Festival Visions du Réel | Critique : Baby Queen

Opera Tang, drag queen singapourienne aux looks extravagants, fait beaucoup parler d’elle. Chroniquant ses performances élaborées autant que son intimité, notamment sa relation avec sa grand-mère, Baby Queen dresse le portrait tendre d’un personnage en construction, tout en dénonçant l’homophobie de la Cité-État à l’encontre des communautés LGBTQIA+.

Baby Queen
Singapour, 2022
De Lei Yuan Bin

Durée : 1h01

Sortie : –

Note :

PETITE REINE

Présenté au Festival Visions du Réel après sa sélection à Busan, Baby Queen est un film qui fait partie d’une série de documentaires consacrés à des voix marginalisées de Singapour et de l’Asie du sud-est. Le Singapourien Lei Yuan Bin fait ici le portrait d’Opera Tang, jeune drag queen encore en apprentissage (une « baby queen », donc) mais qui a déjà un point de vue net sur ses désirs et sa place dans la société.

Baby Queen débute par un vieux film familial, avec un garçonnet qu’on imagine être la personne derrière Opera. On voit une danse avec une poupée Cendrillon, plus tard une photo d’un bambin essayant les chaussures à talons (forcément) trop grandes de sa mère. Ces archétypes, Lei Yuan Bin les insère dans un portrait vivant qui se distingue par sa douceur. Le relation qu’Opera entretient avec sa grand-mère de 90 ans est racontée avec tendresse. Pourtant, l’absence des parents à l’image (seulement présents sur des photos d’un bonheur lointain) suggère également que tout n’est pas facile.

Baby Queen dépeint les questions d’Opera sur le genre et la façon dont le drag lui permet de les explorer. On constate sans surprise le poids familial, celui de la société. Mais c’est aussi un galvanisant récit d’émancipation dans lequel se forme une communauté : ce peut être la scène ballroom (avec notamment une apparition de la grande Vanda Miss Joaquim, lire notre entretien), ou l’activisme en groupe à Singapour. Le film, de facture classique, fait preuve d’une séduisante fraicheur à l’écoute d’Opera. Savoureux paradoxe : lorsqu’Opera est rattrapée par l’armée et doit faire son service, sa tenue de militaire ressemble autant à un déguisement… que ses scintillantes parures de drag.

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par Nicolas Bardot

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