Mostra de Venise | Critique : Photophobia

Par une froide matinée de février, Niki, 12 ans, et sa famille arrivent à la station de métro de Kharkiv pour s’abriter de la guerre qui fait rage en Ukraine. La lumière du jour étant synonyme de danger, le garçon n’est pas autorisé à quitter l’enceinte de la station et est contraint de vivre sous la lumière des néons. Alors qu’il erre sans but parmi les wagons abandonnés et les quais occupés, Niki rencontre Vika, 11 ans, et un nouveau monde s’ouvre à lui.

Photophobia
Slovaquie, 2023
De Ivan Ostrochovský & Pavol Pekarčík

Durée : 1h11

Sortie : –

Note :

NOSTALGIE DE LA LUMIÈRE

Est-ce un orage tonitruant que l’on entend au début de Photophobia ? Des bombes, des explosions ? Le premier plan fixe dévoile finalement des activités ouvrières qui reprennent. Où se situe-t-on dans Photophobia ? Il n’y a pas de nette contextualisation mais on devine vite où peut se trouver ce monde souterrain avec des familles qui occupent les espaces habituellement dédiés au métro, afin de se protéger d’un danger à la surface. C’est l’heure du couvre-feu et la caméra s’immerge dans cette micro-société reconstituée, avec ses simili-galeries commerciales et ses coups de fils passés sur les rails.

Les Slovaques Ivan Ostrochovský (dont on a pu voir, dans un registre très différent, le brillant drame historique Les Séminaristes) et Pavol Pekarčík signent un film dont la valeur de témoignage est précieuse, mêlant fiction et documentaire. Ostrochovský et Pekarčík racontent la vie qui, de manière aussi banale qu’étrange, continue. Photophobia parvient à dépeindre la violence qui reste hors champ, mais qui parvient jusqu’aux personnes par le son et les conversations téléphoniques. Les films familiaux que l’on voit durant le long métrage semble à la fois si loin et si proches.

Présenté en première mondiale à la Mostra de Venise dans le cadre de la sélection Giornate degli autori, ce journal de guerre peut, dans ses moments plus faibles, flirter avec un sentimentalisme pittoresque assez maladroit, comme lorsqu’on filme des gamins courant dans les wagons tandis qu’un vieux sage chante à la guitare. « Comme si on ne souffrait pas déjà assez », lui adresse, de manière assez savoureuse, un voisin moqueur. Puis les vibrations des bombes reprennent. Les lignes de métro au mur composent une singulière carte du monde. Un soleil semble prêt à se lever dans cette chronique urgente et puissante.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article