Entretien avec Antoine Bonnet & Mathilde Loubes

Sélectionné à la Berlinale, le court métrage Un diable dans la poche est un conte sur un groupe d’enfants qui, après avoir été témoins d’un crime, est forcé à garder le silence. Nous avons rencontré Antoine Bonnet et Mathilde Loubes, les deux jeunes réalisateurs de ce magnifique et mystérieux petit film doté d’un riche imaginaire visuel, et que vous pouvez découvrir en ligne cette semaine dans le cadre du Festival Côté Court.


Quel a été le point de départ de Un diable dans la poche ?

Le film est né de notre envie de réaliser un court métrage en duo et d’écrire un film poétique qui donne à réfléchir. On savait qu’on voulait raconter l’histoire d’un secret mais le récit s’est vraiment construit autour de plusieurs images qui nous hantaient : le cadavre rempli d’or, l’exécution des enfants, la trahison du chasseur. A partir de là, on a concentré l’intrigue sur le thème du libre-arbitre, un sujet qui nous questionne personnellement.

Pourquoi avez-vous choisi cette technique d’animation pour cette histoire en particulier ?

On adore les films qui créent une ambivalence entre le fond et la forme. On a donc essayé de créer des images douces, proches de l’illustration jeunesse qui contrastent avec le récit sombre et la fin dramatique du film. Notre envie était aussi de développer l’esthétique qu’on met en place en tant que duo de réalisateurs depuis notre dernière collaboration (cf. Annecy – Le Serpent Blanc, sur lequel nous étions en charge de la direction artistique). D’un côté purement technique, on a beaucoup plus d’affinités avec la 2D qui a donc été un choix évident.

Pouvez-vous nous parler de la place laissée à l’ellipse dans ce court récit ?

Avec ce film, on voulait s’approprier les codes du conte de fées. L’archétype de ce genre joue sur cette efficacité et les ellipses dans le récit sont très liées à l’univers du conte. Elles permettent de ne montrer que l’essentiel, le reste étant évoqué par la voix, le son, ou bien laissé à l’imaginaire du spectateur.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

On est tous les deux très sensibles à la rigueur et à l’humour des films de Yórgos Lánthimos ou Wes Anderson. On se retrouve aussi vraiment dans les œuvres des réalisateurs coréens Park Chan-wook et Bong Joon-ho. Enfin, impossible de ne pas citer Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault et toute l’œuvre des génies Isao Takahata et Hayao Miyazaki, des références absolues.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Hier, à la Berlinale ! Nous avons pu découvrir le court métrage The Kites de Seyed Payam Hosseini qui nous a beaucoup touchés, tant par le fond que par la forme. Au delà du festival, difficile de ne pas mentionner J’ai perdu mon corps. On suivait déjà beaucoup le travail de Jérémy Clapin et on était heureux de découvrir son premier long métrage. On a trouvé sa vision fraîche, intelligente, et extrêmement bien exécutée !

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 24 février 2020. Un grand merci à Luce Grosjean.

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