Critique : Sick of Myself

Signe vit dans l’ombre de son petit ami Thomas, à qui tout réussit. En manque d’attention, elle décide de faire croire à son entourage qu’elle est atteinte d’une maladie rare. Mais le mensonge fonctionne un peu trop bien, et elle est vite prise à son propre piège.

Sick of Myself
Norvège, 2022
De Kristoffer Borgli

Durée : 1h35

Sortie : 31/05/2023

Note :

CA VA PAS LA TÊTE ?

Jeunes, beaux et intégrés dans le milieu branché de l’art contemporain norvégien, on aurait envie de dire que tout va bien pour Signe et Thomas. Sauf que quiconque passe quelques minutes en leur compagnie réalise que les piques qu’ils s’envoient mutuellement cachent mal un esprit de compétition féroce. Pas de chance pour Signe, c’est Thomas qui est au centre de l’attention quand les œuvres de ce dernier sont choisies pour êtres exposées dans une galerie connue. Dans un élan pathétique et tordu pour redorer son égo, elle tente d’abord de l’humilier en public, de lui voler la vedette en se mettant en scène dans des scénarios grotesques, jusqu’à ce qu’elle trouve l’idée en or : créer une œuvre encore plus puissante que celle de Thomas. Le problème, c’est que Signe ne sait rien faire.

Le cinéaste norvégien Kristoffer Borgli s’était fait remarquer en 2017 avec son premier long métrage, DRIB, un inclassable vrai/faux documentaire. Sick of Myself est une fiction obéissant au genre familier de la comédie, mais son ton est décalé. Son mordant lui donne par moments des airs de réjouissant antidote aux comédies américaines lisses aux fausses névroses cool, quitte à lorgner vers le body horror. Signe va faire de son propre corps une performance, ingurgitant en cachette des produits dangereux jusqu’à développer une impressionnante maladie de peau, jusqu’à se transformer en monstre boursouflé.

L’actrice Kristine Kujath Thorp (Ninjababy) va au charbon et investit avec charisme la nonchalance adolescente et la folie de son personnage. Sur la longueur, Borgli ne fait hélas pas toujours preuve du même sens de l’équilibre. Suivant Signe dans ses délires de fausse martyre (Signe fantasme son propre enterrement, sa vengeance, sa gloire modeste…), le scénario de Sick of Myself possède plus d’une idée hilarante, mais chacune d’entre elles est illustrée, répétée, surlignée par la mise en scène jusqu’à la lourdeur. Le résultat n’est pas dénué de tension mais on finit par se poser des questions à voir le cinéaste participer ainsi à l’humiliation de son personnage.

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par Gregory Coutaut

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