Critique : Le Château solitaire dans le miroir

Kokoro, une jeune fille en première année de collège, fait l’école buissonnière à cause des mauvais traitements que lui réservent ses camarades de classe. Un jour de mai, alors qu’elle reste enfermée dans sa chambre, elle rencontre six collégiens dans une situation similaire à la sienne, dans un château dans le miroir de sa chambre. Des aventures à leurs côtés l’attendent.

Le Château solitaire dans le miroir
Japon, 2022
De Keiichi Hara

Durée : 1h56

Sortie : 13/09/2023

Note :

LA PSYCHOLOGIE DES CONTES DE FÉES

Dans la première scène du Château solitaire dans le miroir, la jeune héroïne Kokoro est blottie sous la couette, le sourire aux lèvres à l’idée qu’on lui raconte l’histoire du Petit chaperon rouge. En dehors de son sommier douillet, le monde n’est pourtant pas un lit de roses pour Kokoro, qui subit quotidiennement les moqueries haineuses des filles de sa classe. Comme si son imagination ne suffisait plus à lui servir de refuge, voilà que le miroir de sa chambre se met à l’appeler, la mettant au défi de passer de l’autre coté.

Et que trouve cette Alice de l’autre coté du miroir ? Un château perdu dans les nuages, où l’attendent quelques collégiens aussi timides qu’elle, ainsi qu’un chaperon-louve qui les invite à chercher une clé cachée dans le manoir, en échange d’un vœu. Cette rapide mise en place ne perd pas de temps pour faire la promesse d’une exaltante exploration d’un monde imaginaire, et pourtant le Château solitaire dans le miroir se paye le culot de partir presque dans la direction inverse. L’histoire que va devoir entendre Kokoro n’est pas un simple conte de fées, et c’est la même chose pour nous spectateurs.

Le nouveau long métrage du cinéaste japonais Keiichi Hara (Un été avec Coo, Colorful, Miss Hokusai…) est adapté du roman à succès de l’autrice Mizuki Tsujimura. Difficile de dire à quelle étape du travail d’adaptation le récit a pris la structure étonnante qu’il possède au final : au lieu du gigantesque jeu attendu, Le Château solitaire fait du surplace à coup de bavardages, tournant en rond avant un spectaculaire dernier acte en forme de sprint final où les coups de théâtres et révélations s’enchainent en accéléré de façon presque camp.

Cette manière de privilégier le verbe à l’action est frustrante dans sa manière de ne pas suffisamment exploiter les décors, mais fait sens à mesure que se dévoile (de façon certes un peu chaotique) le véritable sujet du film, dont la gravité inattendue vient apporter une dimension supplémentaire au film. Si les contes classiques sont tous des métaphores de peurs enfantines inexprimables, ce château solitaire est comme un safe space prêt à accueillir la thérapie de groupe de ces adolescents en difficulté. Sur ce point, le film peut d’ailleurs se voir comme un complément au poignant Monster de Kore-Eda qui vient d’être doublement primé à Cannes.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article