Festival de Cannes | Critique : Le Livre des solutions

Marc s’enfuit avec toute son équipe dans un petit village des Cévennes pour finir son film chez sa tante Denise. Sur place, sa créativité se manifeste par un million d’idées qui le plongent dans un drôle de chaos. Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions, un guide de conseils pratiques qui pourrait bien être la solution à tous ses problèmes…

Le Livre des solutions
France, 2023
De Michel Gondry

Durée : 1h42

Sortie : prochainement

Note :

QUOI DE NEUF DOCTEUR ?

Clips ou courts métrages, Michel Gondry n’a pas vraiment cessé de tourner ces dernières années, mais le fait que son précédent long métrage de cinéma remonte déjà à 2015 explique néanmoins le sentiment qu’il avait comme qui dirait disparu. On retrouve pourtant le cinéaste tel qu’on l’avait quitté : dans le facétie franco-bricolo de la cabane à roulettes des jeunes héros de Microbe et Gasoil. Marc, le protagoniste du Livre des solutions, n’a d’adulte que l’apparence. Incapable lui aussi de rester en place, sa solution à chaque problème qu’il rencontre ou provoque semble être la fabrication d’un adorable gadget ou l’invention d’un plan irrésistiblement idiot.

Par son énergie mal canalisée et carrément irresponsable, Marc le cinéaste en difficulté afflige son entourage familial comme professionnel. Face à une énième idée à la gomme et supposément jamais vue, sa monteuse pince-sans-rire lui répond « si c’est du jamais vu, c’est peut-être justement parce que c’est pas une bonne idée ». La réplique ne manque pas d’ironie dans le cadre d’un film au charme familier qui n’apporte justement pas beaucoup de nouveauté à la formule à succès nostalgique de Gondry. Si Microbe et Gasoil était un road movie de poche, Le Livre des solutions est plutôt un retour au sage bercail pour le cinéaste.

La recette fonctionne encore, comme le montrent la scène où Pierre Niney dirige un orchestre à coups de gesticulations, ou celle où Françoise Lebrun se lance dans un tuto cuisine chaotique. Le charme est là (notamment grâce aux interprètes), mais quoi de neuf docteur ? Le spectre d’une dépression carabinée plane au-dessus de Marc et la piste inattendue d’un autoportrait malade et malaisant par un cinéaste au bout du rouleau aurait gagné à être pleinement embrassée plutôt que de tenter à tout prix des pirouettes amusantes. On a l’impression qu’à l’image de son protagoniste au sourire trop crispé pour convaincre, le film est lui-même dans une sorte de déni de sa propre noirceur. Mignon et déprimé à la fois, le résultat est d’une curieuse ambivalence.

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par Gregory Coutaut

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