 est baigné de couleurs fortes et installe un fascinant climat d’étrangeté. Ce sont onze minutes de beautés et d’inventivité rayonnantes.
Visible sur le site d’Arte
• Aqueronte | Manuel Muñoz Rivas (Espagne)
Découvert à Rotterdam
L’histoire : Un groupe de passagers traverse une rivière à bord d’un petit ferry. Le brouillard, les rires, les chuchotements et les visages cohabitent dans cet espace flottant et suspendu.
Pourquoi on l’aime : Rien que par le pouvoir d’une mise en scène silencieuse et éloquente, ce court film parvient à transformer les images les plus tangibles (des gens debout sur un bateau) en un voyage fantasmagorique, à la fois funeste et plein d’espoir.
Visible sur le site d’Arte
• Daydreaming So Vividly About Our Spanish Holidays (La Herida luminosa) | Christian Avilés (Espagne)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : Poussés par leur désir de lumière et de chaleur, des adolescents britanniques font un voyage aux Baléares. Ils doivent absorber le soleil et le stocker dans leur corps afin de le ramener dans leur royaume couvert de nuages.
Pourquoi on l’aime : A partir du phénomène dit du balconing, Christian Avilés signe un film hypnotique, aussi doux que lugubre. Cette blessure lumineuse évoque à la fois la mélancolie fluo de Spring Breakers, la summertime sadness de Lana Del Rey et la chaleur étrange d’un Virgil Vernier. Une nouvelle révélation du jeune cinéma espagnol.
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• Delivery Dancer’s Sphere | Ayoung Kim (Corée du Sud)
Découvert à Rotterdam
L’histoire : Ernst Mo travaille pour le service de messagerie Delivery Dancer. Chaque jour, elle transporte un flot ininterrompu de colis, suivant des itinéraires générés par des algorithmes à travers un Séoul labyrinthique. Après avoir rencontré une version alternative d’elle-même, sa réalité commence lentement à se fissurer.
Pourquoi on l’aime : Sélectionné en première mondiale à Rotterdam, puis présenté dans une installation augmentée et multi-écrans dans le cadre de la prestigieuse foire d’art contemporain londonienne Frieze, cet entêtant dédale numérique propose une étrange chorégraphie, frénétique et rêveuse à la fois, entre cinéma social et science-fiction.
• Electra | Daria Kashcheeva (Tchéquie)
Découvert à Cannes
L’histoire : Electra repense à son 10e anniversaire, mêlant souvenirs, rêves et fantasmes cachés. Notre mémoire n’est-elle qu’une fiction ? Ou un mythe ?
Pourquoi on l’aime : Déjà très remarquée avec son court métrage Daughter, la Tchèque Daria Kashcheeva impressionne avec ce nouveau film porté par un souffle extraordinaire et confectionné à partir de poupées. En se plongeant dans les souvenirs et traumas de sa jeune héroïne, Electra raconte l’apprentissage d’une jeune fille et les violences successives auxquelles elle est confrontée. Le résultat est étourdissant de talent.
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• Les Filles de feu (As filhas do fogo) | Pedro Costa (Portugal)
Découvert à Cannes
L’histoire : Trois jeunes sœurs sont séparées par l’éruption du grand Fogo. Mais elles chantent. Un jour on saura pourquoi on vit et pourquoi on souffre…
Pourquoi on l’aime : A la nuit permanente de Vitalina Varela succède le noir du paysage volcanique dans Les Filles du feu. Sombre et flamboyant, le nouveau court de Pedro Costa se distingue par la liberté de sa narration véhiculée autant par la musique (le film est chanté par ses trois interprètes) que par le dispositif formel (et la façon dont les images en triptyque communiquent ensemble). De l’élégie post-apo au décrochage documentaire, Les Filles du feu est un film d’une mélancolie et d’une beauté profondes.
• L’Heure bleue | Antoine Bonnet et Mathilde Loubes (France)
Découvert en ligne
L’histoire : Un orchestre joue sur la plage, la marée monte, le cycle de la nature est inévitable.
Pourquoi on l’aime : Comme dans le précédent film animé du tout jeune duo, Un diable dans la poche (sélectionné à la Berlinale 2019), on retrouve dans cette vignette poétique une alliance élégante entre un trait faussement naïf et un récit proche du morbide. Commissionné par l’Opéra de Paris, le film est visible en intégralité sur la page YouTube de l’institution.
