Festival Cinélatino | Critique : La Práctica

Gustavo est un professeur de yoga argentin vivant au Chili. Alors qu’il se sépare de sa femme, il est contraint de cesser sa pratique du yoga à cause d’une blessure…

La Práctica
Argentine, 2023
De Martin Rejtman

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

CORPS ET ÂME

Gustavo traverse une mauvaise passe : après avoir rompu avec sa compagne, annulé son voyage avec elle en Inde et perdu son toit, le quinquagénaire s’est également blessé au genou. La blessure n’est, de manière assez évidente, pas qu’un simple problème physique dans La Práctica. L’Argentin Martín Rejtman, dont le précédent long métrage remonte à pratiquement dix ans (Dos disparos, sélectionné à Locarno), signe une comédie pince-sans-rire où pratiquement plus rien, cataclysmes personnels ou corps en vrac, ne fait réagir qui que ce soit.

La salle de yoga, de t-shirts en joggings, est parsemée de taches de couleurs vives. Pourtant la mise en scène est, elle, épurée, comme volontairement transparente. Ce parti-pris met en valeur l’absurdité épuisée de toute situation. Dans La Práctica, on peut bien chuter et disparaître sans s’en rendre compte, un tremblement de terre est accueilli dans le plus grand des calmes, tandis que le héros du film est un clown triste qui ne semble même pas au courant de sa propre dépression. Cette petite mélodie minimaliste possède un certain charme, entre fantaisie et mélancolie.

Sur la longueur, La Práctica fait néanmoins un pari risqué. Disputes et gags sont, avec succès, traités sur le même ton, l’écriture et la mise en scène choisissent plutôt la retenue et la soustraction… jusqu’à régulièrement flirter avec une trop grande légèreté, un manque de corps. C’est aussi l’élégance de ce récit où tout le monde est cassé sans en faire un drame. Le film est également rehaussé par la présence dans le rôle principal d’Esteban Bigliardi, qu’on a pu voir cette année en festivals dans Los Delincuentes de Rodrigo Moreno et La Sociedad de la Nieve de Juan Antonio Bayona et auparavant La Flor ou Meurs, monstre, meurs.

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par Nicolas Bardot

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