Berlinale | Critique : Tu me abrasas

Le film adapte Écume d’onde, un chapitre des Dialogues avec Leucò de Cesare Pavese (dans lequel la poétesse grecque Sappho et la nymphe Britomartis parlent du désir et de la mort), imaginant aussi ses notes de bas de page et ses digressions potentielles.

Tu me abrasas
Argentine, 2024
De Matías Piñeiro

Durée : 1h04

Sortie : –

Note :

A QUOI ÇA RIME

Tu me abrasas, nouveau long métrage de l’Argentin Matías Piñeiro dévoilé à la Berlinale en compétition Encounters, est une nouvelle fois ancré dans la littérature. C’était, récemment, le cas de son long métrage Isabella (lui aussi sélectionné à la Berlinale en 2020) qui évoquait la pièce Mesure pour mesure de Shakespeare, Shakespeare qui était également derrière le superbe court métrage Sycorax (co-réalisé avec l’Espagnol Loïs Patino et montré à la Quinzaine en 2021) où il était question de La Tempête. Tu me abrasas est lui librement adapté de Dialogues avec Leuco de l’Italien Cesare Pavese, ou plus particulièrement d’un chapitre de l’ouvrage, voire également de ses notes de bas de pages ou de ce qui peut se trouver entre les lignes.

Un exercice très libre donc, avec la liberté d’invoquer la poésie de Sappho et de se jouer des frontières, de Turin à la Grèce. Au tout début de Tu me abrasas, des mots sont répétés comme un mantra, et correspondent chacun à une image. Comment traduire visuellement la poésie ? Cet exercice semble d’abord ludique et séduisant. Tu me abrasas est visuellement soigné, avec quelques ravissantes idées. Las, le dispositif très raide du long métrage finit, à nos yeux, par le contaminer.

L’utilisation abondante de la voix-off finit selon nous par ôter à Tu me abrasas tout dynamisme. C’est un film pourtant court (à peine plus d’une heure), mais la générosité visuelle est plutôt contredite par l’aridité sentencieuse du ton. Si le cinéaste est argentin, le film nous a plutôt évoqué une certaine radicalité à la portugaise, ce qui n’est évidemment pas un défaut. Mais l’exercice poétique de Tu me abrasas nous a paru particulièrement opaque, avec un aspect cinéma hypokhâgne un rien agaçant.

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par Nicolas Bardot

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