Festival d’Antalya | Critique : Snow and the Bear

Une jeune infirmière travaillant dans un village turc isolé doit puiser en elle pour découvrir si elle a ce qu’il faut pour survivre dans des conditions difficiles.

Snow and the Bear
Turquie, 2022
De Selcen Ergun

Durée : 1h33

Sortie : –

Note :

BLANCHE COMME NEIGE

Snow and the Bear a beau avoir un titre sorti d’un conte (fait-il y voir un presque clin d’œil à Blanche Neige ?) et le décor qui va avec (une forêt sous la neige), le ton n’est pas à l’émerveillement pour Asli, qui débarque dans le film en se perdant en voiture. Guidée par un sympathique villageois, elle arrive finalement à bon port dans un coin de Turquie sauvage pour exercer son métier d’infirmière. L’accueil est chaleureux, mais difficile de s’émerveiller quand les mentalités semblent être endormies, comme ensevelies par la couche de neige qui recouvre l’horizon.

On promet à Asli que si elle reste jusqu’à la fonte des neiges, elle pourra enfin vraiment voir le paradis censé se cacher sous le manteau blanc. Mais on ne lui cache pas non plus qu’ici, l’hiver semble ne jamais avoir de fin. La réalisatrice Selcen Ergun a placé en ouverture de son film une dédicace « à tous ceux qui espèrent la fin de l’interminable hiver » et au Festival d’Antalya, où le film était projeté en compétition (après sa première à Toronto), le public a chaleureusement accueilli ce message politique. Même chose pour les discrets piments d’impolitesse morale (l’héroïne a peut être tué par mégarde un agresseur haï de tous : a-t-elle tant de remord que ça ?) parsemés çà et là.

Snow and the Bear possède un point de départ narratif similaire à celui de Burning Days (également en compétition à Antalya) : un.e protagoniste idéaliste arrivé dans un village régi par des tensions secrètes, et va malgré lui/elle se retrouver mêlé.e à un sombre scandale, l’obligeant à assumer publiquement ses convictions. Le chemin suivi par Ergun est plus sage que celui d’Alper, mais la réalisatrice mène rondement son affaire. Snow and the Bear est un parfait exemple de l’aisance avec laquelle les cinéastes turcs savent tricoter des drames humains tendus à coups de dilemmes moraux et de paraboles. Ce nouveau chapitre ne cherche pas à réinventer la roue, et celle-ci tourne ici en effet avec le succès convenu et attendu.

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par Gregory Coutaut

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