Critique : Amelia’s Children

Orphelin depuis sa naissance, Edward découvre à l’âge adulte qu’il a un jumeau et une mère qu’il ne connait pas. Avec sa petite amie Ryley, il part les rencontrer dans leur magnifique demeure isolée au cœur d’une région recluse. Les retrouvailles passées, le jeune couple se rend compte que les apparences sont trompeuses : la famille d’Edward cache un monstrueux secret. Leur visite va tourner au cauchemar…

Amelia’s Children
Portugal, 2023
De Gabriel Abrantes

Durée : 1h31

Sortie : 31/01/2024

Note :

MES TRÈS CHERS ENFANTS

Amelia’s Children n’est que le deuxième long métrage du cinéaste américano-portugais Gabriel Abrantes mais sa filmographie aux nombreux courts métrages a déjà traduit à maintes reprises son amour pour les différents visages du cinéma fantastique : rêveur dans Os humoras artifiais, ludique dans Diamantino, merveilleux dans Les Extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre, etc. Amelia’s Children est néanmoins son premier film d’horreur à proprement parler. Admirateur du genre, Abrantes dit avoir souhaité ici rendre hommage à certains de ses classiques préférés, en particulier ceux signés Dario Argento.

« On se croirait dans un conte de fées », voilà ce que se disent les américains Edward et Riley lorsqu’ils découvrent un manoir historique niché au cœur de la forêt portugaise. Riley a tenu à accompagner Edward de l’autre coté de l’océan après que celui-ci ait enfin retrouvé la trace de sa mère biologique et de son frère jumeau. Ces derniers vivent ici, de façon presque recluse, dans le confort de cette demeure hors du temps. Si leur accueil est chaleureux, Riley ne tarde pas à avoir l’impression que quelque chose cloche dans cette famille d’excentriques.

Jumeau maléfique, sorcière, château hanté et Américains perdus loin de la ville… on ne peut pas dire qu’Amelia’s Children rechigne à s’emparer des archétypes du cinéma d’horreur. Ces figures-là, Abrantes semble les admirer sagement plutôt que de chercher à les déconstruire, et ce respect des codes peut éventuellement avoir quelque chose de décevant pour qui attendrait forcément de la part du cinéaste l’exubérance d’un Diamantino 2. En effet, Amelia’s Children a beau appartenir à un genre considéré encore comme marginal, il s’agit peut-être du film le plus « classique » d’Abrantes. Amusant paradoxe.

Mais Amelia’s Children n’est pas si convenu que ça, et dévoile progressivement un sous-texte plus tordu qu’il n’y parait. A l’image de l’horrible visage ultra lifté de cette maman/marâtre (il faut se pincer pour se rappeler que sous ce maquillage digne de la Duchesse d’Albe, l’excellente actrice Anabela Moreira n’a que 47 ans), à l’image du jeu de plus en plus théâtral et outré de Carloto Cotta, le récit se nappe d’un petit vernis grotesque tout à fait sympathique et, disons-le, assez camp. Amelia’s Children ne cherche pas à réinventer la roue mais ce tour de train fantôme, qui nous explique que « le temps est une pute » et que le liens familiaux sont un cauchemar, est opéré avec le mauvais esprit qui convient.

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par Gregory Coutaut

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