Entretien avec Park Jae-bom

Krisha et le maître de la forêt, a été l’une des révélations récentes du Festival de Busan. Ce film d’animation en stop-motion raconte les aventures d’une jeune héroïne vivant dans la toundra et dont la mère est gravement malade. Krisha et le maître de la forêt est conte initiatique d’une richesse visuelle remarquable, à découvrir le 17 janvier 2024 en salles. Son réalisateur Park Jae-bom est notre invité.


Quel a été le point de depart de Krisha et le maître de la forêt ?

Quand j’avais 20 ans, j’ai eu un sentiment fort après avoir regardé le documentaire The Last Tundra, réalisé pour la SBS (chaine de télévision coréenne, ndlr). Voir ces gens mangeant de la chair crue de renne, c’était quelque chose de pur, fort et beau. À cela s’ajoutent des souvenirs personnels. Quand j’avais 5 ans, ma mère était malade alors que mon père était en voyage d’affaires à l’étranger pendant environ un an. Le souvenir de la peur que j’ai ressentie pour la première fois à ce moment-là reste clair. C’est comme quelques souvenirs de ma vie réunis. Dès lors, Krisha et le maître de la forêt est né.



Votre utilisation de la lumière et des couleurs est très impressionnante, pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Le plus grand intérêt de l’animation en stop motion, c’est l’importance capitale de la lumière dans la confection des images. Je l’aime pour ça. La lumière évoque de nombreuses expériences et des sentiments primitifs. Dans Krisha et le maître de la forêt, j’espérais que le temps, l’espace et les émotions des personnages en constante évolution seraient transmis avant tout visuellement. Dans le film, la lumière émeraude de l’aurore est une métaphore très importante, qui brouille la frontière entre le rêve et la réalité.



Dans quelle mesure diriez-vous que l’artifice (des poupées, des maquettes) est un outil qui stimule l’imagination ?

Quand j’ai décidé de faire une animation en stop motion, j’ai décidé d’une chose : « filmons de vrais objets, sans utiliser d’images de synthèse ». Notre camera Aurora nous a offert de nombreuses possibilités techniques. L’un des attraits du stop motion, c’est que les objets familiers semblent tout à coup inconnus ou nouveaux. S’il n’y avait pas de tels atouts, serait-il vraiment nécessaire de se donner autant de mal avec ces méthodes plutôt que de choisir des images générées par ordinateur ?



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Bong Joon-ho. C’est un génie, un pur cinéphile, un grand modèle et un artiste majeur. C’est un cinéaste qui m’a fait réaliser ce que signifie regarder le monde à travers les films. C’est un honneur que d’être son contemporain.



Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de différent, de découvrir un nouveau talent ?

C’était quand j’ai fait le court métrage d’animation Big Fish, en 2015. C’est vraiment la première fois où je me suis dit “je veux faire de l’animation dans le futur”. Le monde dans lequel je vivais alors me semblait trop petit. Et je me demandais également quelles choses encore inconnues je pourrais créer avec d’autres artistes.



Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 30 novembre 2022. Un grand merci à Kim Heeyoung. Source portrait.

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