Festival des 3 Continents | Critique : L’Hiver intérieur

A Srinagar, capitale d’hiver du Cachemire en Inde, Nargis est employée de maison d’une famille aisée. Elle recherche en vain son mari disparu, qu’elle espère détenu dans un camp militaire. Licenciée par sa patronne, elle retourne dans son village niché dans les montagnes.

L’Hiver intérieur
Inde, 2022
De Aamir Bashir

Durée : 1h39

Sortie : –

Note :

NEIGES ETERNELLES

C’est un hiver intérieur que suggère le titre international du second long métrage réalisé par l’Indien Aamir Bashir. Mais l’hiver, dépeint de manière dramatique, est bien là à l’image dans ce film qui fait sa première mondiale en compétition à Busan. Le sens du cadre et l’accord subtil des couleurs sautent aux yeux et L’Hiver intérieur nous rappelle la vivacité de la cinématographie de ce pays-continent qu’est l’Inde. La narration chez Bashir passe autant si ce n’est plus par l’image que par l’écriture et c’est un talent à reconnaître.

L’histoire racontée par le cinéaste s’inspire de faits observés en Inde ces trois dernières décennies, avec les disparitions et exécutions d’environ dix mille personnes, la plupart du temps des jeunes hommes rebelles. Le film dépeint en creux la situation au Cachemir et celle des Cachemiris. Mais même si le film montre des vidéos de femmes qui se trouvent le même cas que la malheureuse héroïne Nargis (remarquable Zoya Hussain, vue entre autres chez Anurag Kashyap), celle-ci doit parcourir son labyrinthe dans la solitude.

Nargis attend que son mari enlevé resurgisse. Elle est à la recherche d’une trace, peut-être d’un spectre, et la tension fantastique est l’une des pistes avec laquelle le long métrage flirte. L’intransigeance de L’Hiver intérieur n’est pas un défaut – sa pesanteur l’est un peu plus. Mais il témoigne avec force d’une violence inconcevable, filmée hors cadre même lorsqu’on la raconte. Bashir fait également preuve d’habileté narrative dans ce basculement inattendu, voyant son héroïne en recherche finalement hantée et poursuivie.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article