• Jill, Uncredited | Anthony Ing (Royaume-Uni)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : Au début, vous ne la remarquez même pas, elle est juste là parmi les autres. Mais, petit à petit, vous commencez à prendre conscience d’elle et de sa présence spéciale. En tant que figurante, Jill Goldston a travaillé sur d’innombrables films. Ce collage de cinquante ans d’Histoire du cinéma et de la télévision lui rend hommage.
Pourquoi on l’aime : C’est d’abord une idée géniale – Jill, Uncredited est un montage de 1001 apparitions d’une figurante à l’écran. Le temps d’un arrêt sur image ou d’un ralenti, l’œil d’Ing s’attarde sur elle. Mais est-elle une simple figurante, ou un fantôme omniprésent ? Un même personnage qui traverse l’Histoire du cinéma ? Est-elle juste… elle-même, une femme restée au second plan toute sa vie ? Le résultat est aussi ludique que profondément émouvant.
Visible sur Mubi
• The Miracle | Nienke Deutz (Pays-Bas)
Découvert à Annecy
L’histoire : Irma, passe quelque temps dans un village vacances où tout se doit d’être parfait. Mais ce lieu censé répondre à tous les désirs n’est-il pas un catalyseur de déceptions et frustrations ?
Pourquoi on l’aime : La cinéaste mêle animation en 2D et stop-motion, tout en utilisant à nouveau la technique de transparence qui faisait déjà merveille sur Bloeistraat 11. Le résultat traduit avec finesse la solitude de son héroïne, dépeinte avec un mélange émouvant de chaleur et d’amertume.
Visible sur le site d’Arte
• Sunshine State | Steve McQueen (Royaume-Uni)
Découvert à Rotterdam
L’histoire : Steve McQueen monte en parallèle le souvenir d’une agression raciste vécue par son père et des images du film de 1927 Le Chanteur de jazz, passées à l’envers et en négatif, et où le visage du héros grimé en blackface est numériquement rendu invisible.
Pourquoi on l’aime : Spécialement commandité par le Festival de Rotterdam pour sa 52e édition, ce court métrage présenté sous la forme d’une installation vidéo multi-écrans offre une saisissante expérience au spectateur. Entre conventions classiques du cinéma narratif et radicalité du dispositif contemporain, entre l’Histoire officielle et l’Histoire cachée. Le résultat est saisissant.
• Un genre de testament | Stephen Vuillemin (France)
Découvert à la Berlinale
L’histoire : Une jeune femme découvre des films d’animation sur Internet qui ont visiblement été créés à partir de ses propres selfies. Ceux-ci ont été conçus par une mystérieuse homonyme. L’image de la jeune femme y a été utilisée pour des visions poétiques et morbides.
Pourquoi on l’aime : Des fleurs, du rose, du jaune et du rouge rayonnants, mais on sent pourtant une menace qui vibre, un malaise derrière la musique synthétique et les premières images d’Un genre de testament. Les films animés commentés par la narratrice, sont-ils un danger ? Une prophétie ? L’expression d’un dédoublement ? Ce film incroyable est peuplé de visions aussi violentes que perturbantes.
• The Waves (Pado) | Joung Yumi (Corée du Sud)
Découvert à Locarno
L’histoire : Les vagues vont et viennent sur une plage vide. Différentes personnes, des enfants aux personnes âgées, apparaissent une à une sur la plage. Au rythme des vagues, chacune répète ses propres actions.
Pourquoi on l’aime : Déjà présente dans notre liste des meilleurs courts de 2022 avec House of Existence, la cinéaste coréenne Yumi Joung utilise à nouveau un crayonné minimaliste pour transformer un lieu anonyme en espace mental énigmatique. Happé par la cadence berçante des vagues (celles du Styx ?), un groupe de personnages se retrouve comme prisonniers d’une boucle sans fin.
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Berlinale 2023 : nos 10 courts métrages préférés
Cannes 2023 : nos 10 courts métrages préférés
Locarno 2023 : nos 10 courts métrages préférés
Dossier 2022 : les 12 meilleurs courts métrages de l’année
Dossier réalisé par Gregory Coutaut & Nicolas Bardot le 18 décembre 2023.
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