Critique : La Mémoire éternelle

Augusto Góngora, journaliste chilien et grand chroniqueur des crimes du régime Pinochet, et Paulina Urrutia, actrice, activiste et politicienne, forment un couple amoureux et soudé depuis plus de 20 ans. Il y a 8 ans, on lui a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer. C’est l’histoire du dévouement chaleureux et intransigeant de Paulina et de la lutte acharnée d’Augusto pour conserver son identité et surtout un témoignage profondément émouvant de leur amour.

La Mémoire éternelle
Chili, 2023
De Maite Alberdi

Durée : 1h25

Sortie : 08/05/2024

Note :

ESPACE EN MEMOIRE

Produit par Pablo Larraín, La Mémoire éternelle est le nouveau documentaire de la réalisatrice chilienne Maite Alberdi. C’est déjà à Sundance que la cinéaste s’était fait remarquer il y a trois ans avec son précédent film, le ludique The Mole Agent, qui fut nommé à l’Oscar du meilleur documentaire. Le protagoniste de La Mémoire éternelle est à nouveau un homme âgé : Augusto, ancien présentateur du journal télévisé et vivant avec la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années. Alberdi filme le quotidien d’Augusto de ce dernier auprès de son épouse, qui fait aussi office d’infirmière à domicile et coach pour chaque tâche quotidienne.

Un sujet si lourd aurait pu faire flancher le film tout entier mais celui-ci surprend justement par un ton étonnamment doux et dédramatisant. Dans ces scènes glanées au cœur de l’intimité du couple, et qu’on devine captées sur une longue période de temps, l’humeur est presque tout le temps aux chansons sentimentales et aux sourires, même au moment de parler de la mort. Là encore, Maite Alberdi montre que la vieillesse n’empêche pas d’être emporté par la fantaisie ou l’affection. La perte progressive de mémoire non plus.

Outre son travail de journaliste qui l’a en en quelque sorte conduit à se faire le reflet d’une nouvelle conscience collective au moment de la révolution (un parallèle qui aurait mérité encore plus d’attention), Augusto a aussi brièvement joué chez Raul Ruiz. Il interprétait un mort pas vraiment mort et qui continuait à se parler à lui-même à cheval entre son monde et l’au-delà. A l’exception de cette scène amusante, La Mémoire éternelle suit une structure nettement plus familière que les jeux de miroirs entre documentaire et fiction de The Mole Agent. Le résultat est plus classique que prévu, mais aussi plus directement émouvant.

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par Gregory Coutaut

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