Festival de Cannes 2023 : nos 10 courts métrages préférés

La 76e édition du Festival de Cannes s’est achevée ce weekend et vous avez pu la suivre quotidiennement sur Le Polyester. Nous vous proposons un tour d’horizon de 10 coups de cœur parmi les courts métrages sélectionnés cette année au festival.



• 27, Flóra Anna Buda (Hongrie, compétition officielle)
L’histoire : Alice a 27 ans aujourd’hui. Même si elle étouffe un peu, elle vit toujours chez ses parents et a tendance à vivre dans ses rêves pour échapper à son morne quotidien. Après une fête psychédélique sur un toit d’usine, elle a un grave accident de vélo en état d’ébriété.
Pourquoi on l’aime : Couronné par la Palme d’or du meilleur court métrage, 27 raconte la tentative d’émancipation de son héroïne. Mis en scène et raconté avec virtuosité, mêlant talentueusement rêve et réalité, 27 est baigné de couleurs fortes et installe un fascinant climat d’étrangeté. Ce sont onze minutes de beautés et d’inventivité rayonnantes.



• Dans la tête un orage, Clément Pérot (France, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : Un après-midi de fin d’été dans une cité de la banlieue de Calais, tout au nord de la France. Des enfants et adolescents tuent le temps en bas des tours. Les visages sont souvent silencieux, déjà parfois marqués ou soucieux. Autour d’eux, de grands pans de ciels et d’herbes folles.
Pourquoi on l’aime : Grâce à son attention apportée au son et l’importance qu’il accorde au hors champ, le Français Clément Pérot déjoue avec subtilité certains clichés du cinéma documentaire. Dans la tête un orage parvient à raconter un lieu et ses habitants, un été et son ennui, par ce qu’il n’articule pas et ce qu’il laisse librement circuler à l’image.



• Electra, Daria Kashcheeva (Tchéquie, La Cinef)
L’histoire : Electra repense à son 10e anniversaire, mêlant souvenirs, rêves et fantasmes cachés. Notre mémoire n’est-elle qu’une fiction ? Ou un mythe ?
Pourquoi on l’aime : Déjà très remarquée avec son court métrage Daughter, la Tchèque Daria Kashcheeva impressionne avec ce nouveau film porté par un souffle extraordinaire et confectionné à partir de poupées. En se plongeant dans les souvenirs et traumas de sa jeune héroïne, Electra raconte l’apprentissage d’une jeune fille et les violences successives auxquelles elle est confrontée. Le résultat est étourdissant de talent.



• Les Filles du feu, Pedro Costa (Portugal, Séance spéciale)
L’histoire : Trois jeunes sœurs sont séparées par l’éruption du grand Fogo. Mais elles chantent. Un jour on saura pourquoi on vit et pourquoi on souffre…
Pourquoi on l’aime : A la nuit permanente de Vitalina Varela succède le noir du paysage volcanique dans Les Filles du feu. Sombre et flamboyant, le nouveau court de Pedro Costa se distingue par la liberté de sa narration véhiculée autant par la musique (le film est chanté par ses trois interprètes) que par le dispositif formel (et la façon dont les images en triptyque communiquent ensemble). De l’élégie post-apo au décrochage documentaire, Les Filles du feu est un film d’une mélancolie et d’une beauté profondes.



• I Promise You Paradise, Morad Mostafa (Egypte, Semaine de la Critique)
L’histoire : Après un violent accident, Eissa, un jeune migrant de 17 ans venu d’Afrique se bat contre la montre en Égypte pour sauver ses proches, peu importe le prix à payer.
Pourquoi on l’aime : Déjà repéré grâce ses multiples sélections au Festival de Clermont Ferrand, l’Egyptien Morad Mostafa fait preuve d’un talent remarquable pour mettre en scène le silence et le mystère. Son travail sur la lumière (qui peut parfois évoquer Pedro Costa) et son utilisation spectaculaire des décors font de I Promise You Paradise l’un des courts les plus accomplis visuellement de cette édition.



• Margarethe 89, Lucas Malbrun (France, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : Derniers jours de la RDA, en 1989. Margarethe est internée pour être membre de la communauté punk de Leipzig, dont les concerts ont lieu dans une église.
Pourquoi on l’aime : Le cinéaste Franco-Allemand Lucas Malbrun apporte une dynamique singulière dans ce film, où le contexte historique et les éléments dramatiques sont racontés avec des couleurs inattendues et une utilisation presque enfantine du feutre. Ce style, avec intelligence, privilégie la liberté pour dépeindre à la fois la contre-culture et une révolution en route.



• Oyu, Atsushi Hirai (Japon, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : C’est le dernier jour de l’année et la nuit tombe sur la petite ville de Toyama, au Japon. Un homme, venu récupérer un objet oublié aux bains publics, a encore un vieux ticket valide et se laisse tenter. Dans les vapeurs de l’eau chaude, des gestes et des conversations alentours, une toilette banale devient peu à peu un seuil existentiel.
Pourquoi on l’aime : En composant un récit minimaliste, le Japonais Atsushi Hirai laisse une place profonde aux sensations, dans la chaleur des bains publics comme dans le froid de la nuit. La minutie de son découpage et le travail remarquable sur l’environnement sonore font merveille dans ce court métrage si immersif qu’il donne le sentiment d’être regardé en réalité virtuelle.



• Pleure pas Gabriel, Mathilde Chavanne (France, Semaine de la Critique)
L’histoire : Gabriel va mal, le monde va mal, tout va mal. Heureusement, des fois, les âmes en peine s’aimantent. Ainsi Margot embarque dans la nuit de Gabriel.
Pourquoi on l’aime : Déjà remarquée avec le surprenant Simone est partie qui fut sélectionné à la Quinzaine, Mathilde Chavanne se distingue à nouveau avec ce court métrage visuellement soigné, qui sait être triste et drôle, fantaisiste et politique. Un séduisant mélange de tons dans lequel brille notamment son acteur principal, Dimitri Doré.



• La Saison pourpre, Clémence Bouchereau (France, Semaine de la Critique)
L’histoire : Aux abords d’une mangrove, un groupe de filles vit au rythme du climat et des oies sauvages alentours. Elles s’observent vivre et grandir à des âges différents. Le temps passe, des tensions naissent et des rivalités s’installent.
Pourquoi on l’aime : Mention spéciale aux Prix Unifrance, La Saison pourpre s’appuie sur une technique d’animation plutôt singulière qui sert au mieux son intrigant mystère. Dépeint de manière à la fois douce et sauvage, ce rite de passage accorde une place précieuse au dépouillement et invite le public dans son univers déroutant et inédit.



• Talking to the River, Yue Pan (Chine, Quinzaine des Cinéastes)
L’histoire : Un petit garçon chinois est placé chez ses grands-parents, dans un village reculé, aux abords d’une rivière, où il joue et rêve la plupart du temps. Apprenant que sa mère absente attend un deuxième enfant, il connaît des crises de somnambulisme.
Pourquoi on l’aime : La Chinoise Yue Pan fait preuve d’un talent très prometteur dans ce court métrage poétique, où la mise en scène sensorielle et l’économie d’éléments dramatiques dessinent peu à peu un émouvant portrait familial. Le film se distingue notamment par sa description puissante de la nature, qui semble exprimer davantage ses sentiments que les protagonistes.


Nicolas Bardot & Gregory Coutaut

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