Festival d’Antalya | Critique : RSVP (Please Respond)

Une heure avant leur cérémonie de mariage, Ceren et Semih se trouvent en pleine remise en question suite aux révélations de Mert, leur garçon d’honneur.

RSVP (Please Respond)
Turquie, 2022
De İsmet Kurtuluş & Kaan Arıcı

Durée : 1h10

Sortie : –

Note :

LE MARIAGE DE MON MEILLEUR AMI

Unité de lieu (une chambre d’hôtel), de temps (d’une durée d’1h10, le film se passe en temps réel) et de personnages (3 et pas un de plus : le marié, la mariée et le témoin) : RSVP assume sans tricher son côté théâtral. Le film débute comme on allume la mèche d’une dynamite, avec les ultimes préparatifs faits dans la précipitation, mais les huis-clos existent aussi bien dans le théâtre de boulevard que chez Jean-Paul Sartre, et le ton sur lequel va se faire l’explosion à venir demeure un petit mystère pendant un certain temps. De même qu’on ignore la nature exacte de la révélation qui va servir de détonateur, même si la dimension queer est décelable d’emblée pour les observateurs concernés.

Des révélations, il y en aura plusieurs, traitées tantôt comme des coups de théâtre ou des coups de massues. RSVP (Please Repond) contrebalance la modestie de sa mise en scène par la volonté de changer de ton à plusieurs reprises. L’entreprise est louable mais les pirouettes farcesques à coups de stéréotypes et de cris hystériques ne sont pas toujours les plus pertinentes. Sur ce point, il faut néanmoins souligner avec soulagement que les personnages queer ne sont traités ni moins bien ni différemment que les hétéros, bien vu.

Plutôt que ces scènes de ménage à la psychologie fantaisiste, qui donnent l’impression que le rire se ferait presque au dépend des protagonistes, ce sont les scènes où le film s’offre le culot de ne pas chercher à être drôle qui apportent un relief inattendu. Les masques de clowns grimaçants tombent peut-être de façon arbitraire, mais ils permettent aux personnages de conserver leur dignité jusqu’au dénouement. Ce qui, dans le cadre d’une comédie, n’avait rien de gagné, et ce qui dans le cadre de la production turque où les métaphores et euphémismes sont souvent les seules représentations existantes, est d’un progressisme bienvenu.

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par Gregory Coutaut

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