Critique : La Vénus d’argent

Jeanne a 24 ans. Elle vit dans une caserne en banlieue avec son père gendarme, son petit frère et sa petite sœur. Elle a fait le pari de réussir sa vie dans le monde de la finance. Pas pour la gloire ou le luxe, mais parce que c’est le moyen qu’elle a trouvé pour gagner sa liberté.

La Vénus d’argent
France, 2023
De Héléna Klotz

Durée : 1h35

Sortie : 22/11/2023

Note :

ARGENT AMER

La Française Héléna Klotz a été révélée il y a une dizaine d’années avec le très beau L’Âge atomique, qui racontait une nuit poétique dans un Paris filmé avec personnalité. Plus récemment, elle s’est distinguée avec Amour Océan, un moyen métrage tendre et romanesque. Son nouveau long métrage, La Vénus d’argent (présenté en première mondiale dans la compétition du Festival de Toronto), s’inscrit dans une tonalité assez différente, malgré ce début à moto, dans un tunnel traversé au son d’une musique rêveuse. Un cut brut sur une blessure nous emmène dans un univers moins ouaté que dans les précédentes œuvres de la cinéaste.

Le personnage principal de La Vénus d’argent, interprété de manière très convaincante par Claire Pommet (plus connue sous son nom de chanteuse, Pomme), est prometteur. Jeanne est une personne hors des normes de genre, ce qui reste assez rare dans le cinéma français. Celle-ci est filmée comme une super héroïne, si bien qu’elle ne semble pas appartenir au même genre humain que les personnes autour d’elle. Cela est accentué par la forme pop du film, et notamment son travail sur les couleurs.

Le film est malheureusement trop avare à nos yeux. Les dialogues sont raides et explicatifs, les seconds rôles semblent bien creux en comparaison (Niels Schneider et Anna Mouglalis paraissent jouer dans un autre film). Le monde de la finance dépeint dans La Vénus d’argent n’est déjà pas un univers particulièrement fascinant, et le long métrage perd peu à peu en tension et en mystère. Il devient, comme beaucoup trop de films français, un film de plus sur le monde du travail, tandis que toute la dimension queer de Jeanne s’avère finalement moins révolutionnaire qu’initialement espéré. Une scène proche du dénouement (un échange tendu autour d’une table) ravive la flamme d’un long métrage qui reste toujours élégant, mais l’ensemble nous a paru trop bancal.

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par Nicolas Bardot

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